Désigné et rémunéré pour changer les textes et faciliter les élections, ce comité s’est engouffré dans les problèmes quotidiens du championnat et de la sélection.
Kamel Idir est-il un homme tranquille en ce moment ? On ne le pense pas. Chedly Rahmani, Zakia Bartagi et lui, tous les trois désignés par la Fifa pour une phase transitoire et d’accompagnement pour tenir des élections vers janvier, sont emportés depuis qu’ils sont là, depuis fin août, dans un cercle infernal de problèmes infinis du football tunisien. De l’arbitrage à la sélection en passant par les divisions inférieures, Kamel Idir et ses amis n’ont plus le temps de respirer et de se consacrer à leur mission pour laquelle ils sont mandatés et payés, celle d’entamer l’«assainissement» juridique pour faciliter la tenue des élections. C’est cela leur rôle, leur vocation principale avant toute autre chose. Et par rapport à ce qu’ils ont promis comme feuille de route et calendrier de rencontres avec les clubs pour entendre ce qu’ils veulent comme textes, rien n’a été fait. Le temps passe très vite, et seulement trois mois nous séparent de la fin de leur mandat. Trois mois pour changer les règlements des élections et pour tenir ces fameuses élections et passer le témoin à un nouveau bureau fédéral élu qui aura toutes les attributions. Cela va-t-il être suffisant ? Cela paraît de plus en plus ardu comme objectif. A moins que Kamel Idir et son comité ne cherchent à prolonger leur mandat comme le cas égyptien et s’engouffrer davantage dans ce tas d’affaires courantes. Et d’après la Fifa, il n’est pas question de céder à une prolongation, même si tout est envisageable. L’instance internationale n’a jamais été une référence dans ce genre de cas. Elle change d’avis, elle déroge à ses règles quand cela lui paraît judicieux. En tout cas, nous sommes persuadés que ce comité de normalisation gère plus les affaires courantes et les problèmes de fond et quotidiens du football tunisien, plutôt que de préparer les élections. On va dire que la gestion des affaires courantes rentre dans la mission de ce comité désigné par la Fifa, mais ce qu’on voit clairement, c’est que Kamel Idir et ses collègues ne font que cela comme s’ils étaient élus et qu’ils n’avaient pas une autre mission plus imposante, voire plus urgente. L’héritage laissé par El Jary et par Wassef Jelaïel (ce qu’a fait ce dernier en quelques mois de règne est inouï et si fatal!) est lourd, mais ce n’est pas une excuse pour déraper de sa mission, ou se taire et ne pas communiquer ses idées et son point de vue pour arriver fin janvier avec un nouveau bureau fédéral.
Kamel Idir attaqué de partout
On n’aimerait pas être à la place de Kamel Idir qui encaisse les coups de partout. Les arbitres qui, soudain, retrouvent le courage et l’audace (limite insolence) pour se rebeller contre leur hiérarchie, les clubs mécontents, les supporters de la sélection et des clubs, les candidats potentiels aux élections, les entraîneurs nationaux, tout le monde n’est pas content de lui. On l’attaque avec violence et souvent avec mauvaise intention. Même le public du CA n’est pas tendre avec lui. Il lui reproche sa passivité devant les arbitres qui lèsent leur club.
Et lui, en tant que membre du comité des sages du CA, se trouve embarrassé, harcelé, mal à l’aise en voulant être le plus neutre et distant possible. Alors qu’en réalité, il a été «poussé» à rentrer dans ce traquenard douloureux des problèmes et des conspirations du championnat et des clubs.
Mais contrairement au passé, Kamel Idir n’a pas de protection. Aujourd’hui, tout le monde dit et écrit ce qu’il veut et le partage dans le monde entier en quelques secondes. Les critiques acerbes, les attaques gratuites, les insultes, tout cela fait partie de ce paysage sportif international. Jusqu’où et jusqu’à quand Kamel Idir peut-il tenir? Lui seul connaît la réponse. Mais pour son comité de normalisation, la vue n’est pas claire du tout. C’est comme s’il a perdu ses repères et qu’il se trompe de chemin. De mission et de vocation surtout.