Nous pensions qu’il a été enterré ce projet de loi devant administrer et organiser les associations et les lobbies qui tiennent en laisse le sport tunisien, à la faveur d’une loi les régissant, dépassée et faite sur mesure, pour permettre à ceux qui l’ont concoctée de s’emparer à l’éternité des rouages, des avantages et du fonctionnement de ces clubs, fédérations et autres organismes. Tout a buté contre la durée et le nombre de mandats. Ceux qui étaient là refusaient de passer le témoin aux générations montantes d’hommes et de femmes de valeur et s’accrochaient à leurs postes en dépit de leur essoufflement constaté et prouvé. Le dernier Conseil des ministres restreint l’a remis à l’ordre du jour.
Tous ceux qui commençaient à désespérer ont repris espoir. Maintenant que les choses ont été exposées avec une précision des buts et objectifs, l’impasse s’est transformée en voie passante. Notre sport national ne méritait pas ces atermoiements qui lui ont porté de si grands préjudices. Les clubs, fédérations et autres organismes sportifs pataugeaient, depuis plus d’une décennie, dans la médiocrité et le laisser-aller, instaurés par le manque d’initiatives, l’absence d’idées constructives et surtout une léthargie qui s’est emparée d’un secteur où la Tunisie a prouvé qu’elle avait son mot à dire.
Les médailles olympiques et les titres mondiaux glanés par nos jeunes filles et garçons, ne devraient en aucun cas cacher que près de quatre-vingt-quatre pour cent des Tunisiens… ne pratiquaient pas de sport. Indépendamment des répercussions que cela implique sur la santé et sur l’aspect associatif, cette défiance soulève l’organisation du troisième milieu qui s’appauvrit, faute de réglementation et d’initiatives à même de relancer le sport et l’éducation physique dans le pays.
La violence fille du désœuvrement et de l’absence d’encadrement, l’ensauvagement qui gagne du terrain, sont des conséquences logiques de cette métamorphose qui surprend, mais à laquelle il fallait s’y attendre. La présence des ministres de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice, des Finances et de la Jeunesse et des Sports autour du Chef du gouvernement prouve, si besoin est, que les décisions ne tarderont pas pour permettre enfin au sport national de redécoller et de se saisir de la place qui lui sied sur le plan international. Cette mise à niveau ne pouvait avoir lieu sans l’injection de nouvelles idées, l’arrivée d’hommes et de femmes frais, sans complexe et piaffant d’impatience depuis des années, barrés par des personnes qui ont certes servi, mais desquelles la routine s’est emparée, au point de devenir des obstacles à tout renouvellement.
Le sport dans le monde a beaucoup évolué. Ses instances nationales et internationales se sont adaptées aux nouvelles contraintes de la vie moderne. L’intégration du sport et de l’éducation physique est devenue une obligation pour assurer la prise en main et la formation des générations montantes. Les performances progressent et la qualité de la préparation est devenue une condition incontournable pour coller aux meilleurs. Le sport tunisien, qui dispose d’un nombre impressionnant de cadres de qualité, est en mesure de faire beaucoup mieux et de porter haut les couleurs nationales. Les activités sportives et de loisirs sont en relation étroite avec l’évolution économique et sociale d’un pays. Cette relation se retrouve dans les moyens que l’on consacre pour suivre le rythme endiablé qu’imposent les nations développées.
Les dernières olympiades, où nous avons fait bonne figure, en dépit de nos modestes moyens et des négligences impardonnables qui ont eu lieu, ont permis de consolider l’idée que nous avons de nos possibilités. Elles ont conforté l’opinion que nos adversaires potentiels ont de nous sur le plan international. L’élite tunisienne est de qualité. Alors que des pays beaucoup mieux nantis, disposant d’une population autrement plus nombreuse, rentrent bredouilles, les couleurs tunisiennes grimpent aux mâts d’honneur et titillent les podiums.
Le coup de reins qu’attendent tous ceux qui souhaitent voir les choses changer, ceux qui croient fermement que nous pouvons beaucoup mieux faire est possible. Nos jeunes valeurs seront en mesure de reprendre espoir et ne penseront pas à partir sous d’autres cieux. Les sports dans lesquels nous avions toujours fait bonne figure, minés par la médiocrité et la mauvaise gouvernance, redeviendront ce qu’ils étaient. Nous avons la chance de connaître ce qui nous fait défaut : des installations légères, modernes, fonctionnelles, une gouvernance exempte de suffisance et de parti pris, un espace horaire convenable (l’école à séance unique est actuellement à l’essai), et surtout une volonté d’œuvrer de manière collégiale pour la relance du sport national.