Tribune | Révolution durable de la finance : Dix principes incontournables pour un avenir financier sociétal et responsable

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Par Meriam Ben Boubaker vice-présidente Icfoa & Cogefref et Emmanuel Millard Président Icfoa, vice-président Finance Sorbonne Business School, Secrétaire général Groupe Endrix

Au cœur des défis contemporains, la finance durable émerge comme un impératif incontournable pour l’avenir de notre planète et de notre économie mondiale. Dans ce contexte, les organisations telles que l’International CFO Alliance jouent un rôle déterminant. Forte de ses 22 membres répartis sur trois continents — l’Afrique, l’Europe et l’Amérique — et comptant plus de 40.000 membres, cette alliance internationale des dirigeants financiers se positionne en tant que pionnière de la révolution durable de la finance. L’International CFO Alliance s’engage activement dans la promotion et la mise en place de principes fondamentaux de la finance durable. Avec une vision inclusive et globale, elle vise à sensibiliser, mobiliser et accompagner les financiers à l’échelle mondiale vers une pratique financière plus responsable et respectueuse de l’environnement.
Dans cet article, nous explorons en profondeur les 10 principes incontournables pour un avenir financier durable, proposés par monsieur Emmanuel Millard, président, et madame Meriam Ben Boubaker, viceprésidente, de l’International CFO Alliance. Ces principes émergent non seulement comme des solutions essentielles face aux enjeux actuels, mais également comme des recommandations pour orienter les décisions financières vers une trajectoire durable et éthique.

1. Transparence : Éclairer la voie
Pourquoi : La transparence est la clé dela confiance dans les marchés financiers. En divulguant pleinement les informations pertinentes, les entreprises renforcent leur crédibilité et réduisent les risques de fraude ou de mauvaise gestion.
Comment : En mettant en place des normes strictes de divulgation financière et opérationnelle, garantissant l’accès à une information complète et fiable pour les parties prenantes.
Impact : Les entreprises transparentes attirent les investisseurs soucieux de leur réputation, favorisent la concurrence loyale et contribuent à la stabilité financière.
Avantages : Cela permet de renforcer la confiance des investisseurs, de réduire les coûts de financement et de garantir une meilleure gestion des risques.
Limites : Les coûts initiaux de mise en œuvre peuvent être élevés, et certains détails sensibles peuvent nécessiter une protection pour éviter la divulgation d’informations à la concurrence.
Normes/références à suivre : Il s’agit d’adopter les normes internationalement reconnues, telles que les lignes directrices du Global Reporting Initiative (GRI), les standards de l’International Sustainabilty Standard Board (Issb) et se conformer à la Corporate Sustainability Reporting Directive (Csrd) pour les entreprises européennes, qui vise à améliorer la qualité, la comparabilité et la fiabilité des informations non financières.
Stratégies pour surmonter les défis : On parle ici d’investir dans les systèmes de gestion de l’information robustes pour faciliter la collecte, l’analyse et la diffusion des données pertinentes, de renforcer la surveillance et l’application des règles de divulgation pour garantir la conformité et l’exactitude des informations fournies.

2. Investissement responsable : Semer pour récolter
Pourquoi : L’investissement responsable intègre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement, favorisant ainsi un développement durable.
Comment : Il s’agit d’intégrer les critères ESG dans les politiques d’investissement, d’encourager l’engagement actionnarial et de favoriser les investissements à impact social et environnemental positif.
Impact : Les entreprises orientées vers l’investissement responsable attirent des capitaux durables et contribuent à la résolution des défis sociétaux et environnementaux.
Avantages : On crée ici une gestion plus efficace des risques, une meilleure performance à long terme, un alignement des valeurs avec les investisseurs et les consommateurs.
Limites : Il agit là du manque de données normalisées, du risque de rendements inférieurs à court terme pour certains investisseurs.
Normes/références à suivre : C’est de suivre les principes directeurs des Nations Unies pour l’investissement responsable (PRI) ou les critères du label ISR (Investissement Socialement Responsable).
Stratégies pour surmonter les défis : C’est là qu’intervient le renforcement de la sensibilisation et de l’éducation des investisseurs sur les avantages à long terme de l’investissement responsable, l’encouragement au le développement de produits financiers innovants qui intègrent des critères ESG de manière transparente et efficace.

