Nos infrastructures face aux aléas du climat : Plans d’aménagement à revoir !

 

Il y a quelques jours, Sousse, Monastir, le Cap Bon et bien d’autres régions de la capitale ont été gravement affectés, et l’on a vu des zones et des routes complètement ravagées par des flux d’eau débordant ainsi les regards et les égouts d’évacuation, déjà restés sans couvercles ni tampons.

Voilà que la saison des fortes précipitations reprend de plus belle, avec des signes  de bonheur du monde agricole, mais aussi de la détresse, semble-t-il, des régions et localités à risque d’inondations. Certes, les récentes pluies record  qui se sont abattues sur le pays n’ont laissé aucun coin à l’abri du danger effectif et potentiel.

De telles quantités de pluies, pas aussi énormes en moyenne, ont suffi, en si peu de temps, à tout bloquer : pas de métro, pas de bus et encore moins un trafic routier régulier. Des axes routiers ont été fermés à la circulation, des véhicules endommagés et certains endroits se sont, alors, trouvés en vase clos, et des foyers coincés sous l’effet d’annonces météo encore plus effrayantes. Car, selon l’INM, lit-on dans son bulletin d’infos, les conditions météorologiques devraient rester instables dans les jours à venir, avec des prévisions d’averses orageuses localement intenses dans plusieurs régions du pays.

Défaut de canalisations

Toutefois, ces précipitations extrêmes n’ont jamais été sans précédent. L’on garde encore en mémoire leurs séquelles douloureusement vécues, de façon épisodique. Et il y a lieu de rappeler, ici, plus que jamais, les drames d’autrefois survenus notamment au Grand-Tunis et au Cap-Bon, faisant, à l’époque, des dégâts considérables.

Cela dit, sans détours, nos infrastructures de base n’ont plus la force de résister aux aléas du climat  (est-ce qu’elles l’ont jamais été d’ailleurs?). D’autant plus qu’elles fléchissent sous les quantités d’eau pluviale coulant à flots, n’étant plus en mesure de contenir la masse d’eaux tombées du ciel. Partout, à travers les régions, les canalisations souterraines font défaut.

Et partant, combien de fois a-t-on tiré la sonnette d’alarme sur cet état des lieux qui fait froid dans le dos? Depuis des lustres, ces appels se faisaient entendre et sont encore repris dans la caisse de résonance des médias. Sans résultat aucun! Rien n’a changé. Absolument rien ! Et comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, l’on continue à craindre le pire. Mais personne ne lève le petit doigt, ni même ne réagit dans l’immédiat.

Des années durant, jamais un des gouvernements successifs n’a agi en connaissance de cause. Nos décideurs naviguent à vue, sans mettre le doigt sur la plaie. Pourtant, tout est clair devant leurs yeux : l’infrastructure routière ne répond plus aux standards ni aux moindres règles de sécurité, ponts et chaussées crevassés, réseau d’évacuation d’eaux pluviales réduit à des tuyaux exigus et un système de gestion hydraulique des plus archaïques.

Un constat de visu

Nos villes et nos quartiers à haute densité démographique ont du mal à gérer leurs propres crises locales, sans pour autant avoir de quoi subvenir à leurs besoins, en termes de moyens de lutte contre les inondations et les éventuels risques de catastrophes naturelles. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Il s’agit d’un constat de visu qu’on n’a pas fini de pointer du doigt.

Pourquoi se permet-on de vivre ainsi le cauchemar plusieurs fois ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ? En ces temps de changement climatique, repenser nos plans d’aménagement urbain, sur la base d’adaptation et de résistance, s’impose, comme gage du développement durable. L’on parle, aujourd’hui, de cités intelligentes et de villes résilientes.

Et là, autant de questions qu’on n’a pas fini de se poser avec acuité : pourquoi les mêmes erreurs d’hier se reproduisent aujourd’hui, sans réaction aucune? Pourquoi n’a-t-on pas retenu la leçon? Et comment voir la Tunisie de demain ? Tout devrait être pris en compte, pour que le cauchemar ne soit plus vécu.

En tout cas, à quelque chose malheur est bon ! Et c’est bien le temps de revoir nos plans directeurs d’aménagement, en tenant compte de l’état vétuste de nos routes et canalisations.

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