Depuis des années, l’opinion publique n’a cessé de remettre bien des choses en question. Le drame que nous avons tous vécu en Tunisie, et nous ne sommes jamais aussi proches que dans de semblables circonstances, risque de se répéter si des dispositions fermes, au prix de quelques sacrifices et concessions, ne sont pas prises.
Reconnaissons que ce genre de dispositions n’est jamais facile à prendre. En effet, un certain nombre de parties prenantes se sentiront lésées. Et il y a de quoi. Mais étant donné qu’il y a mort d’hommes, les choses seront examinées avec autant de rigueur que de fermeté.
Que toutes les parties se mettent d’accord
Pour organiser le Hajj, il faudrait que trois des principales parties prenantes se mettent d’accord : l’organisateur chargé d’assurer la réussite de l’événement, le transporteur, la partie chargée de l’hébergement. La partie tunisienne contrôle directement l’organisation et le transport vers l’Arabie saoudite. A ce niveau, on a l’impression de vouloir escamoter le rôle du transporteur.
En effet, pour assurer la rotation et assurer les départs et les retours, il a besoin de vingt-cinq à trente jours. Lorsqu’on sait que pour accomplir ce rite on n’a besoin que du jour du départ, un jour de repos, un jour (plus exactement quelques heures) pour effectuer l’amorçage du Hajj par la Circumambulation (le tawaf) d’arrivée et l’accomplissement des sept longueurs du Safa et Al Marwa.
Ce rite terminé, le futur Hajj n’a plus rien à faire, à part attendre les heures des prières et… se balader durant une douzaine de jours ! La visite de la ville sainte de Médine peut ne durer que quelques heures et le futur Hajj est libre de faire ce qu’il veut. Bien entendu, ceux qui vont à la Mecque en premier accomplissent la visite de Médine en second lieu, après les trois jours de Mina et la journée d’Arafat.
Le Hajjj pourrait-il coûter moins cher ?
Faisons le compte et posons-nous la question suivante : pourquoi les pèlerins tunisiens sont-ils, dès lors, obligés de rester de vingt-cinq à trente jours? Ces jours supplémentaires impliquent des frais importants, tout est devenu très cher, sont pénibles pour les personnes âgées, exposent ceux dont la santé est délicate aux aléas qu’il est difficile de prévoir. La réponse est simple : le transporteur a besoin de toute cette période pour accomplir les rotations de ramassage et assurer le retour. Autrement dit, pour que le transporteur s’assure des bénéfices que lui procure cet événement, les candidats au Hajjj doivent subir ces risques précités. Indépendamment de cet aspect, la location des lieux d’hébergement obéissent aux contraintes de ce calendrier. Et c’est la raison pour laquelle il est difficile de réduire le coût du Hajj. En négociant sur quinze jours et en obligeant le transporteur à assurer sa tâche dans ces limites, les Hajjijs dépensent moins, sont beaucoup plus à l’abri, préservent leur santé et n’ont plus à souffrir des conditions climatiques qui règnent dans ce pays. Cerise sur le gâteau, le Hajj pourrait coûter moins cher, en ouvrant le transport aux autres compagnies tunisiennes. Elles pourront, si le transporteur actuel refuse de le faire, louer des avions charters et faire jouer la concurrence. Cela implique des frais en devises, élément à prendre en considération, mais il faudrait savoir ce qu’on veut.
Aventures
A titre d’information, des experts, et non des moindres, estiment qu’à l’orée de 2050, ce pays risque de devenir invivable. En ce qui concerne ceux qui partent à l’aventure, le drame de cette année est-il suffisant pour dissuader ces aventuriers ? Difficile de le dire, mais les agences de voyages doivent s’entourer de toutes les précautions pour couvrir leurs arrières.
On devrait rétablir le dépôt à la trésorerie générale d’une caution conséquente, qu’ils récupéreront une fois de retour, s’il n’y a pas de dépassement et de problèmes.
Pour les candidats à la Omra ou à une visite qui se situe à une période précédant la fermeture par les autorités saoudiennes de ce rite, pour entrer dans celle du Hajj, les dispositions à prendre devraient être assez dissuasives pour faire fléchir ceux qui sont tentés par ce genre de… casse-pipe. Ceci dit, c’est là où on pourrait envisager une baisse du prix du Hajj, limiter les risques qu’encourent les Hajjijs, éviter ces aléas, toujours possibles dans des rassemblements aussi importants.