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Sécurité et souveraineté alimentaires en Tunisie | L’objectif : répondre aux besoins du citoyen par nos propres ressources

 

La crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la souveraineté. Qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains… Consolider la sécurité et la souveraineté alimentaires du pays : un thème complexe par ses multiples dimensions politique, économique, sociale, scientifique et environnementale dans un monde d’interdépendances et de changements qui bouleversent les structures d’organisation et de production, les modes de consommation et les relations d’échange.

Aujourd’hui, avec les crises alimentaires à travers le monde, nous avons réalisé que nous dépendions des productions d’autres pays et de leurs politiques commerciales. Avec l’envolée des prix mondiaux des denrées alimentaires déclenchée par la destructuration des circuits d’approvisionnement, due à la pandémie du Covid-19 et amplifiée par l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les marchés, les concepts de sécurité et de souveraineté alimentaires s’affichent partout sur la planète.

A cet égard, la vulnérabilité de la Tunisie est multiple : la base productive de l’agriculture est affectée en raison de l’impact négatif du changement climatique sur les écosystèmes, les sécheresses sont devenues plus fréquentes et représentent, désormais, une donnée structurelle de la production agricole, sur le plan social, les prix des produits agricoles continueront d’être volatils et leur niveau tendanciel sera plus élevé que par le passé.

Lors du Covid-19, le système agroalimentaire national a pu approvisionner le pays en denrées alimentaires sans rupture. Cependant, il n’est pas autonome au vu des importations de certaines denrées que la production nationale couvre à des niveaux variables (céréales) ainsi que de nombreux intrants (carburants, engrais…).

Regain nourri

Aujourd’hui, la question agricole suscite un regain, nourri par des préoccupations variées au centre desquelles la sécurité de la souveraineté alimentaire, l’adaptation au changement climatique et la préservation des ressources naturelles (eau, sols et biodiversité). Cela nécessite la mobilisation de toutes les ressources du progrès scientifique et technologique. La révolution numérique, actuellement à l’œuvre, est susceptible d’apporter de réels services à l’agriculture via l’exploitation de données toujours plus nombreuses et variées et le développement de l’intelligence artificielle. De même, la production agricole peut être améliorée quantitativement et qualitativement grâce aux avancées récentes dans le domaine des biotechnologies.

La Tunisie est devenue parmi les pays les plus exposés aux effets des changements climatiques, de par sa position géographique, son paysage naturel et en partie des pratiques agronomiques peu durables pratiquées dans certaines régions. Consciente des défis environnementaux et s’insérant dans une vision de durabilité pour l’utilisation, la conservation et la prévention de ses ressources, la Tunisie a pris des engagements internationaux depuis la conférence de Rio de 1992 avec la ratification de la Convention sur la diversité biologique, en mai 1993, la Convention cadre des Nations unies sur le Changement climatique (Ccnucc) en 1993, la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification en juin 1995.

Par ailleurs, depuis 2006, des études prospectives sur les impacts des changements climatiques ont été engagées en Tunisie en vue de l’élaboration de stratégies d’adaptation telles que pour les secteurs de l’agriculture, du littoral, de la santé et du tourisme. C’est ainsi qu’une Stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux Changements climatiques a été élaborée. L’enjeu de cette première stratégie consistait à passer d’une gestion de crises (sécheresses successives imprévisibles, inondations) à une gestion de risques en lien avec le changement global du climat (adaptation anticipée aux changements climatiques).

La souveraineté alimentaire n’est plus une option pour la Tunisie, mais plutôt la voie à suivre, dans l’objectif de répondre aux besoins du citoyen par ses propres ressources, notamment face à un contexte multi-crises ayant exacerbé davantage les vulnérabilités préexistantes. Quels sont les moyens à déployer pour assurer la sécurité alimentaire en Tunisie ? Investir dans l’augmentation de la productivité agricole, soutenir les infrastructures de commercialisation et de distribution, intensifier l’adoption de systèmes agricoles intelligents face au climat avec des investissements du secteur privé tout au long de la chaîne de valeur alimentaire pourront garantir la sécurité alimentaire dans le pays.

Charger plus par Najoua Hizaoui
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