• L’attaque ennemie a causé des «dégâts limités», a indiqué l’armée iranienne, ajoutant que deux militaires avaient été tués, sans préciser où.
• L’armée iranienne affirme que seuls des «systèmes radar» ont été endommagés par l’entité sioniste.
• Le chef de l’ONU «profondément inquiet» de l’escalade au Moyen-Orient.
SYNTHÈSE — L’Iran a assuré hier avoir le « devoir de se défendre » après des frappes aériennes contre des sites de fabrication de missiles menées par l’entité sioniste, qui a menacé la République islamique de lui faire « payer un prix élevé » si elle répliquait.
Ces bombardements surviennent près d’un mois après les frappes iraniennes de missiles sur l’entité sioniste, à un moment où l’armée sioniste est en guerre contre deux mouvements de la résistance soutenus par l’Iran: le Hamas dans la bande de Gaza depuis plus d’un an et le Hezbollah au Liban depuis fin septembre.
L’attaque sioniste contre « des sites militaires dans les provinces de Téhéran, du Khouzestan (sud-ouest) et d’Ilam (ouest) », a causé des « dégâts limités », a indiqué l’armée iranienne, ajoutant que deux militaires avaient été tués, sans préciser où.
Après les tirs de quelque 200 missiles iraniens le 1er octobre, l’entité sioniste avait juré de se venger, et Téhéran avait assuré être prêt à riposter à une attaque, faisant craindre une guerre régionale. Avec ces frappes, l’armée sioniste a « achevé la réponse aux attaques de l’Iran contre Israël », selon le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée.
Mais l’Iran « considère qu’il a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. « Je pense que nous avons prouvé qu’il n’y a pas de limites à notre détermination à nous défendre », a-t-il ajouté, lors d’un entretien accordé au site du guide suprême iranien.
Des « systèmes aériens » touchés
Les forces armées iraniennes ont affirmé que seuls des «systèmes radar» ont été endommagés lors des frappes sionistes nocturnes contre des cibles militaires à l’intérieur du pays.
Grâce à la performance opportune de la défense aérienne du pays, les attaques ont causé des dégâts limités et seuls certains systèmes radar ont été endommagés, selon l’État-major des forces armées iraniennes, dans un communiqué cité par la télévision d’État.
L’armée sioniste a indiqué avoir « frappé des sites de fabrication de missiles (…) que l’Iran tire sur […] Israël depuis un an. Ces missiles étaient une menace directe et immédiate pour les citoyens d’Israël ».
Selon l’armée ennemie, les frappes ont aussi visé « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens qui avaient pour but de restreindre la liberté d’Israël d’opérer en Iran ».
Dans la nuit en Iran, l’agence de presse officielle Irna avait rapporté des premières détonations vers 02H15 locales, principalement à l’ouest de Téhéran, tandis que la télévision d’Etat avait fait état de « six fortes détonations » autour de Téhéran, « liées à l’activation du système de défense aérienne ».
Des journalistes de l’AFP avaient entendu des détonations accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel vues depuis le centre de la capitale iranienne.
A Téhéran hier matin, Sepideh, 30 ans, s’est rendue au travail normalement, malgré les craintes d’escalade. « Je ne pense pas qu’il y aura la guerre en Iran », assure à l’AFP la jeune femme qui n’a pas donné son nom.
Le Hezbollah condamne la « perfide agression » contre l’Iran, le Hamas lui emboîte le pas
Dans un communiqué publié en début de soirée, le Hezbollah a fermement condamné la « perfide agression sioniste contre la République islamique d’Iran », la qualifiant de « dangereuse escalade régionale ». Le parti considère que la riposte sioniste « reflète la nature agressive de l’entité occupante, qui commet des massacres et provoque des tragédies et des destructions avec le soutien explicite et total des États-Unis, lesquels portent l’entière responsabilité de ces massacres, de ces tragédies et de ces souffrances. »
« Nous pensons que cette agression flagrante contre la souveraineté nationale de l’Iran n’affectera jamais sa position ferme et claire et son soutien total aux peuples palestinien et libanais », a ajouté le texte, dans lequel le Hezbollah salue aussi le « succès des forces armées iraniennes (…) qui ont réussi à contrer cette attaque. »
Le mouvement Amal, allié du Hezbollah, a également publié un communiqué condamnant l’agression sioniste contre l’Iran, la qualifiant « d’atteinte à la souveraineté nationale » de la République islamique par un « État terroriste sioniste qui enfreint toutes les lois et normes internationales ». Le mouvement a estimé dans son communiqué que cette nouvelle escalade sioniste constitue « une tentative désespérée d’embraser la région ».
