Dans cette crise aiguë et grave des arbitres, il y a une donnée qui a échappé presque à tout le monde. Les impayés de nos arbitres remontent à plus de 3 ans, c’est-à-dire des temps de Wadii El Jary. L’un des arbitres a même dit que l’ex-président de la FTF, qui a réussi à résoudre les problèmes financiers de sa fédération en comptant sur des sponsors et, bien sûr, sur les dotations de la Fifa à chaque qualification au mondial, ne payait pas à temps les arbitres. Il le faisait tous les 6 mois et parfois plus. Pourquoi les Sadok Selmi, Yousri Bouali et tous nos arbitres se sont révoltés aujourd’hui vis-à-vis d’un comité de normalisation désigné par la Fifa et qui n’a pas les moyens de résoudre tous les problèmes de la FTF? Faire la grève et bloquer la reprise de la Ligue 2 est un précédent qui intrigue et qui témoigne d’une mauvaise gestion de ce dossier.
Non payés depuis 3 ans, nos arbitres n’osaient même pas dénoncer cela devant Wadii El Jary qui avait un ascendant sur eux et qui les guidait comme il voulait. C’est la vérité. A son époque, les arbitres exécutaient bien des rôles et influençaient clairement le championnat de haut en bas du classement. Parti, El Jary a laissé une ardoise pleine vis-à-vis des arbitres. Son successeur, Wassef Jelaïel, dont le passage catastrophique a secoué la FTF et le football tunisien placé sous la tutelle de la Fifa, n’a pas fait mieux. Et pour marquer sa rupture avec son «ex-patron», il a ramené l’un de ses ennemis, Neji Jouini. Ce dernier, débarqué avec plein d’espoirs et de vœux, est passé à côté du sujet. Son autorité, son ego et la panne d’argent ont fini par le mettre sur le départ avec une énorme déception de la part de tous ceux qui avaient pensé, à tort, que Neji Jouini était le sauveur de l’arbitrage tunisien. Et dans tout cela, aucune grève, aucune protestation, aucune menace. C’est maintenant que les arbitres ont réagi et bloqué le retour de la Ligue 2. Le problème sera résolu avec l’intervention du ministère des Sports qui va assurer le paiement échelonné des redevances des arbitres. Mais va-t-on s’arrêter là ? Et si on sait que Kamel Idir, grand perdant de cette grève des arbitres réussie samedi et dimanche derniers, a confié ce secteur sensible à Mourad Daâmi, on ne devra pas être complètement rassuré. Le nouveau patron des arbitres et ses collègues à la DNA n’étaient pas des références quand ils étaient arbitres et plus tard responsables et instructeurs. Idir a choisi la fuite en avant en refusant de parler directement aux arbitres contestataires et donner des gages pour les persuader. Et en optant pour Daâmi, Guirat, Mansri et Nouira, Idir a plongé dans le passé pour résoudre les problèmes d’un arbitrage qui a si changé. Le bras de fer ne va pas s’arrêter, ni les polémiques avec un championnat long, sans VAR, et où les arbitres ont brisé le tabou et n’ont plus peur !
Kamel Idir devra faire très attention car ce championnat risque de s’enflammer, voire de déraper si les arbitres ne sont pas motivés et à la hauteur. Une chose est sûre, ce n’est pas uniquement une question d’impayés et d’argent, c’est beaucoup plus profond.