Cette technique marketing a tendance à s’amplifier en période d’inflation : les industriels y ont souvent recours pour répercuter la hausse des coûts de production, notamment l’augmentation des prix des matières premières.
Connue aussi sous le terme anglais «Shrinkflation», la «réduflation» est un mot valise venant de la contraction du verbe «réduire» et du nom «inflation». Elle fait référence à une stratégie commerciale, souvent adoptée par les industriels et consistant à réduire la taille ou la quantité d’un bien de consommation tout en maintenant inchangé (ou en augmentant) son prix.
En somme, cette pratique pousse le consommateur à acheter moins de produits pour le même prix. On réduit de quelques grammes ou de quelques millilitres la quantité des produits emballés, sans le signaler au consommateur et le tour est joué !
En effet, cette technique marketing a tendance à s’amplifier en période d’inflation : les industriels y recourent souvent pour répercuter la hausse des coûts de production, notamment l’augmentation des prix des matières premières. Elle est particulièrement répandue dans les secteurs de l’agroalimentaire, mais aussi dans d’autres secteurs comme l’industrie de l’habillement.
Les consommateurs peuvent, donc, ne pas ressentir les effets réels de l’inflation même si, selon les spécialistes, il s’agit bien d’une forme subtile d’inflation qui impacte fortement les ménages. Cette technique de commercialisation permet aux entreprises de continuer à vendre le produit sur le marché plutôt que de devoir le retirer en raison de son coût. En d’autres termes, elle permet aux industriels de maintenir leurs marges bénéficiaires tout en évitant une hausse de prix apparente.
Leur objectif est de maintenir leurs parts de marché
Dans un article intitulé «le phénomène de la réduction de la taille des produits», récemment publié sur le blog de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace), l’économiste Zaid Alshaalan revient sur les causes de la «shrinkflation». Il explique que ce phénomène est principalement causé par la hausse des coûts de production. Lorsque les dépenses liées aux matières premières d’un produit augmentent, les entreprises réagissent souvent en répercutant les coûts supplémentaires sur les clients en augmentant les prix ou en réduisant la taille du produit tout en maintenant le même prix. Différents facteurs peuvent être à l’origine de cette hausse du coût : l’augmentation des prix des matières premières utilisées dans la fabrication, la hausse du coût de l’énergie nécessaire pour le fonctionnement des machines ou encore celle de la main-d’œuvre.
Selon le chercheur, les entreprises peuvent recourir à la «shrinkflation» comme stratégie pour maintenir leurs parts de marché. «Dans les industries très compétitives, une hausse des prix peut inciter les clients à se tourner vers des marques alternatives. Cependant, un ajustement subtil, tel qu’une légère réduction de la taille de leurs produits permet aux entreprises d’améliorer leur rentabilité tout en maintenant leurs prix compétitifs», constate-t-il.
Toutefois, une communication transparente avec les consommateurs s’impose dans ce contexte. C’est, en tout cas, ce qu’affirme le spécialiste. «De nombreux pays à travers le monde, notamment le Brésil, la Hongrie, la Corée du Sud et la France, ont mis en place des réglementations dont l’objectif est d’informer les consommateurs sur les cas de «réduflation», et ce, en exigeant des étiquettes apposées sur les produits dont la taille a été réduite mais qui ont gardé le même prix ; ces réglementations peuvent améliorer la transparence et protéger les consommateurs contre les pratiques trompeuses liées à la shrinkflation», affirme-t-il.
Quelles sont les mesures à prendre ?
Selon le chercheur, la Tunisie est appelée à adopter des programmes spécifiques pour renforcer les mécanismes de protection des consommateurs, notamment dans un contexte mondial, où les efforts de lutte contre la «réduflation » se multiplient pour protéger et sensibiliser les consommateurs sur cette pratique. Ces programmes devraient s’appuyer sur divers axes, à savoir la création et la mise en œuvre d’un cadre réglementaire efficace exigeant un étiquetage clair pour les produits touchés par la «shrinkflation».
« Car les réglementations doivent, selon le chercheur, garantir que les consommateurs soient informés de tout changement impactant la taille ou la quantité du produit commercialisé » ; le lancement de campagnes ciblées de sensibilisation des consommateurs visant à informer le public sur ce phénomène ainsi que sur les outils permettant de l’identifier, et enfin, la surveillance du marché, à travers la mise en place d’un système qui assure la veille et qui détecte les cas de «réduflation».