Accueil A la une Sites et applications de rencontres : Les dessous du «Nous deux» virtuel 

Sites et applications de rencontres : Les dessous du «Nous deux» virtuel 

 

Incontournables aujourd’hui sont les sites de rencontres. Et les chiffres en disent long sur les possibles arnaques et tous les subterfuges de manipulation, aux fins d’empiéter sur les comptes et profils des internautes.

Les internautes ont partagé récemment avec une vidéo scandaleuse où les participants ont simulé ce qui se passe sur les sites de rencontres. En passant d’un profil à l’autre en un simple clic, tout en ayant à portée de main une base de données quasi illimitée de profils, le fait de séduire et d’être séduit est devenu un jeu. Cependant, les sites de rencontres qui sont apparus aux Etats-Unis au milieu des années 1990 se sont largement diffusés dans le monde. Selon une étude récente, plus de 323 millions de personnes les utilisent.

Tinder, le plus connu, vient de publier ses statistiques en mars 2024. Il  a été téléchargé plus de 450 millions de fois depuis sa création et compte actuellement 80 millions d’utilisateurs dans plus de 190 pays. Le revenu de cette application pour le premier trimestre 2024 était de 440 millions de dollars.

Las de la solitude et impactés socialement par leur célibat, les utilisateurs délaissent les moyens de rencontres traditionnels  et le  recours aux applications est devenu presque une «pratique de masse». Ainsi, peut-on être sûr que l’explosion du nombre d’individus admettant avoir fait des recherches via ces plateformes n’exclut pas les Tunisiens.

Des critères et des algorithmes

Les ancêtres des applications de rencontres sont les petites annonces sur les journaux, souvent bien moquées, où on cherche l’âme sœur en affichant sa photo et ses centres d’intérêt. Selon le même principe, les sites se présentent comme des intermédiaires et mettent en avant le choix des individus plus celui de leurs algorithmes. Cachés derrière leurs pseudos, des utilisateurs joignent la grande foule sentimentale du net, en quête de quelqu’un. Les applications font croire qu’elles réalisent un premier tri, avec leurs questions et leurs algorithmes censés reconnaître les âmes sœurs et compatibles. Par l’essor des pratiques numériques, elles mobilisent alors des jugements de goût et de dégoût, qui sont au cœur des mécanismes de sélection pour écarter les profils éloignés et rapprocher ceux qui paraissent s’assembler. Ce fonctionnement qui est assez cruel peut se résumer en somme à passer en revue un catalogue en fonction de ses critères.

Un certain tabou existe

Les transformations apportées par le numérique dans le domaine des relations amoureuses et conjugales entrent bien dans le cadre des grandes transformations sociologiques. Les rencontres en ligne ont accompagné ces évolutions mais elles ne les ont pas révolutionnées.

Les sites de rencontres   sont entrés dans les mœurs ce qui explique bien le matraquage médiatique orchestré autour des vidéos publiées récemment. Les individus y  sont représentés comme un produit que l’on évalue, qu’on prend ou qu’on jette quand on n’en veut pas.

Il est difficile de savoir si ces pratiques sont le fruit de la crise de mœurs au sens strict ou de tendances de digitalisation préexistantes, force est de constater que ces sites restent un environnement propice aux risques.

Les menaces du virtuel sont bien concrètes

Les plateformes en ligne sont supposées apporter une nouvelle façon de nouer une relation éphémère ou durable et s’ajouter aux occasions traditionnelles de trouver un partenaire dans son entourage. Les lois de ce marché plus direct et rationnel où l’on croit économiser du temps, des paroles, et des préambules apparaissent comme la bouée de sauvetage et l’ultime solution. Cependant, les particularités de la rencontre en ligne conduisent à la perception d’un risque associé, potentiellement plus grand que pour les rencontres traditionnelles. En 2021, une enquête a révélé que 60% des Françaises âgées de 30 à 39 ans déclarent avoir subi une forme de harcèlement sur un site ou une application de rencontre. Aux Etats-Unis, en 2016, la Federal Trade Commission confirme avoir reçu 11.235 plaintes d’arnaques sur ces plateformes. Ce chiffre a atteint 52.593 en 2020. Les pertes liées aux arnaques de sites de rencontre aux Etats-Unis ont dépassé les 300 millions de dollars en 2020.

En effet, les sites de rencontre ne prennent pas le temps de vérifier les profils des inscrits ce qui expose au risque d’échanger avec des personnes malhonnêtes, ou même carrément dangereuses. L’exemple type est celui de l’escroc utilisant un faux profil qui manipule son interlocuteur pour gagner sa confiance au fil du temps, jusqu’à ce qu’il puisse lui demander de l’argent ou obtenir des informations personnelles dans le but d’usurper son identité.

De plus, le fait de communiquer par écrit n’est pas aussi naturel que dans le verbal. Des mensonges à la non-compatibilité réelle avec les individus rencontrés, la déception et la désillusion sont d’autant plus grandes que l’attente et l’espoir attachés à cette personne inconnue.

Un autre point important évoqué par les psychologues est l’addiction à ces applications qui nuit à la concentration, au sommeil, à la vie personnelle et professionnelle. Des études ont révélé que certaines personnes y passent plus de 5 heures cumulées par jour.

Les applications qui semblent faire partie d’un nouveau mode de fonctionnement pour rencontrer de nouvelles personnes sont en réalité un véritable business. Il est préférable d’être vigilant et méfiant face à ce monde virtuellement connecté et qui, en réalité, est complètement déconnecté de l’humain.

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