En plus de son succès artistique avec des pièces théâtrales mémorables comme «Solwen» et «Yakouta», Leila Toubel est célèbre pour ses prises de position, sa détermination et son militantisme social et politique. Lors de son passage au siège de l’Adfe, elle a déployé les enjeux du théâtre engagé, avec les défis actuels, comme la crise d’éthique et la violence qui sévissent dans le monde.
L’association «Français du monde-ADFE-Tunisie» compte un groupe de personnes dynamiques qui œuvrent pour la découverte artistique et intellectuelle, faisant du centre un lieu de diffusion de la culture. Ils organisent régulièrement des rencontres, dans une volonté de partage et d’ouverture, avec, comme invités, des figures emblématiques de la scène culturelle tunisienne. Le samedi 19 octobre, l’association a reçu la dramaturge engagée Leila Toubel pour une conférence intitulée «L’art est une résistance poétique». L’évènement a été ouvert au public dans une atmosphère chaleureuse, accueillante et propice aux échanges conviviaux. L’occasion toute trouvée pour lui poser des questions sur son parcours et ses opinions. Actrice, auteure et réalisatrice pour le théâtre, Leila Toubel a reçu de nombreux prix en Tunisie comme à l’étranger. Elle est la seule femme arabe et africaine parmi les quatre finalistes du Prix international de théatre Gilder/Coigney remis à New York. Elle est également formatrice internationale dans l’écriture dramatique et l’interprétation, ayant collaboré avec des jeunes en Europe et au Japon.
En plus de son succès artistique avec des pièces théâtrales mémorables, comme «Solwen» et «Yakouta», Leila Toubel est célèbre pour ses prises de position, sa détermination et son militantisme social et politique.
Lors de son passage au siège de l’Adfe, elle a déployé les enjeux du théâtre engagé, avec les défis actuels comme la crise d’éthique et la violence qui servissent dans le monde.
«Le théâtre, pour moi, c’est l’émotion. S’il y a quelque chose qui va mal, aujourd’hui, c’est que les gens se déshumanisent», souligne-t-elle.
Elle a rappelé par cette occasion son projet Dream’s Chabeb qui soutient la création artistique des jeunes dans les 24 gouvernorats de la Tunisie. Il a pris naissance à l’époque où beaucoup de Tunisiens sont partis en djihadistes et que d’autres prenaient le large pour mourir en émigrants clandestins. D’ailleurs, les trois premières éditions ont été très réussies. La preuve que les jeunes s’accrochent toujours à l’art comme moyen d’évasion, mais également pour résister et restructurer la réalité amère.
Un autre point important soulevé lors de cette rencontre est que la Télévision tunisienne a arrêté d’acheter les pièces de théâtre depuis de nombreuses années, ce qui est, selon Leila Toubel, «un drame pour la mémoire du pays». «On est dans l’éphémère et des dizaines de merveilles sont parties sans aucune trace». Elle a précisé dans ce contexte que la création artistique engagée fait face à des difficultés diverses à l’échelle mondiale par manque de moyens et de volonté commune, comme dans «un complot général contre la beauté, contre l’art, contre l’intelligence, contre la recherche, bref, contre l’humain».
Leila Toubel a, également, évoqué le nombre de ceux qui font du stand-up et la tendance chez le public à associer le théâtre au rire. Elle a insisté sur le principe que le théâtre ne peut pas être dans la dynamique d’un business. Pour redonner le goût de l’art et le sens de l’engagement à la nouvelle génération, l’artiste a fait la part belle au rôle des parents qui sont «les premiers responsables des adultes que nous sommes». «C’est en reconstruisant le noyau familial éclaté qu’on fait des êtres équilibrés, des citoyens responsables pour lesquels la patrie est très importante».
La rencontre avec Leila Toubel s’est ainsi terminée par une note de positivité, laissant le souvenir d’une intervention dynamique et instructive qui assure un impact durable sur les participants.