3. Innovation financière éthique: réinventer les possibilités
Pourquoi : L’innovation financière peut transformer la manière dont les ressources sont allouées et gérées, mais elle doit être guidée par des principes éthiques pour éviter les abus et les déséquilibres.
Comment : En encourageant le développement de produits financiers qui favorisent la durabilité, l’inclusion et l’équité, tout en évitant les pratiques risquées ou prédatrices.
Impact : L’innovation financière éthique stimule la croissance économique tout en atténuant les risques systémiques et en promouvant une répartition plus équitable des avantages économiques.
Avantages : Cela stimule la croissance économique, favorise l’inclusion financière, encourage la création d’emplois et soutient le développement durable.
Limites : Il s’agit du risque de réglementation insuffisante, de manipulation des marchés financiers et de besoin d’une gouvernance stricte pour éviter les dérives.
Normes/références à suivre : C’est le fait de se conformer aux principes directeurs de l’Ocde sur la gouvernance d’entreprise ou aux recommandations du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire.
Stratégies pour surmonter les défis : C’est la mise n place des mécanismes de supervision et de réglementation efficaces pour prévenir les abus et les pratiques prédatrices, la promotion d’une culture d’innovation responsable au sein des institutions financières, mettant l’accent sur l’éthique et la durabilité.

4. Gouvernance responsable : piloter avec intégrité
Pourquoi : Une gouvernance d’entreprise solide est essentielle pour garantir que les décisions financières sont prises de manière responsable et éthique, dans l’intérêt de toutes les parties prenantes.
Comment : En établissant des structures de gouvernance robustes, avec une surveillance efficace du conseil d’administration, une transparence accrue et une responsabilisation des dirigeants.
Impact : Une gouvernance responsable renforce la confiance des investisseurs, réduit les risques de conflits d’intérêts et favorise une culture d’intégrité et de responsabilité au sein des entreprises.
Avantages : C’est l’amélioration de la performance financière à long terme, la réduction des risques de litiges et de scandales et le renforcement de la réputation de l’entreprise.
Limites : Il s’agit de la résistance au changement au sein de certaines entreprises et des coûts de mise en conformité initiaux.
Normes/références à suivre : Il s’agit de suivre le Code de gouvernance d’entreprise de l’Ocde ou les directives de la Commission européenne sur la gouvernance d’entreprise. Stratégies pour surmonter les défis : On parle ici de renforcer les mécanismes de contrôle et de supervision pour garantir le respect des normes de gouvernance, d’encourager la participation active des actionnaires et la transparence dans les processus décisionnels pour renforcer la responsabilité des organes de gouvernance.

5. Cultiver la connaissance financière durable : éclairer les décisions
Pourquoi : La connaissance financière durable permet aux individus de comprendre les implications de leurs choix financiers sur l’environnement, la société et l’économie, favorisant ainsi des décisions plus responsables.
Comment : En développant des programmes éducatifs intégrant les concepts de durabilité, de responsabilité sociale et environnementale, accessibles à tous les niveaux de la société.
Impact : Elle responsabilise les individus dans la gestion de leurs finances, encourageant ainsi une participation plus éclairée aux investissements durables et à la construction d’une économie plus verte.
Avantages : On pense à la réduction des risques financiers personnels, à la promotion de l’inclusion financière et au renforcement de l’engagement citoyen dans la transition vers une économie durable.
Limites : Il s’agit du besoin de ressources pour développer et déployer des programmes éducatifs efficaces, de la difficulté à atteindre certains segments de la population.
Normes/références à suivre : C’est le suivi des recommandations de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) pour le développement de programmes d’éducation financière.
Stratégies pour surmonter les défis : La clé est d’investir dans la création de contenus éducatifs accessibles et adaptés à différents publics de collaborer avec les autorités éducatives et les organisations de la société civile pour intégrer l’éducation financière durable dans les programmes scolaires et les initiatives communautaires.

