Les nombreuses absences doivent amorcer un nouveau onze plus volontaire et plus «libéré» que celui de la CAN. On ne va pas tout remettre en question, mais en même temps de nouveaux repères et de nouveaux cadres sont espérés.
Techniquement et tactiquement, ce match contre la Croatie est intéressant à suivre. C’est même un test-référence qui ne manque pas d’enjeu. Devant ces «artistes» balkans, on verra si cette version remaniée de l’équipe nationale saura résister et transmettre de bons signaux pour l’avenir. Pour une équipe en pleine reconstruction et faute de projet et d’orientation, ce match intervient dans un moment transitoire délicat qui rappelle, par le passé, d’autres tests qui ont permis de voir à l’œuvre une nouvelle équipe naître et un nouveau départ. Cela rappelle par exemple le fameux match amical face à l’Angleterre en 1990. Une équipe montée à la dernière minute et faite d’amalgame entre une ossature qui a raté la qualification au Mondial italien et quelques éléments qui ont réussi à prendre une place sous la houlette de M’rad Mahjoub plus tard.
L’après-tournoi sera capital pour le futur bureau fédéral investi. C’est-à-dire que les Achouri, Saâd, Ltaïef, Haj Mahmoud et tous les joueurs qui n’ont pu s’imposer dans le groupe à la dernière CAN ont la possibilité de dire aux nouveaux dirigeants de la sélection qu’ils peuvent créer une nouvelle dynamique et faire l’impasse sur les tracas du passé. Jouer contre la Croatie n’est pas une occasion qui se présente tous les jours, c’est donc le meilleur contexte pour ces joueurs de montrer ce dont ils sont capables. Il n’y a pas que les nouveaux jeunes expatriés qui seront suivis, mais aussi d’anciens cadres voués à des rôles secondaires en sélection (des «bouche-trous») pour se réhabiliter. Des joueurs comme Rafiâa, Ghandri, Jelassi, Jaziri, Haddadi, Moez Hassan, Mathlouthi, ne sont plus titulaires. Ils étaient là pour compléter une liste de 23 et pour faire banquette.
Dans tout cela, Montasser Louhichi, qui d’habitude n’est pas un fan du jeunisme chaque fois qu’il a entraîné, ne devrait pas se ruer vers un chambardement total. Et en quelque sorte, ce ne sera pas une mauvaise idée. Bâtir de nouveau à partir de rien est souvent une aventure hasardeuse en sélection. Le noyau dur de l’équipe sera là, notamment Ben Saïd, Abdi, Aïdouni, Achouri, Kechrida (ou Drager), alors que la concurrence va être rude pour les autres postes. Deux objectifs-clés derrière ce match contre la Croatie : honorer le football tunisien, et puis préparer la relève pour la future équipe nationale. Qu’on le veuille ou pas, maints joueurs influents vont disparaître et s’éclipser petit à petit.
L’avenir appartient plus aux Achouri, Ltaïef, Saâd, Cherni, Hadj Mahmoud, Aidouni, Abdi, Rafiaâ, Kechrida, et bien sûr Talbi, Skhiri, Meriah, Ben Saïd et les cadres qui ont encore des choses à montrer en sélection.
Peut-être bien que le tournoi amical de l’Egypte sera le dernier acte en sélection non seulement pour des absents, mais aussi à plusieurs joueurs retenus dans cette liste, mais qui, eux aussi, ne devraient pas être là à l’avenir.