6e édition « La Mouldia » par l’Association de la Culture du Stambali: Prôner l’identité et la continuité

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Dar Ben Gacem, au cœur de la Médina, a abrité le 11 septembre, une conférence de presse pour annoncer la sortie du jour du Mouled baptisée «Mouldia ». C’est un rituel instauré par l’Association de la Culture de Stambali depuis 8 ans. La programmation festive qui célèbrera, ce dimanche 15 septembre, la naissance du prophète est une occasion propice de découvrir le charme des traditions à la Médina, afin de les faire perdurer pour le bonheur des grands et des petits.

La conférence a été inaugurée par Mokhtar Rassaa, ancien PDG par intérim de la Télévision tunisienne et fondateur, en 1983, du Festival de la Médina.

Défenseur fervent du grand héritage à préserver, il a d’abord évoqué les ruelles de la Médina désertées au mois de ramadan dans les années 60 et 70 et qui brillent aujourd’hui de mille feux grâce aux diverses activités culturelles.

Riadh Zaouch, fondateur et président de l’Association de la Culture de Stambali et de la troupe Sidi Ali Lasmar, a pris le relais pour souligner l’importance de ces traditions que nous tenons à faire connaître et à léguer à nos descendants. Des traditions orales, à travers les contes et les chansons, des arts du spectacle et d’autres pratiques sociales… Riadh Zaouch s’est engagé, à côté des institutions, des associations et des personnes porteuses de ces pratiques, à défendre ce patrimoine vulnérable grâce à leurs missions et leurs initiatives.

Avant de présenter les détails de «La Mouldia», il a tenu à rappeler la valeur sociale pertinente du Stambali, symbole identitaire d’un groupe qui prouve son enracinement au sein de la communauté tunisienne. Plus qu’un genre musical, ce rite ancestral est apporté par des minorités africaines à Tunis, comme à d’autres villes du Sud. Il est constamment présent au Festival de la Médina, modernisé avec de nouvelles touches artistiques et des pas de danse bien étudiés.

Cet art spectaculaire attire les visiteurs avec son ambiance et ses sonorités.

La Kharja du Mouled est instaurée par l’association en continuité avec cet esprit. Les organisateurs ambitionnent d’en faire  une animation de haut niveau qui séduit autant les locaux que les touristes étrangers.

Abdessatar Amamou, historien et conteur de la mémoire tunisoise, a intervenu pour expliquer l’évolution des festivités du Mouled depuis des siècles, à travers les dynasties successives. Des Fatimides à l’époque actuelle, nombreux sont les détails attrayants que l’on a abandonnés avec le temps.

Le programme

de la Mouldia dévoilé

Pour cette 6e édition, la sortie démarre le jour du Mouled à 9h de la Zaouia de Sidi Mehrez.

Elle passera par la place du Tribunal à 11h :30 et sera clôturée à la Zaouia de Sidi Ben Arous à 13h30.

Le Mouled sera donc plus qu’une tradition gourmande ou des cérémonies dans  quelques Zaouia et mosquées.

L’animation dans la rue marquera cette journée festive, avec des invocations qui chantent en joie la naissance du prophète.

Elle sera diffusée en direct sur la chaîne nationale. Les organisateurs comptent sur la collaboration de la municipalité de Tunis pour apporter les dernières retouches, grâce aux efforts du Délégué régional au tourisme de Tunis, présent à la conférence.

Campagne de nettoyage, aménagement du stationnement des voitures, des plans ont été élaborés afin d’embellir davantage ces endroits chargés d’histoire et les rendre à la hauteur des attentes des visiteurs.

« Ce projet ira loin, on espère », a lancé Riadh Zaouach, en indiquant qu’ils ont prévu de recevoir aux prochaines éditions des invités du Maroc, de l’Algérie et d’autres pays qui partagent ces traditions festives.

Revitaliser et préserver les joyaux historiques

La Zaouia de Sidi Ali lasmar, actuellement en effervescence et qui se prépare pour ce rendez-vous tant attendu, résiste difficilement à une menace de déperdition progressive et irrémédiable. Le local de l’Association de la Culture de Stambali a été mis en vente et est devenu une propriété privée en 1994, comme nous l’a confirmé  Riadh Zaouch après la conférence de presse. « L’Etat ne doit pas céder ces biens qui n’ont pas de prix. Chaque pierre a sa propre histoire à raconter. Je fréquente cet endroit depuis mes 11 ans. Après 49 ans, j’y suis toujours fidèle et je vous assure que la richesse qu’il transmet est incontestable. Il faut agir pour préserver ces Zaouia qui souffrent déjà financièrement avant qu’il ne soit trop tard », souligne-t-il avec  beaucoup d’émotion. « Les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas Sidi Mehrez Ben Khalaf ou encore Belhassan Chedli, d’où l’intérêt de renforcer la position de ces locaux par les activités qui créent une dynamique. »

Nous avons rencontré l’historien Abdessatar Amamou après la conférence et nous lui avons posé quelques questions par rapport à la conservation de la tradition de la Mouldia, avec l’évolution des mentalités et la modernisation de la société. Voici sa réponse : « Avec les spectacles qui s’organisent, la fête marque la naissance d’une personnalité religieuse, mais également une célébrité internationale. Ça incite donc les jeunes à se poser la question du pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a derrière cette fête ? C’est une histoire très ancienne d’un personnage adoré par des milliers de personnes. Nos enfants, avec la mondialisation, connaissent les stars de la musique et du football. En contrepartie, le Mouled, pour eux, c’est l’ « assida ». On souhaite par la Mouldia les encourager à chercher la symbolique et trouver des réponses dans les journaux, comme le  vôtre, ou par des outils de recherche modernes ».

La valeur de la Mouldia ne réside donc pas dans la manifestation elle-même. C’est toute une dynamique qui se crée à travers les ruelles de la Médina et les monuments qui seront animés. On doit obligatoirement maintenir cette spécificité culturelle face à la mondialisation croissante et agir collectivement afin de faire vivre les trésors inestimables matériels et immatériels de la Médina de Tunis.

Nous y reviendrons.

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