Le Tunisien a l’impression qu’après 2011, tout semble être en stand-by. La Tunisie a du mal à franchir le cap. Elle vit au jour le jour et elle peut s’estimer heureuse d’être encore debout. Mais l’espoir de lendemains meilleurs l’emporte toujours.
Ceux qui connaissent l’histoire du pays sont convaincus que les années glorieuses sont celles du début de l’indépendance. Et plus exactement les trente années qui suivirent. C’était le moment des grandes réalisations et des grands projets.
Forte volonté politique
Aux grandes ambitions affichées par les responsables, il y avait une volonté politique sincère et une adhésion populaire. On peut affirmer, aujourd’hui, que tout ce qui fait la force de la Tunisie a été réalisé dans ces années-là.
Au niveau superstructures et infrastructures, on comptait, alors, les maisons de culture, les maisons du peuple, les maisons de jeunes, les bibliothèques, les stades, etc. Dès le début des années 60, on a commencé à poser les premiers jalons d’une véritable industrie.
On peut citer l’usine de cellulose à Kasserine, les fonderies de Menzel Bourguiba, les raffineries de Zarzouna, la Société tunisienne d’industrie automobile (Stia), les Ateliers mécaniques du Sahel (AMS) et on en oublie.
L’édification des barrages, la construction d’autoroutes, sans parler de la gratuité de l’enseignement et des soins ont marqué les efforts de développement. Tout cela s’est poursuivi, sans interruption jusque dans les années 90.
Il est à rappeler, par ailleurs, que dès la fin des années 70, la Tunisie avait pensé à se doter de l’énergie nucléaire (production d’électricité). Une centrale nucléaire était même envisagée à l’horizon de 1995.
Pourtant, les fonds sont disponibles
Un petit bémol toutefois. Il s’agit, surtout, de la suppression de certaines lignes de chemin de fer et l’élimination de moyens de transport comme les trolleys ou les tramways qui desservaient plusieurs destinations dans la capitale et sa banlieue. Ils utilisaient, déjà, l’énergie électrique ! Dommage ! C’était, peut-être, par manque de vision stratégique ou par mauvais calculs ou, encore, par l’entrée en ligne de jeux d’intérêts. Il n’en reste pas moins qu’après cette dynamique et cet élan, tous les projets (petits et grands) ont été mis en veilleuse ou, tout simplement, bloqués. De vastes programmes parmi les plus importants ont commencé à connaître toutes les difficultés du monde pour leur réalisation. Pourtant les fonds qui leur étaient alloués étaient disponibles.
Ne pas baisser les bras
Dès 1986, la première ligne du réseau du métro a été inaugurée. C’est la ligne n°1 reliant la place Barcelone à Ben Arous. Les autres lignes vont suivre pour s’arrêter à la ligne 6. Celle-ci attend encore d’être parachevée selon les prévisions. Autrement dit jusqu’à El Mourouj 6. C’était prévu pour 2017 ! Il en est de même pour le mégaprojet du Réseau ferroviaire rapide ou RFR. Il devait desservir de nombreuses destinations de la banlieue de Tunis pour toucher Gobaâ, Mnihla, Ezzouhour, Bhar Lazreg, etc. L’achèvement de cet imposant ouvrage était fixé pour. … 2013 ! Jusqu’à l’heure on n’a réussi à en réaliser qu’un petit tronçon sur la ligne E. Et l’on peine encore à lancer la ligne D. On peut évoquer, aussi, le projet du port en eaux profondes. Une discussion stérile à propos du lieu de son implantation (entre autres) a servi de prétexte pour ne rien faire. Aujourd’hui, c’est à peine si on parle de projets géants ou de grandes réalisations. La question, par exemple, d’une ligne TGV devant relier le nord du pays (Bizerte) au sud (Tataouine) est au stade du rêve. Il est toujours bon de rêver. Sur ce point les idées avancent. Il faut surtout tenir bon et ne pas renoncer à aller au bout du rêve. Même si d’importantes réalisations attendent, à l’instar de la cité médicale de Kairouan ou Sport City dans la banlieue Nord de Tunis, il n’y a pas lieu de baisser les bras. Nos décideurs, nos ingénieurs, nos concepteurs et autres rêveurs sont invités à innover et à inventer. Trop d’idées en gestation, d’où il faudrait passer à l’acte.