Selon un récent rapport de l’Itceq, consacré à l’analyse des principaux résultats du dernier rapport « Global Innovation Index » (GII), un recul a été constaté dans plusieurs indicateurs. Néanmoins, la Tunisie affiche encore des performances relativement robustes dans certains domaines clés de l’innovation, notamment les TIC, la création de savoir et le capital humain.
Malgré un recul dans le classement mondial de l’innovation, la Tunisie reste un exemple d’efficacité dans le domaine, grâce à sa capacité de convertir les investissements limités en résultats concrets. Son écosystème innovant, bien qu’affaibli par des obstacles institutionnels et financiers, se distingue par des performances solides dans des secteurs clés comme les TIC, la production de savoir et le capital humain. Dans une note récente, l’Itceq a analysé les principaux résultats du dernier rapport « Global Innovation Index » (GII), référence majeure en matière de compétences innovatrices dans divers pays.
Le rapport a d’abord présenté les principaux résultats au niveau mondial, puis s’est concentré sur l’évolution du classement de la Tunisie dans le GII 2023. En effet, le GII met en valeur et classe les performances des écosystèmes d’innovation sur la base de deux grands piliers : les entrées et les sorties.
Le pilier des intrants comprend cinq indicateurs : les institutions, le capital humain et la recherche, l’infrastructure, la sophistication du marché et la sophistication des affaires. Le pilier des extrants comporte deux indicateurs : les résultats du savoir et de la technologie, et les résultats de la créativité.
Efficacité de l’écosystème
Ces indicateurs sont calculés en agrégé des données provenant de 80 sous-indicateurs couvrant des domaines tels que l’environnement politique, l’éducation, l’infrastructure et la création de connaissances. Le score GII varie entre 0 (pour les moins bonnes performances) et 100 (pour les meilleures) et est calculé comme la moyenne des scores des deux piliers, inputs et outputs.
Le rapport révèle que le classement de la Tunisie dans l’indice mondial de l’innovation (GII) a chuté du 73e rang en 2022 au 79e en 2023, marquant une tendance baissière depuis 2019. Le score global du pays a également diminué d’un point entre 2022 et 2023. Cette tendance baissière a affecté la majorité des indicateurs, en particulier ceux liés aux inputs. En revanche, les résultats de la Tunisie au niveau des rendements sont plus favorables. « La Tunisie produit plus de résultats par rapport à son niveau d’investissement dans l’innovation», observe-t-on dans le rapport. Le document souligne, également, que cette différence, favorable aux résultats, témoigne d’une certaine efficacité de l’écosystème d’innovation du pays, contrairement à la majorité des pays du monde arabe. La Tunisie est, en effet, reconnue pour son efficacité à convertir les investissements en innovation en résultats concrets, se classant parmi les 21 pays qui dépassent les attentes par rapport à leur niveau de développement économique. Le rapport met en évidence la divergence entre les inputs (ressources réparties à l’innovation) et les outputs (résultats obtenus), où la Tunisie affiche de meilleures performances en termes d’outputs que d’inputs. Cela suggère une certaine efficacité dans l’écosystème d’innovation du pays. Malgré la baisse de son score global, la Tunisie se distingue favorablement par rapport à d’autres pays arabes, comme les Émirats arabes unis ou l’Arabie saoudite, en termes d’efficacité de son écosystème.
Performances institutionnelles et capital humain à améliorer
Cette baisse est principalement due à la suspension du rapport «Doing Business» par la Banque mondiale et au remplacement de ses deux sous-indicateurs, «Environnement des affaires» et « Facilité de résolution de l’insolvabilité» (où la Tunisie était classée avec des scores de 94,6 et 54,2 respectivement dans le dernier rapport DB), par les sous-indicateurs «Politiques pour faire des affaires» du Forum économique mondial et «Politiques et culture de l’entrepreneuriat» de la National Expert Survey (Global Entrepreneurship Monitor), où la Tunisie a enregistré des scores très faibles, soit respectivement 26,5 et 10,6.
Concernant le capital humain, cet indicateur reste un atout pour la Tunisie qui, malgré la régression enregistrée dans trois sous-indicateurs, est classée au 46e rang avec un score de 36,1 contre 37,4 en 2022. Ce recul est principalement attribué à la baisse du score de la Tunisie au niveau du sous-indice «Education», où le pays a perdu 2,1 points et 6 places entre 2022 et 2023. Cette contre-performance s’explique par la diminution de la part des dépenses consacrées à l’éducation en pourcentage du PIB, qui est passé de 7,3 % en 2022 à 6,2 % en 2023.
Infrastructures et technologies de l’information, un atout pour la Tunisie
Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) demeure un atout pour le pays, avec des scores élevés en termes d’accès et d’utilisation des TIC. Néanmoins, les infrastructures tunisiennes liées à l’innovation présentent certains signes de faiblesse. L’absence de certaines données, comme celles du « Logistic Performance Index » de la Banque mondiale, a contribué à une baisse du score global dans cet indicateur.
L’indicateur de sophistication des affaires, qui évalue l’innovation au sein des entreprises, est l’un des domaines où la Tunisie souffre le plus. Le pays accuse un retard important par rapport à ses voisins arabes, notamment en ce qui concerne la collaboration entre entreprises et universités, ainsi que le développement de clusters d’innovation.
En revanche, la Tunisie réalise de meilleures performances en ce qui concerne le « Crédit domestique accordé au secteur privé», avec un score de 81,7, se classant au 42e rang mondial et au 5e rang arabe, derrière les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït et le Liban. La Tunisie se distingue également dans la composante «Crédits fournis par les institutions de microfinance/PIB», où elle se classe 25e sur 132 pays, avec un taux de 1,1 %, contre 0,8 % pour la Jordanie, 0,4 % pour l’Egypte et 0,7 % pour le Maroc.
Le domaine de la création du savoir reste une force pour la Tunisie, avec des résultats solides dans la production d’articles scientifiques. Cependant, la créativité en ligne et l’exportation de biens et services créatifs restent des points faibles, bien que des améliorations améliorées aient été constatées en 2023.
En somme, malgré un recul dans plusieurs indicateurs, la Tunisie affiche encore des performances relativement robustes dans certains domaines clés de l’innovation, notamment les TIC, la création de savoir et le capital humain. Le défi pour le pays est de surmonter les obstacles institutionnels et financiers tout en renforçant la coopération entre les acteurs de l’innovation, afin de retrouver une trajectoire de croissance positive dans l’indice mondial de l’innovation.