6. Collaboration mondiale : Unir nos forces
Pourquoi : Les défis de la durabilité financière sont mondiaux et complexes, nécessitant une collaboration étroite entre les acteurs du secteur financier à l’échelle mondiale pour trouver des solutions efficaces.
Comment : En facilitant les partenariats entre les institutions financières, les gouvernements, la société civile et les organisations internationales pour partager les meilleures pratiques, en alignant les politiques et en coordonnant les efforts.
Impact : La collaboration mondiale renforce la capacité d’innovation, favorise le partage des risques et des connaissances, et permet d’élaborer des solutions plus robustes et adaptées aux défis actuels.
Avantages : C’est l’accélération de la transition vers une finance durable, la maximisation de l’impact des initiatives individuelles, le renforcement de la résilience face aux chocs économiques et environnementaux.
Limites : Il s’agit de la complexité des processus de coordination à l’échelle mondiale, des divergences d’intérêts entre les différentes parties prenantes.
Normes/références à suivre : Il s’agit de se conformer aux principes directeurs de l’ONU sur les entreprises et les droits de l’homme ou aux recommandations du Forum économique mondial sur la gouvernance mondiale.
Stratégies pour surmonter les défis : C’est le renforcement des plateformes de coordination et d’échange d’informations entre les acteurs du secteur financier à l’échelle mondiale, la promotion de la mise en place de régimes réglementaires internationaux cohérents pour faciliter la coopération et la coordination entre les juridictions.

7. Intégration du risque climatique : anticiper l’inévitable
Pourquoi : Le changement climatique représente un risque systémique majeur pour l’économie mondiale, et son intégration dans les pratiques financières est essentielle pour une gestion prudente des risques.
Comment : En intégrant l’analyse des risques climatiques dans les décisions d’investissement et de prêt, en développant des scénarios de stress-test climatique et en encourageant la divulgation des risques climatiques par les entreprises.
Impact : L’intégration du risque climatique permet de réduire l’exposition des portefeuilles d’investissement aux risques liés au changement climatique et favorise l’alignement des flux financiers avec les objectifs de transition énergétique.
Avantages : Il s’agit de la réduction des pertes financières liées aux événements climatiques extrêmes, de l’identification des opportunités d’investissement dans la transition vers une économie bas carbone et du renforcement de la résilience financière.
Limites : C’est la manque de données et de méthodologies standardisées pour évaluer les risques climatiques, l’incertitude quant à l’ampleur et à la rapidité des impacts climatiques.
Normes/références à suivre : C’est la nécessité de se conformer aux recommandations du Groupe de travail sur la divulgation des informations financières liées au climat (Tcfd) ou aux directives de la Banque des règlements internationaux (BRI) sur l’intégration des risques climatiques.
Stratégies pour surmonter les défis : Investir dans la recherche et le développement de modèles de prévision climatique plus précis pour évaluer les risques futurs avec une plus grande certitude est important, ainsi que d’encourager la collaboration entre les entreprises, les chercheurs et les gouvernements pour améliorer la compréhension et la gestion des risques climatiques.

8. Inclusion financière : élargir l’accès
Pourquoi : L’inclusion financière est un impératif moral et économique, permettant à tous de bénéficier des services financiers de base et de participer pleinement à l’économie.
Comment : En développant des produits financiers adaptés aux besoins des populations sous-bancarisées, en promouvant l’accès aux services financiers numériques et en renforçant l’éducation financière dans les communautés marginalisées.
Impact : L’inclusion financière réduit la pauvreté, favorise la croissance économique inclusive et renforce la stabilité financière en élargissant la base des consommateurs et en réduisant les écarts de richesse.
Avantages : Cela stimule la croissance économique, réduit les inégalités sociales, favorise l’innovation financière et la résilience des communautés.
Limites : Ce sont les barrières réglementaires, les infrastructures financières sousdéveloppées, le manque de confiance dans les services financiers traditionnels.
Normes/références à suivre : C’est le suivi des recommandations de l’Alliance pour l’inclusion financière ou des principes de l’Initiative mondiale pour l’inclusion financière.
Stratégies pour surmonter les défis : Investir dans le développement des infrastructures financières de base, telles que les services bancaires mobiles et les points d’accès physiques, pour éliminer les obstacles géographiques à l’accès aux services financiers est recommandé, de même que le renforcement de la protection des consommateurs et de la réglementation des services financiers pour garantir l’équité et la transparence dans les transactions financières.

