Les dernières pluies salvatrices ont été accueillies favorablement par les Tunisiens, particulièrement dans le monde rural. Les précipitations ont concerné globalement toutes les régions agricoles du pays, du Nord au Sud. Elles ont permis de réduire le déficit hydrique comparativement à la même période de l’année dernière.
Avec les dernières précipitations, peut-on s’attendre à une bonne saison agricole? En Tunisie, la pluie est toujours la bienvenue, quels que soient le moment de l’année et la région du pays. Outre son apport pour alimenter les cultures, elle a un effet sur la nappe phréatique et les eaux de surface. Mais les dernières intempéries restent insuffisantes pour inverser l’évolution de la prochaine saison agricole.
Adaptation aux aléas climatiques
L’adaptation aux calamités naturelles, notamment les épisodes récurrents de sécheresse qui impactent lourdement le secteur agricole, est aujourd’hui l’une des priorités du ministère de l’Agriculture. Il s’agit en effet de soutenir les agriculteurs pour faire face aux situations difficiles engendrées par le déficit en précipitations.
Les agriculteurs retrouvent le moral ces derniers jours. On a eu assez de pluies durant les dernières semaines, qui sont très bénéfiques pour l’année agricole et l’économie nationale, bien qu’elles ne soient pas suffisantes, mais très utiles du point de vue quantité, les barrages sont en train de se remplir et se régénérer.
Cette augmentation de la capacité des barrages est un signe positif pour les réserves en eau dans les régions, qui avaient souffert de la sécheresse. Espérons que cette tendance pluvieuse se maintiendra durant cette période automnale, sauvant ainsi la saison agricole.
Les experts, eux, pointent du doigt le changement climatique, affirmant que le pays devient de moins en moins capable de se nourrir par lui-même et de plus en plus dépendant des importations.
200 000 hectares supplémentaires réservés au blé
En Tunisie, le blé est la principale céréale consommée. Alors que le pays dépend à hauteur de 80 % des importations pour ses besoins, l’ambition des acteurs de la filière est d’augmenter le niveau de la production locale.
En effet, la culture du blé devrait être réalisée sur une superficie de 1,17 million d’hectares au cours de la campagne agricole 2024/2025, selon les projections de la direction générale de la production agricole (Dgpa) du ministère de l’Agriculture.
Cette prévision, si elle se réalise, enregistrera une augmentation de 200 000 hectares par rapport à la superficie qui y était consacrée au cours de la campagne précédente (972 000 hectares). D’après Mohamed Ali Ben Romdhane, représentant de la Dgpa, « le principal défi sera de faire face aux conditions climatiques marquées par la sécheresse persistante qui dure depuis plus de 5 ans. La faible pluviométrie, notamment au cours de la deuxième quinzaine de mars 2024, et la hausse des températures ont lourdement impacté les grandes cultures en 2023/2024. Pour cette nouvelle campagne, nous voulons orienter les agriculteurs à cultiver le blé dur dans la région de l’extrême nord et dans les superficies irriguées .
La même direction estime qu’une telle augmentation de la superficie emblavée permettra d’accroître la récolte du blé qui s’est établie à 600 000 tonnes au cours de la campagne précédente.
Pour soutenir l’appareil productif au cours de la campagne 2024/2025, le gouvernement a fourni aux agriculteurs environ 30 000 tonnes de semences de céréales sélectionnées et 370 000 tonnes d’engrais.
D’après le tableau de bord de l’agriculture tunisienne, dressé par l’Observatoire national de l’agriculture tunisienne pour le premier semestre de 2024, l’un des faits marquants de cette année est la nette amélioration de la balance commerciale alimentaire. Avec un taux de couverture atteignant 154,5% pour les premiers six mois de 2024, la Tunisie a enregistré un excédent de 1834,7 millions de dinars tunisiens (MDT), contrastant fortement avec le déficit de 536,6 MDT, observé durant la même période en 2023.
Cette performance remarquable s’explique principalement par une augmentation significative des exportations alimentaires, qui ont atteint 5198,6 MDT, soit une hausse de 49,1% par rapport à l’année précédente. En parallèle, les importations ont diminué de 16,4%, s’établissant à 3363,9 MDT.
L’impact des pluies sur l’agriculture locale
Alors que le pays célèbre le retour des pluies, il est essentiel de prendre en compte les défis qu’elles apportent. La régénération des ressources en eau est une bonne nouvelle, mais les pertes agricoles rappellent l’importance de la gestion prudente des ressources, tant naturelles qu’économiques. Les agriculteurs doivent adapter leurs pratiques pour minimiser les risques futurs et garantir la durabilité de leur activité.