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Esquisse | Omm Malal, régente de l’Ifriqiya (I)

 

Comme les semaines précédentes depuis le début de l’été, nous allons continuer aujourd’hui à feuilleter l’album des ancêtres au féminin qui ont eu sur la société un impact dont les effets continuent parfois à se faire ressentir, même en dehors de nos frontières, comme celui laissé par Aroua en Tunisie aussi bien que dans l’empire islamo-arabique et que nous avons rencontrée la semaine dernière ou, cette semaine, celui légué par Sayda es-Sanhajia, encore réputée sous le sobriquet de Omm Malal. Peu de gens en dehors des spécialistes connaissent cette figure, pourtant marquante à plus d’un titre dans l’histoire de ce pays. Pas de textes scolaires pour en rappeler le profil, pas de noms de rues ou de places pour en commémorer le souvenir. Tout juste, à Monastir, la désignation d’un cimetière par l’appellation de jâbbénet-es-Sayda rappelle-t-il l’existence de cette grande dame de notre histoire. Nous devons à Hassen Hosni Abdelwahab, dans son ouvrage «Chahirât et-tounousiyèt» (Tunisiennes célèbres), le regroupement de bribes biographiques à travers les rares citations contenues dans les écrits des précédents à son propos, à l’instar du grand Ibn Khaldoun et d’Ibn Abi Dinar, ainsi que le résultat d’investigations personnelles qu’il avait menées dans des archives,  notamment celles de la Grande Mosquée de Kairouan. Pour bien comprendre l’importance du rôle joué par cette dame dans l’histoire de notre pays, il faut se replacer dans le contexte de l’époque. En l’an 973, à leur départ pour l’Egypte qu’ils avaient conquise en 969, les Fatimides, dont l’avènement remonte à 910 et qui avaient fondé al-Mahdia, ont confié la régence de l’Ifriqiya à Mansour ibn Boulouggin, chef d’une branche de la puissante fédération amazighe des Zirides qui dominaient tout le Maghreb, les Sanhajites.

Très rapidement, des forces centrifuges de cette même fédération ont provoqué l’éclatement de la province avec le détachement de la « taïfa » de Cordoue, en Andalousie, et l’apparition de multiples principautés à l’ouest et au centre de la province, amenant les princes régents à partir en guerre pour mater les rebellions et pour restaurer l’unité de cette partie de l’Etat fatimide. Mais les prémices d’une émancipation à l’égard de cet Etat se dessinaient déjà dans l’initiative d’el-Mansour de se faire bâtir un somptueux palais, non pas à Mahdia, centre du pouvoir régional, mais dans les environs de Kairouan, l’ancienne capitale du Maghreb.

C’est dans ce palais et dans ce contexte qu’est née à une date indéterminée Sayda es-Sanhajia (Omm Malal).

(A suivre)

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