9. Évaluation de l’impact social : mesurer pour progresser
Pourquoi : L’évaluation de l’impact social permet de quantifier les retombées positives et négatives des activités économiques sur la société, facilitant ainsi la prise de décision responsable.
Comment : En développant des outils de mesure et des indicateurs de performance permettant d’évaluer l’impact social des investissements et des initiatives financières.
Impact : L’évaluation de l’impact social encourage les entreprises à intégrer les considérations sociales dans leur stratégie commerciale, favorise la transparence et la responsabilité et guide les investissements vers des projets bénéfiques pour la société.
Avantages : C’est l’amélioration de la gestion des risques sociaux, le renforcement de la réputation de l’entreprise, la stimulation de l’innovation en faveur du bien-être social.
Limites : Il s’agit clairement de la complexité de la mesure de l’impact social, du manque de consensus sur les méthodologies d’évaluation et des coûts associés à la collecte de données.
Normes/références à suivre : On parle ici d’adopter les lignes directrices de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) sur la mesure de l’impact social ou les principes de l’Investment Impact Initiative.
Stratégies pour surmonter les défis : C’est investir dans la recherche et le développement de méthodologies d’évaluation de l’impact social plus sophistiquées et fiables, encourager la collaboration entre les chercheurs, les entreprises et les organisations de la société civile pour partager les meilleures pratiques et élaborer des normes communes.

10. Intégrité éthique : cultiver la confiance
Pourquoi : L’intégrité éthique est la pierre angulaire de la confiance dans le secteur financier, garantissant que les acteurs du marché agissent de manière juste, honnête et transparente.
Comment : En faisant la promotion de la culture d’intégrité et d’éthique au sein des entreprises et des institutions financières et en mettant l’accent sur la responsabilité individuelle et collective.
Impact : L’intégrité éthique renforce la confiance des investisseurs et des consommateurs, favorise la stabilité financière et contribue à la pérennité du système financier dans son ensemble.
Avantages : C’est le renforcement de la réputation de l’entreprise, la réduction des coûts de conformité et de litiges, l’amélioration de la fidélisation des clients et des talents.
Limites : Clairement la résistance culturelle au changement, le risque de comportements déviants malgré les politiques et procédures en place, le besoin de mesures de contrôle et de surveillance robustes.
Normes/références à suivre : C’est se conformer aux principes directeurs de l’Ocde sur la conduite responsable des entreprises ou aux standards de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives.
Stratégies pour surmonter les défis : C’est le renforcement des mécanismes de surveillance et d’application des règles pour détecter et sanctionner les comportements non éthiques, la promotion d’une culture d’intégrité et de responsabilité au sein des organisations, en mettant l’accent sur la sensibilisation, la formation et la récompense des comportements éthiques.

En se conformant à ces 10 principes incontournables pour un avenir financier durable, les entreprises et les institutions financières posent clairement les bases d’une transformation significative. L’intégration de ces principes dans nos pratiques financières nous permet de créer un système financier plus résilient, inclusif et aligné sur les objectifs de durabilité économique, sociale et environnementale. La transition vers une finance durable n’est plus une option, mais une nécessité impérieuse pour assurer un avenir prospère pour les générations futures.
Par ailleurs, l’International CFO alliance s’engage activement dans l’élaboration d’une certification internationale en finance qui intègre les principes de durabilité de la finance. Cette certification favorisera les organisations qui démontrent leur engagement envers la durabilité financière tout en respectant les normes internationales les plus élevées en matière de pratiques financières. En répondant aux critères de cette certification, les organisations renforceront leur crédibilité, témoignant ainsi de leur responsabilité envers un système financier plus durable et éthique. Cette certification représente un jalon important dans la promotion de la finance durable, offrant une reconnaissance et une valeur ajoutée substantielles aux organisations qui s’engagent activement dans cette voie.

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