La réouverture du poste-frontière de Ras Jedir est imminente. Fermé depuis plusieurs semaines, il est considéré comme le poumon économique et commercial pour les deux pays. A en croire les dernières informations, les ultimes travaux du côté libyen vont bon train.
Les confirmations parviennent des deux côtés. L’important poste-frontière tuniso-libyen de Ras Jedir rouvrira ses portes dans les jours qui viennent. Fermé depuis près de deux mois, il est indispensable pour les échanges commerciaux terrestres entre les deux pays. Aujourd’hui, les parties libyennes sont en train de parachever les préparatifs, surtout que certaines infrastructures ont été endommagées à la suite d’affrontements armés du côté libyen.
En effet, ce sont notamment les grands travaux menés par les autorités libyennes au niveau du passage, mais aussi sur la route qui ont retardé l’ouverture. D’autant que sur le plan officiel, tous les obstacles ont été levés. Il faut rappeler que lors d’une récente rencontre entre le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, et le ministre libyen de l’Intérieur par intérim, le général Imad Mustapha Trabelsi, un accord a été trouvé sur la collaboration entre les deux pays, pour surmonter toutes les difficultés dans les plus brefs délais, en vue de rouvrir le poste-frontière de Ras Jedir. «Le passage dans cette direction ou dans l’autre est naturel et doit se faire dans les meilleures conditions, ce à quoi la Tunisie et la Libye travaillent en parfaite harmonie», soulignait Kaïs Saïed.
L’accord trouvé entre les parties libyenne et tunisienne
De son côté, le ministre de l’Intérieur libyen a déclaré qu’un accord avait été, effectivement, conclu pour rouvrir Ras Jedir. Il a ajouté que des instructions seront données aux autorités compétentes des deux côtés, tunisien et libyen, pour ouvrir le point de passage, une fois que les préparatifs sécuritaires auront été finalisés.
Contacté, Mustapha Abdelkebir, activiste et grand connaisseur du dossier libyen explique que la réouverture de ce passage frontalier interviendra dans les jours à venir, surtout que les travaux de réparation et d’entretien se poursuivent toujours du côté libyen. Selon ses dires, l’essentiel réside dans l’accord trouvé entre les parties libyenne et tunisienne pour rouvrir ce poste frontière et le moderniser.
«Cette importante réunion entre les responsables tunisiens et libyens a permis la coordination et la préparation conjointes de la réouverture du passage frontalier. Il a été également convenu d’améliorer les installations et les services. Les deux parties se sont également engagées à trouver des solutions adéquates pour limiter les retards et redynamiser l’affluence au passage frontalier, en ouvrant au moins quatre voies», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que cette réouverture interviendra à la suite de l’élaboration d’un nouveau mécanisme dédié à l’enregistrement des véhicules.
S’agissant des dossiers sécuritaires, notre interlocuteur explique qu’il s’agit d’un volet très important dans la discussion entre les deux parties, d’autant que Ras Jedir, comme tout autre passage frontalier, est exposé à un important risque de trafic de drogues, de contrebande, de devises et même de traite des êtres humains et des migrants. «La réunion a permis d’examiner la coordination sécuritaire concernant la sécurisation des frontières, notamment ce qui a trait à la lutte contre la contrebande. Il a été également question de renforcer la lutte commune contre le phénomène de la migration et le franchissement illicite des frontières», a-t-il conclu.
Des enjeux sécuritaires, économiques et sociaux
Cependant, cette réouverture, tant attendue, intervient dans un contexte régional marqué par des tensions et des risques majeurs. Autant rappeler que la Libye s’est lancée en coopération avec les parties européennes, dans une grande opération de sécurisation de ses frontières maritimes et terrestres, le passage frontalier de Ras Jedir étant au cœur des démarches.
D’ailleurs, il faut rappeler que la fermeture de ce poste en mars dernier du côté libyen était justifiée par la lutte contre la contrebande et le trafic de drogues. «La fermeture du poste de Ras Jedir se prolongera le temps qu’il faut pour mettre fin aux trafics qui y transitent avec la connivence des groupes armés», avait annoncé le ministère de l’Intérieur libyen. «Il faut sécuriser les frontières et combattre la criminalité et les trafics. Les autorités ne reculeront pas face aux trafiquants de drogue et contrebandiers», avait martelé le ministre de l’Intérieur libyen. Trabelsi a même affirmé que le poste frontalier «était devenu ces dernières années une plaque tournante de la contrebande, notamment du carburant vers la Tunisie, et des drogues sous forme d’amphétamines dans le sens inverse».
Indépendamment des enjeux sécuritaires, Ras Jedir constitue une artère commerciale et économique importante pour les deux pays. De ce fait, les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Libye ont connu une stagnation importante à la suite de la fermeture de Ras Jedir, depuis mars 2024.
Selon le Conseil d’affaires tuniso-libyen, la fermeture a eu des répercussions économiques majeures du côté tunisien, ayant déjà provoqué une paralysie complète de nombreux secteurs dans les différents gouvernorats du Sud tunisien au niveau industriel et commercial.
Le secteur médical a été également touché par ce que certains appellent une crise. Certaines cliniques tunisiennes sont impactées par cette situation, d’autant plus que l’autre passage de Wazen Dhehiba n’est d’aucune utilité, compte tenu de son éloignement des gouvernorats du sud.