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Présidentielle 2024 | Les personnes à besoins spécifiques et la campagne électorale

L’Etat protège les personnes handicapées contre toute discrimination et prend toutes les mesures propres à leur garantir une entière intégration au sein de la société (art. 54 de la Constitution tunisienne)

Comment faire entendre la position de ceux qui ont perdu la voix ? Comment rendre audibles leurs doléances et comment surtout rendre accessible l’information relative aux élections auprès des malvoyants ? Des questions sur lesquelles s’est penchée l’association «Ibsar» pour la culture et loisirs des non voyants et malvoyants, lors de sa rencontre organisée à Tunis, dimanche dernier, en faveur de plus d’une trentaine de jeunes en situation de handicap. L’objectif des organisateurs étant d’évaluer les connaissances de ces personnes autour de la Présidentielle 2024. Il se trouve que le constat est mitigé, puisqu’il s’est avéré que la majorité des participants ignoraient tout ou presque de la Présidentielle. Le président de l’association ainsi que les participants critiquent cet état de fait.

Une conférence et des tests de connaissances

Pour évaluer les connaissances des personnes présentes dans la salle souffrant de déficience visuelle ou auditive, les organisateurs ont donc procédé à l’affichage sur écran de la date de la Présidentielle, les photos des candidats, les manifestes électoraux, le code de vérification du bureau de vote et enfin une photo de l’Assemblée du peuple. Il se trouve que les participants à la rencontre ignorent presque tout de la Présidentielle. Comment un mal voyant pourrait-il lire un journal ou une information publiée sur les réseaux sociaux, si elle n’était pas expliquée par un support audible ?

Et pour un malentendant qui regarde des spots publicitaires autour de cette Présidentielle, sans qu’elles soient interprétées par le langage des signes », souligne l’une des participantes. Parmi les photos des candidats, la majorité ne reconnaît que celle de Kaïs Saïed. Par ailleurs, seulement huit personnes parmi les présents ont eu vent de la date précise de la présidentielle, ainsi que le nombre de candidats en lice. A quoi rime la période du 14 septembre 2024 au 4 octobre ?

Une seule jeune fille a pu répondre à cette question. Il s’agit de la période consacrée à la campagne électorale, répond-elle fiè￾rement. Quant à la photo relative à l’Assemblée des représentants du peuple, la majorité ignore de quoi il s’agit et le rôle qui lui incombe. Les organisateurs ont tenu à cet effet à informer les participants des attributions de l’ARP et à répondre à toutes leurs questions se rapportant à la participation au prochain scrutin.

L’instance électorale sur la sellette

La déclaration du président de l’association «Ibsar» Mohamed Mansouri, à notre journal à la fin de cette rencontre est venue jeter une lumière crue sur le traitement réservé à ces personnes durant la campagne électorale.
Il n’a pas hésité à pointer à cepropos l’absence de sous-titrage destiné aux personnes sourdes ou malentendantes lors de la diffusion des programmes réservés aux activités électorales. « Même l’Isie n’a pas pensé au langage mimique destiné aux sourds-muets en diffusant ses activités sur la chaîne nationale ». Inacceptable, regrette-t-il. Au moins 400 mille personnes en situation de handicap et en âge de voter sont privées d’informations relatives à la Présidentielle (campagnes, programmes des candidats…) comme il nous a été donné de constater lors de cette rencontre.

Les supports d’information sont inadaptés à ces personnes, ajoute-t-il. Mohamed Mansouri rappelle qu’il a adressé une lettre à l’instance électorale depuis le mois d’août dernier, mais n’a reçu aucune réponse, à ses dires. « Le langage des signes est quasi absent sur nos écrans et l’Isie n’a pas donc tenu compte des sourds-muets lors de la campagne électorale », nous confie-t-il.
Suite à cette rencontre, La Presse a tenté de contacter le porte parole de l’Isie pour recueillir ses commentaires, mais pas de réponse en retour.

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