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Commentaire: Non aux diktats du FMI !


La Tunisie, à l’instar de bon nombre de pays, a besoin d’un soutien financier international pour assurer une croissance économique soutenue et créer de l’emploi et de la richesse. Un besoin pressant et essentiel pour un pays qui a beaucoup souffert des conséquences néfastes de la pandémie de Covid-19 mais également de la corruption et des mauvais choix économiques et financiers de la décennie écoulée. Cependant, ce besoin ne peut en aucun cas justifier le recours mal étudié aux financements étrangers, notamment celui du Fonds monétaire international (FMI). Oui, la Tunisie a plus que jamais besoin du soutien financier international, mais pas à n’importe quel prix !

Notre pays semble résolu sur cette question qui, de prime abord, revêt un aspect financier mais cache en réalité toute une stratégie malsaine de la part de certains bailleurs de fonds internationaux, notamment le FMI et la Banque mondiale, deux institutions dont le rôle de l’une complète celui de l’autre. Car, sur le papier, l’objectif de ces deux institutions monétaires internationales a l’air noble : amélioration du niveau de vie des pays membres. C’est ainsi qu’on nous a toujours fait croire que l’action du FMI consiste a réguler le système financier international de manière à assurer sa stabilité. Mieux encore sur le papier: jeter les bases d’une croissance économique pérenne pour chaque Etat membre. Hélas, la réalité est tout autre. Car, ces objectifs «nobles» ne sont que l’habillage d’une stratégie d’hégémonie et d’ingérence dans les affaires de pays indépendants. Il suffit de regarder autour de nous la situation dans laquelle se trouvent certains pays ayant recouru au soutien financier étranger de manière imprudente. Tous les pays, sans exception, ayant bénéficié de l’assistance de cette institution n’ont pas pu retrouver l’équilibre financier recherché ni la croissance économique escomptée. Bien au contraire, leur situation économique s’est dégradée, laissant la place à une crise économique structurelle. Car ils se retrouvent dans un cercle vicieux de surendettement insupportable. Résultat : chercher à payer le service de la dette et échelonner le payement du principal de la dette.

La situation dans laquelle se sont engouffrées la plupart des économies financées par le FMI est le résultat d’un calcul mercantile et inhumain imposé aux pays pauvres pour qu’ils s‘enlisent davantage dans la pauvreté et le désordre. Tout simplement parce que la restructuration économique imposée à ces pays pour qu’ils puissent bénéficier de prêts n’a rien à voir avec les spécificités, les atouts économiques et les choix sociaux de chaque pays. Bref, la restructuration économique des pays endettés dictée par le FMI ne repose pas sur une vision globale qui prend en compte la nécessité absolue de préserver le pouvoir d’achat des citoyens qui sont  de plus en plus appauvris. Ainsi, ces derniers sont-ils exclus ou presque de la vie économique puisqu’ils ne contribuent plus de manière significative à la stimulation de la demande intérieure, véritable moteur de la croissance économique.

Du rôle politique du FMI

Par ailleurs, les dégâts ne s’arrêtent pas à ce stade ! Le FMI ne fait pas dans la charité, c’est plus qu’un bailleur de fonds ordinaire puisque il devient un acteur politique important à même d’orienter les choix politiques de certains pays endettés. Le rôle politique du FMI dépasse sa mission d’accompagnement des pays en difficultés économiques et va jusqu’à dicter «des conseils politiques et économiques». En d’autres termes, cette institution va jusqu’à prendre la place des décideurs nationaux et impose des modèles économiques à suivre. L’objectif n’est pas uniquement de garantir la capacité de remboursement des dettes mais aussi de promouvoir une classe politique « docile » garante de la stricte application des orientations stratégiques de cette institution.

C’est dans ce contexte qu’on peut comprendre la position ferme de notre pays vis-à-vis du comportement hégémonique de Bretton Woods qui doit revoir ses modalités de coopération avec les pays membres. Une position claire nourrie par des arguments solides et qui témoigne d’un sens du patriotisme et d’un souci de préservation de la souveraineté du pays. De toutes les manières, la Tunisie n’est pas la seule partie au monde qui a dit non aux diktats du FMI. Plusieurs voix libres s’élèvent un peu partout pour dénoncer cet excès intolérable. En témoigne une étude élaborée par d’éminents économistes et qui met à nu les pratiques honteuses du FMI en l’accusant d’adopter une «politique de surtaxe» obligeant les pays endettés à «payer la note pour le reste du monde». Des surtaxes et commissions additionnelles qui rendent la charge de paiement de la dette insoutenable, voire impossible.

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