Le Hamas a, aussi, condamné «avec la plus grande fermeté» les raids sionistes.
Ces frappes sont «une violation flagrante de la souveraineté iranienne et une escalade qui menace la sécurité de la région», a indiqué dans un communiqué la formation soutenue par l’Iran et en guerre avec l’entité sioniste dans la bande de Gaza depuis plus d’un an.
La diplomatie russe s’inquiète d’une «escalade explosive»
Le ministère russe des Affaires étrangères s’est inquiété d’une «escalade explosive» après des frappes sionistes sur le territoire iranien, appelant les parties à la «retenue».
«Nous sommes profondément préoccupés par l’escalade explosive en cours entre Israël et la République islamique, qui fait peser de réelles menaces sur la stabilité et la sécurité de la région», a déclaré dans un communiqué la porte-parole Maria Zakharova. «Nous demandons à toutes les parties concernées de faire preuve de retenue», a-t-elle ajouté.
Alliés de l’entité sioniste, les Etats-Unis ont qualifié les frappes sioniste de « manœuvres d’autodéfense » et sommé Téhéran de « cesser ses attaques contre Israël pour que ce cycle de violence puisse se terminer sans nouvelle escalade ».
L’Union européenne a appelé toutes les parties à faire preuve de «la plus grande retenue» pour éviter une «escalade incontrôlable» au Moyen-Orient.
«Le cycle dangereux d’attaques et de représailles risque de provoquer une nouvelle extension du conflit régional», a déclaré le bloc de 27 pays européens dans un communiqué. « […] L’UE appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une escalade incontrôlable, qui n’est dans l’intérêt de personne. »
Le gouvernement espagnol a, également, appelé «les parties à la retenue» et réitéré son «appel à arrêter l’escalade et la montée de la violence» au Moyen-Orient.
L’Allemagne a appelé l’Iran à éviter toute « réaction massive », tandis que la Russie s’est inquiétée d’une « escalade explosive ».
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est «profondément inquiet de la poursuite de l’escalade au Moyen-Orient», a déclaré son porte-parole dans un communiqué.
«Le secrétaire général réitère d’urgence son appel à toutes les parties pour qu’elles cessent toutes les actions militaires, y compris à Gaza et au Liban, déploient tous les efforts possibles pour empêcher une guerre régionale totale et reviennent sur la voie de la diplomatie», a-t-il ajouté.
Les pays du Golfe mettent en garde contre un conflit régional
Par ailleurs, les pays du Golfe ont condamné hier les frappes sioniste sur des cibles militaires en Iran, mettant en garde contre toute extension du conflit dans la région.
«Le Royaume d’Arabie saoudite condamne» les frappes sionistes en Iran et réitère sa «position ferme de rejet de l’escalade du conflit dans la région», qui «menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples» au Moyen-Orient, a indiqué le ministère des Affaires étrangères sur le réseau social X.
Les Emirats arabes unis ont eux aussi condamné les frappes, se disant «profondément préoccupés par la poursuite de l’escalade et ses répercussions sur la sécurité et la stabilité régionales», dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Pour sa part, le sultanat d’Oman, qui entretient des relations étroites avec l’Iran, a lui aussi condamné l’attaque sioniste contre la République islamique, y voyant «une escalade qui alimente le cycle de violence et sape les efforts de désescalade».
Oman a appelé la communauté internationale à «mettre un terme à ces violations flagrantes sur le territoire de pays voisins». Le sultanat joue depuis longtemps un rôle de médiateur entre l’Iran et les pays occidentaux.
De son côté, le Qatar a dénoncé une «violation flagrante de la souveraineté de l’Iran», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, appelant «toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à résoudre leurs différends par le dialogue et des moyens pacifiques».
« Politique de chaos »
Condamnant également les frappes sionistes, le Koweït a estimé qu’elles reflétaient «la politique de chaos» menée par l’entité sioniste qui «met en péril la sécurité de la région», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Bahreïn, qui a normalisé ses relations avec l’entité sioniste en 2020, a également condamné l’«opération militaire» contre l’Iran, se disant «profondément préoccupé par l’escalade continue des tensions» dans la région.
