ON n’a pas besoin d’être un stratège ni un analyste politique pour deviner et savoir que c’est Netanyahu qui verse cette huile sur le feu et en rajoute. Son but est avéré, déclaré même, les preuves de son acte sont tangibles, ses motifs sont évidents. Son but : écraser les infrastructures de Rafah, tuer les hommes, bref commettre un carnage qui rendrait la ville inhabitable, la dernière où se sont réfugiés les Gazaouis chassés du nord, et faire d’elle, tout comme il l’a fait au nord à Gaza et à Khan Younès, un no man’s land.
Les preuves de cet acte immonde ? Le coordinateur des Nations unies est ulcéré par le blocage des convois d’aide humanitaire, ce qui va affamer davantage la population; laquelle, on ne le sait que trop, vit dans des abris de fortune, sans nourriture, sans eau ni médicaments, des denrées rares qui se raréfient encore. Aux dernières nouvelles, à l’hôpital Nasser (comme à l’hôpital Al-Shifa, il y a deux mois), les malades ont été arrachés de leurs lits, y compris ceux en soins intensifs et de néonatalogie, tassés à l’intérieur d’un vieux pavillon désaffecté. La plupart des médecins ont été non seulement arrêtés mais aussi torturés et violentés et, pour étouffer l’information, l’électricité et l’Internet ont été coupés. Mais l’information respire, il y a des reporters de guerre qui, au risque de leur vie, essaient de percer le brouillard de la vérité pour la capter et la diffuser. Citons dans la foulée un chiffre : en 2023, les trois quarts des reporters tués dans le monde l’ont été à Gaza ! Ce qui en dit long sur le rapport de l’armée israélienne avec les journalistes.
Une infirmière urgentiste française, Imane Mâaroufi, opérant au sein d’une mission d’ONG, est revenue ulcérée ; son témoignage (FR5), donne froid dans le dos et mal au cœur. Une journée banale pour elle, c’est la peur la nuit, la fumée opaque des bombardements au petit matin, les patients qui arrivent par centaines et les souffrances attendues et puis prières et recueillement sur les morts.
Ses propos dénoncent et jettent une lumière crue sur les déclarations d’usage, mensongères et ridicules de l’armée israélienne qui interrogent, terrorisent, violentent et tuent sous prétexte de lutter contre le Hamas : « Je n’ai jamais vu autant d’horreur, les Israéliens affirment qu’ils recherchent « des terroristes ». J’ai soigné jour et nuit, je n’ai vu ni rencontré aucun homme armé; en revanche, j’ai vu des enfants morts ou blessés d’une balle à la tête… ». Tout est dit !
Et puis, le projet imminent qu’est le massacre de Rafah qui a commencé par les menaces d’usage qui effraient les civils palestiniens et la communauté internationale. Toujours sous le même motif de lutter contre le Hamas, l’armée dresse son QG dans cette agglomération surpeuplée, détruit ce qui reste du bâti, tire sur tout ce qui bouge. Bref, elle rase la ville.
Le gouvernement, à travers Benny Gantz, ministre du cabinet de guerre, ancien chef d’état-major de l’armée, a anticipé, balance ses menaces : Israël lancerait une offensive contre la ville de Rafah, si les otages israéliens détenus à Gaza n’étaient pas libérés d’ici au mois de Ramadan (qui débutera autour du 10 mars.) Et, comme pour montrer, grotesque culot ! qu’il se souciait des civils palestiniens, il déclare : «… L’invasion de Rafah se ferait en coordination avec nos partenaires américains et égyptiens afin de minimiser les pertes civiles».