Le choix des joueurs et le discours du sélectionneur n’ont aucune suite, et entre ce que dit Benzarti et ce qu’il fait, il y a tout un monde.
Choqués, déçus, indifférents, satisfaits, on peut déceler tous les types de réaction de l’opinion sportive après l’annonce de la liste de l’équipe nationale pour jouer les Comores les 11 et 15 octobre. Mais une tendance s’impose auprès des observateurs et les intéressés par l’équipe de Tunisie. On est déçu et parfois abasourdi par l’énorme contradiction du nouveau sélectionneur national et de son staff. Il y a vraiment de quoi s’inquiéter et de se poser des questions. Le problème n’est pas de se qualifier à la prochaine CAN, car c’est le strict minimum à faire pour ce groupe de joueurs et face à des concurrents assez moyens.
Ce n’est pas là le plus urgent. Ce qui nous intéresse, c’est le fait de savoir si l’équipe nationale est sur la bonne voie ou non, si on est en train de reconstruire une nouvelle équipe et de déclencher, ou non, un nouveau cycle sous la conduite de Benzarti. Et avec cette liste présentée et aussi les déclarations du sélectionneur national, on est certain d’une chose. Il y a une totale incohérence, une sorte de contradiction (visée a priori) qui fait que ce que fait Benzarti n’a rien à voir avec ce qu’il dit.
Et, bien sûr, beaucoup de points «polémiques» et des décisions où on relève aisément cette criarde incohérence d’un Faouzi Benzarti qui semble dépassé et loin de l’image qu’on lui prête, c’est-à-dire l’image de quelqu’un d’indépendant et d’impartial.
Le cas Béchir Ben Saïd
Il faut rentrer dans la tête du sélectionneur national pour comprendre pourquoi il insiste sur Béchir Ben Saïd, relégué à un rôle de remplaçant à l’EST. Après avoir été le premier gardien de la sélection, Ben Saïd a perdu ce statut de son propre gré en allant à l’EST pour faire le remplaçant de Memmiche. Il a préféré l’argent à une carrière de premier gardien. Alors, il doit assumer. Il n’a joué qu’un petit match qui n’a aucune valeur, mais il est, à chaque fois, rappelé par Benzarti qui a déclaré que seuls les titulaires sont retenus. En même temps, il ferme les yeux sur Hlel, le gardien stadiste qui sort de bons matches depuis la saison dernière. Et il éloigne Ali Jemal qu’il a rappelé lui-même lors des deux premiers matches ! Que veut-il dire ? Seul lui semble pouvoir justifier cette incohérence.
Hadj Mahmoud, l’injustice
S’il est un joueur qui incarne l’injustice depuis des années, c’est sûrement Hadj Mahmoud. Le locataire de Lugano, qui s’impose en Suisse comme l’un des milieux défensifs les plus tenaces et les plus réguliers, vit un certain veto en équipe nationale. Cela date depuis des années. L’ex-étoilé a progressé en allant jouer à l’étranger, mais cela n’a pas suffi pour qu’il obtienne une chance de jouer dans un poste où les choix ne sont pas si vastes.
Rappelé puis écarté, cela veut dire que ce n’est pas un joueur qui rentre dans les choix de Benzarti. Et pourtant, c’est lui-même qui l’a encensé et dont il a dit qu’il va compter sur lui. Un joueur comme Hadj Mohamed, qui n’a pas une place dans une liste de 28 joueurs, c’est quand même étrange pour n’importe quel connaisseur. En même temps, des joueurs finis ou en grande baisse, ou même incapables de surmonter leur mauvaise période, sont toujours là. Allez comprendre.
Une autre image !
Ce qui est frappant dans le discours de Faouzi Benzarti, c’est qu’il est plein de contrastes. Le monsieur ne convainc pas grand monde depuis qu’il a été parachuté par Wassef Jelaïel. Et les deux premiers matches ont conforté cette mauvaise impression. Discours obsolète et une image emportée des années 80 et 90 de quelqu’un d’innovateur et d’autoritaire qui brise les tabous, mais la réalité est tout autre. Benzarti n’a fait que s’aligner sur ce qui se passe en sélection depuis des années. Une sorte de culture du «clientélisme» et de l’influence de quelques joueurs et agents de joueurs vip. Pas mal de joueurs sont là mais ils ne méritent pas leur place. Ils dictent leur loi pour écarter ceux qui ne leur plaisent pas, même s’ils sont confirmés. Ça dure et au moment où on a essayé de reconstruire l’ossature, dans les derniers matches de Kadri et dans l’intérim de Louhichi, on a tout fait pour détruire cet élan. Benzarti n’a fait qu’obéir aux diktats des coulisses et des vestiaires. L’exemple de Achouri en est l’illustration. Un joueur qui joue en Ligue des champions et qui a tous les moyens et les atouts pour emmener l’équipe est ignoré par Benzarti. Ceci pour faire plaisir aux joueurs «finis» et «gâtés» de la sélection.
Et après tout cela, Faouzi Benzarti nous sort ses «clichés» genre «la souffrance est le seul moyen de réussir en sélection». De quelle souffrance parle-t-il ? C’est un mot qu’il ne cesse de réitérer sans qu’il sache, a priori, son sens et ses projections. On est en football, en sélection. On a l’habitude d’entendre des termes tels que «abnégation», «résilience», «courage», «sacrifice», «générosité», etc., mais cette culture de «souffrance», c’est propre à notre sélectionneur. Un discours qui, repris à plusieurs reprises, renvoie à des idées préjoratives. Il est temps qu’on lui dise cela parce que tout le monde écoute et interprète ses propos à son gré.
De jour en jour, on s’assure de cette contradiction et de cette incohérence dans le mode de fonctionnement de Faouzi Benzarti en sélection. Les risques s’avèrent énormes à moyen terme, surtout pour la qualification au prochain mondial. On a déjà averti !