La victoire, avec cette fois la manière, est seule susceptible d’effacer la mauvaise prestation malgré les trois points contre la Guinée équatoriale.
Pour l’équipe de Tunisie, le match d’aujourd’hui contre la Namibie constitue un grand défi. L’objectif premier et principal reste les trois points pour amorcer la grande échappée pour le Mondial. Mais les Aigles de Carthage auront aussi une autre dette à régler avec eux-mêmes et avec leur public, un autre pari à gagner : jouer à leur meilleur niveau, justifier leur statut, séduire et convaincre. Tactiquement, la Namibie n’est pas une équipe super disciplinée comme la Guinée équatoriale. Physiquement, elle est moins forte et ses joueurs n’ont pas le grand gabarit et la puissance pour s’imposer dans les duels. Techniquement, son jeu n’est pas de grande qualité et ne repose pas sur une bonne assise collective. Contre le Liberia, même s’ils ont marqué d’entrée, les Namibiens ont été facilement dominés par la suite, ont concédé le nul sur une action de jeu anodine et ont failli être battus en fin de rencontre. C’est dire combien cette équipe fébrile et naïve n’est pas ce grand obstacle insurmontable qui fait peur et qui nécessite la plus grande prudence et l’option par Montasser Louhichi à un système de jeu toujours trouillard, basé sur un bloc très bas, l’attentisme et la riposte par des contres rapides . Dans ce match, ce sera à lui d’avoir le dessus dans la bataille tactique avec Collin Benjamin, de faire le pressing même sur terrain adverse, d’aller chercher ce modeste adversaire dans sa zone de vérité, de ne pas lui donner un seul instant de répit et de lui enlever tôt tout espoir de pouvoir barrer à l’équipe de Tunisie le chemin d’un succès qu’elle a tous les atouts pour convoiter et décrocher. C’est avec cette approche audacieuse et cet état d’esprit conquérant qu’on aura toutes les chances de rentrer avec les trois points du bonheur et d’un billet pour la Coupe du monde quasiment dans la poche.
Ça tient à peu de choses…
Ça ne demande pas grand-chose pour arriver à ce résultat. Ça n’exige qu’une bonne composition du onze de départ, qu’un esprit et une atmosphère de groupe, que des joueurs qui jouent selon leur vraie valeur, avec les qualités individuelles qu’on connaît et qu’ils doivent mettre au service d’un collectif solidaire. Le discours d’avant-match du staff technique doit être clair et cohérent, en ne focalisant pas trop sur le résultat pour ne pas mettre trop de pression sur ses hommes qui pourrait freiner la volonté et l’élan d’aller plus avant, de multiplier le travail d’approche et de percussion pour provoquer et trouver les failles, marquer des buts sur de belles actions et ne pas attendre de sceller le sort de ce match clé sur un coup de dés, un petit détail qui pourrait ne pas venir ou une balle arrêtée dont on n’est pas toujours sûr qu’elle puisse aboutir. Des changements sont donc forcément attendus dans la formation rentrante, dans le système, dans le positionnement du bloc et dans le placement des pions stratégiques dans le plan de jeu qui sera mis en place. Avec beaucoup de questions qui peuvent se poser comme d’habitude après un match où des rouages dans tout le dispositif n’ont pas paru bien huilés. Montasser Louhichi va-t-il céder à la tentation de donner une chance à Yann Valéry sur le côté droit ou maintiendra-t-il sa confiance en Hamza Mathlouthi malgré les critiques qu’il ne peut être utile et performant que dans son poste de prédilection de défenseur axial ? Y aura-t-il des nouveautés au milieu de terrain avec l’incorporation d’un milieu qui a une plus grande vocation offensive que Nader Ghandri qui a pris la place de Issa Laidouni, sorti en cours de jeu contre la Guinée équatoriale pour blessure et qui a été obligé de déclarer forfait pour ce match ? Qui prendra le poste de Saifallah Ltaief, lui aussi absent sur le couloir droit de l’attaque ? Elyès Sáad qui mérite une seconde chance comme joueur de percussion décalé sur la gauche ou Raki Aouani d’entrée pour donner plus de vivacité et de créativité au compartiment offensif ? Dans tous les cas de figure et quel que soit le choix fait, il est presque certain que Hamza Rafia va être replacé comme joueur station et meneur de jeu derrière l’avant-centre classique qui ne pourra être, vu la marge étroite de manœuvre du sélectionneur, que Haithem Jouini. Vu la possibilité de recourir à un jeu direct et le besoin de ces longs centrages aériens sur lesquels les Namibiens ont fait preuve d’une grande faiblesse d’anticipation et d’interception face au Libéria, un joueur comme Haithem Jouini, qui peut jouer en fixation, faire les bonnes déviations de la tête, fournir une bonne quantité de deuxièmes balles à exploiter, est très utile pour ne pas dire indispensable.
Reste que la clé de la réussite du travail offensif, qui ouvrira la voie à ce succès impératif, sera en grande partie tributaire du rendement de Elyès Achouri dont on sait l’impact important sur les opérations en zone adverse. On n’attend de lui que d’être lui-même, ce sprinter ultra rapide capable d’effacer un ou plusieurs adversaires en une ou deux touches de balles, d’ouvrir des espaces et d’offrir des opportunités de marquer à ses partenaires. Si la phase de construction de jeu et les dernières passes sont réussies, l’équipe de Tunisie aura les plus fortes chances de l’emporter et de se trouver en posture idéale pour une troisième qualification consécutive à une phase finale de Coupe du monde. La réussite dans de tels matches à enjeu et à défi capitaux ne sourit qu’aux audacieux.