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Kairouan | Musée des arts et des traditions populaires : Sidi Amor Abada, un personnage hors du commun

 

Sidi Amor Abada, à qui la croyance populaire attribue maints miracles et sortilèges, était réputé pour sa mégalomanie.

La didactique moderne des musées tente de supprimer l’atmosphère austère du musée traditionnel en en faisant un lieu agréable de rencontre et de discussion et en confrontant les objets exposés à un contexte actuel. Ainsi, si on prend l’exemple du Musée des arts et traditions populaires qu’abrite la zaouia de Sidi Amor Abada, située dans un quartier populaire de Kairouan, on constate qu’il concilie sous une forme heureuse les exigences de la technologie moderne et le fonctionnement classique des musées permettant ainsi une présentation satisfaisante pour le public. Le visiteur peut facilement s’orienter dans ce musée grâce  à des supports informatifs et descriptifs qui l’aident dans sa visite.

La mosquée des sabres

Rappelons que cette zaouia, surnommée «La mosquée des sabres», est coiffée d’un bel ensemble de six dômes liés entre eux par un tambour polygonal. Elle fut édifiée en 1872 par un étrange marabout-forgeron, Sidi Amor Abada, et à qui la croyance populaire attribue maints miracles et sortilèges. Quant à la disposition de cette zaouia qui couvre 1.500 m2 au sol, elle est quelque peu étrange avec de longs couloirs qui forment un labyrinthe, des murs épais par endroits de 4 à 5 m sans justification apparence. La salle principale abrite le tombeau du marabout entouré de mystérieux objets inutilisables qu’il confectionna lui-même ou lui ayant appartenu, tels que des pipes géantes, des sabres en fer forgé couverts de fourreaux en bois massif, des étagères, des ancres géantes, des coffrets récupérés de la base navale de Ghar El Melh et offerts par le Bey Ahmed (1252-1270 H/1837-1854 J.-C.). En fait, toutes ces pièces traduisent la mégalomanie de ce personnage doté d’une remarquable présence d’esprit. Les savants étaient méfiants à son égard alors que les gens du peuple recherchaient sa bénédiction croyant dur comme fer qie Sidi Amor Abada était doté de pouvoirs surnaturels.

Tous les objets exposés au sein de ce musée datent de la première moitié du XIIIe de l’Hégire (XIXe J.-C). et certains portent des inscriptions gravées en creux. En outre, ces objets constituent un répertoire des techniques de fabrication en fer et en bois à Kairouan…

Par ailleurs, les versets coraniques et les prophéties gravés sur d’imposants panneaux de bois donnent une idée des aspects de la vie de Sidi Amor Abada et de sa position à l’égard de certains événements de l’époque. Quant aux galeries couvertes de voûtes d’arêtes, elles aboutissent à des espaces que surmontent des coupoles. Les quelques colonnes et chapiteaux sont de type ottoman et leurs abaques portent des fleurons et des croissants turcs. Somme toute, la visite de ce Musée des arts et traditions populaires revêt un intérêt particulier en raison de son contenu historique et du caractère bizarre de Sidi Amor Abada, un personnage hors du commun dont la zaouïa reflète sa personnalité !

Rappelons que Sidi Amor Abada jouissait des faveurs des Beys Mustapha et Ahmed.

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