Dans une déclaration, le ministère bahreïni des Affaires étrangères a exhorté les deux parties à «faire preuve de retenue et à donner la priorité à la désescalade afin d’empêcher l’extension de la guerre».
Hier après-midi, le Liban s’était joint au concert de condamnations mené par l’Arabie saoudite et les pays du Golfe. Le ministère des Affaires étrangères a ainsi dénoncé ces attaques qui « constituent une violation de la souveraineté de l’Iran et une menace grave pour la paix et la sécurité régionales et internationales », selon le palais Bustros. Le ministère a appelé les institutions internationales compétentes, en particulier le Conseil de sécurité de l’ONU, à « assumer leurs responsabilités pour mettre fin à l’escalade militaire israélienne dans toute la région, y compris les agressions persistantes contre le Liban ».
En Syrie, dont le régime est un allié de l’Iran, l’agence de presse étatique a rapporté des frappes sionistes nocturnes contre des « positions militaires ».
Et à l’aube en Irak, les factions de la « Résistance islamique », nébuleuse de groupes armés irakiens alliés de Téhéran, ont revendiqué une attaque de drone contre une « cible militaire » dans le nord de l’entité sioniste.
Sur le front libanais où l’entité sioniste et le Hezbollah s’affrontent, l’agence de presse Ani a indiqué que l’armée sioniste « dynamitait » des maisons dans le village frontalier d’Adaysseh.
L’armée ennemie a annoncé avoir frappé 70 cibles du Hezbollah, alors qu’elle poursuit son opération terrestre lancée le 30 septembre dans le sud du Liban frontalier de l’entité sioniste.
Tirs de roquettes sur le nord de l’entité sioniste
Le Hezbollah libanais a annoncé hier avoir tiré des roquettes sur cinq zones résidentielles dans le nord de l’entité sioniste, quotidiennement visé par des projectiles qui ciblent aussi des sites militaires.
Dans plusieurs communiqués, le Hezbollah assure que ses combattants ont tiré des «salves de roquettes» sur cinq zones résidentielles du nord de l’entité sioniste, citant notamment la périphérie urbaine de Krayot, au nord de Haïfa. De son côté, l’armée sioniste a assuré qu’environ «80 projectiles» avaient été tirés par le Hezbollah depuis le Liban sur son territoire hier avant 15H00 (12H00 TU).
Le Hezbollah a revendiqué une attaque menée dans le cadre de sa série d’opérations « Khaybar », lancée peu après l’élimination de son chef, Hassan Nasrallah, fin septembre. L’attaque a été menée à 11h30 par « des escadrons de drones suicide » sur la base aérienne sioniste de Tel Nof, au sud de Tel-Aviv, affirmant avoir « atteint sa cible avec précision ».
Le Hezbollah a annoncé avoir ciblé, à 12h15, la base sioniste de Mishar avec des roquettes. Située à Safed dans le nord de l’entité sioniste, cette base est « le principal quartier général du renseignement de la zone nord », indique le parti chiite, qui a également déclaré avoir tiré des roquettes sur Krayot, ensemble de villes et de quartiers situés à la périphérie nord de Haïfa, à 12h45.
Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, l’armée sioniste a déplacé le cœur de ses opérations au Liban.
Depuis le 6 octobre, l’armée ennemie a repris son offensive dans le nord de la bande de Gaza, où selon elle le Hamas regroupe ses forces, au moment où une reprise des pourparlers en vue d’une issue à la guerre se dessine, après la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats sionistes le 16 octobre.
Le chef du Mossad, David Barnea, doit rencontrer aujourd’hui au Qatar son homologue de la CIA, l’Américain Bill Burns, et le Premier ministre qatari.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre l’entité sioniste le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles sionistes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L’offensive sioniste a coûté la vie à au moins 42.924 Palestiniens, majoritairement des civils, d’après les données du ministère de la Santé, jugées fiables par l’ONU.
Ces dernières 48 heures, au moins 77 personnes sont mortes, détaille le Hamas, ajoutant que 100.833 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
Enfin, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu hier que la situation était «catastrophique» dans le nord de la bande de Gaza ravagé par la guerre, avec «des opérations militaires intensives se déroulant dans et autour des établissements de santé».
«La situation dans le nord de Gaza est catastrophique», a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus sur X, soulignant qu’«une grave pénurie de fournitures médicales, mélangé à un accès sévèrement restreint, prive des gens de soins vitaux».
La Presse de Tunisie avec agences