Chroniques de la Byrsa: Mais pourquoi perdre le nord ?

Pendant longtemps, on avait cru Le Cap Blanc (sa dénomination dérive de la couleur de la roche qui le compose), sur la côte nord de la ville de Bizerte, juste dans le prolongement de la Corniche, comme étant le point le plus au nord du continent africain. Puis les spécialistes ont été partagés entre ceux qui soutiennent cette thèse et d’autres qui ont plaidé pour un autre cap, toujours sur la côte bizertine, mais à quelques kilomètres à l’ouest de Cap Blanc, Cap Angela.

Cette appellation lui a probablement été attribuée par les pêcheurs italiens installés depuis des siècles sur cette côte en face de la Botte italique et de la Sardaigne. En 2014, après de longues et patientes études menées par le génie militaire relevant de l’Armée tunisienne qui a recouru aux techniques les plus pointues, notamment l’observation spatiale, il a été établi que c’est Cap Angela qui, seul, peut revendiquer la position de point le plus septentrional du continent. Fin d’une polémique entre spécialistes ?

Pas que. Sousjacentes à cette mise au point scientifique, bien des implications d’ordre culturel, touristique et économique. Un bout de territoire de forme plus ou moins triangulaire, globalement situé entre Medjez-el-Bab, Toukaber et Mateur Commençons par le commencement : l’Afrique. Bien des Tunisiens n’ont qu’une idée fort confuse sur l’origine de cette appellation. Ils se rappellent vaguement que leur pays s’est appelé Ifriqiya durant les premiers siècles après la conquête arabe, dénomination qui les renvoie à celle du continent sans trop savoir laquelle dérive de l’autre. Les plus avertis n’ignorent pas que, dans l’antiquité romaine, ce pays était désigné sous le vocable « Africa ». Mais rares sont ceux qui connaissent l’origine de l’origine, à savoir ce bout de territoire de forme plus ou moins triangulaire, globalement situé entre Medjez-el-Bab, Toukaber et Mateur et qui, longtemps avant l’arrivée des Romains et très probablement même celle des Phéniciens, était habité par une tribu amazigh qu’on appelait les Afris. D’où « Africa ». Cela ajoute quoi ?

Me diront certains. Un peu de fierté, leur répondrai-je. Partie de ce triangle, l’appellation a progressivement pris de l’extension qui, dans un premier temps, a concerné le nord du pays, puis le nord du continent puis le continent tout entier. Bizarrement, plus la couverture s’étendait à grande échelle, plus elle se rétrécissait dans le pays d’origine jusqu’à ne plus désigner qu’une partie de son nord par le terme de « friga » ou, plus rarement, « friguia ». Appellations qui ont tendance à s’estomper. Mais, à part la fierté, il y a bien d’autres inductions.

(A suivre)

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