• Au moins 143 personnes tuées hier dans l’enclave palestinienne, selon des sources médicales locales
• La Norvège annonce vouloir saisir la CIJ après le bannissement de l’Unrwa par l’entité sioniste
SYNTHÈSE — Le bilan des frappes de l’armée sioniste sur la bande de Gaza a de nouveau été revu à la hausse, selon des sources médicales locales citées par Al Jazeera.
Au moins 143 personnes ont été tuées des suites des raids sionistes à travers l’enclave hier, dont 132 dans le nord du territoire palestinien assiégé après le bombardement de trois bâtiments résidentiels à Beit Lahia.
Plusieurs corps enveloppés dans des draps blancs
La Défense civile dans la bande de Gaza avait annoncé tôt hier que 93 personnes avaient été tuées pendant la nuit dans une frappe sioniste sur un immeuble à Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien.
« Le nombre de martyrs du massacre de la résidence familiale des Abounasr à Beit Lahia s’élève à 93, et 40 personnes environ sont toujours portées disparues sous les décombres », a déclaré à l’AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile.
Sollicitée par l’AFP, l’armée d’occupation a dit examiner ces informations.
Un journaliste de l’AFP a vu plusieurs corps enveloppés dans des draps blancs ou des couvertures, extraits des décombres par des proches. Des familles endeuillées ont assisté à l’enterrement de plusieurs victimes, pendant que les secouristes fouillaient les ruines.
Sur une image de l’AFP, un corps carbonisé aux cheveux longs pendait d’une fenêtre de l’immeuble dévasté.
« L’explosion a eu lieu la nuit. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait de bombardements, mais quand je suis sorti après le lever du soleil, j’ai vu des gens extraire des corps, des membres et des blessés des décombres », a raconté Rabie al-Chandagly, 30 ans, qui s’était réfugié dans une école voisine. « La plupart des victimes sont des femmes et des enfants. Les gens essaient de sauver les blessés, mais il n’y a ni hôpitaux ni soins médicaux adéquats », a-t-il encore dit à l’AFP.
Les corps de 15 personnes tuées dans la frappe ont été amenés à l’hôpital Kamal Adwan, a déclaré à l’AFP son directeur, Houssam Abou Safia. Il a ajouté que 35 blessés, dont la plupart sont des enfants, étaient soignés à l’hôpital.
« Nettoyage ethnique »
« Nous continuons à recevoir des martyrs et des blessés », a-t-il poursuivi, « il n’y a plus rien à l’hôpital Kamal Adwan, à part de quoi dispenser les premiers soins, maintenant que l’armée a arrêté notre équipe médicale ».
La semaine dernière, le ministère de la Santé de Gaza a indiqué que les forces sionistes avaient pris d’assaut l’hôpital, tandis que l’armée a affirmé qu’elle opérait à proximité de l’établissement.
L’Organisation mondiale de la santé a annoncé que ses équipes avaient pu retourner avant-hier à l’hôpital Kamal Adwan, qu’elles avaient dû alors quitter. « Elles ont trouvé un chirurgien orthopédique, un pédiatre, une infirmière en chef et une poignée de jeunes médecins et infirmières qui tentaient de s’occuper de 100 à 150 patients », a déclaré hier le porte-parole de l’OMS à Genève, Tarik Jasarevic. « Cela montre à quel point il est difficile d’apporter n’importe quelle sorte d’aide dans le nord de Gaza », a-t-il ajouté.
« L’ennemi a commis un nouveau massacre épouvantable contre notre peuple, et le nord de Gaza subit une campagne de nettoyage ethnique et de déplacement systématique », a dénoncé le Hamas dans un communiqué après l’attaque de Beit Lahia.
Depuis le 6 octobre, l’armée a lancé un assaut aérien et terrestre dans le nord de la bande de Gaza, en particulier dans les zones de Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun, où elle affirme empêcher les combattants du Hamas de se regrouper.
Hier matin, l’armée a déclaré avoir mené plusieurs frappes terrestres et aériennes la veille à Jabalia, tuant une quarantaine de combattants du mouvement de la résistance palestinienne.
Dans cette même région, des dizaines de milliers de Palestiniens se sont déplacés ou tentent de fuir pour échapper aux combats. La Défense civile a fait état de centaines de morts.
Le Hamas se dit prêt à discuter d’un « nouvel accord » autour d’un cessez-le-feu
Un haut responsable du Hamas a déclaré hier que le groupe militant palestinien étudiait les nouvelles propositions des médiateurs pour mettre fin à la guerre à Gaza, tout en réaffirmant que ces propositions devaient impliquer un « retrait militaire complet d’Israël » de l’enclave.
« Le mouvement a confirmé qu’il était ouvert à tout accord ou à toute idée qui mettrait fin aux souffrances de notre peuple à Gaza et parviendrait à un cessez-le-feu permanent, ainsi qu’au retrait de l’occupant de toute la bande de Gaza », a déclaré Sami Abou Zuhri lors d’un discours télévisé.
Il a également déclaré qu’un accord devait mettre fin au blocus de l’enclave côtière mené par l’entité sioniste, permettre une aide humanitaire sans restriction et la reconstruction de Gaza, et parvenir à un échange d’otages sionistes à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans l’entité sioniste.
La déclaration d’Abu Zuhri n’a apporté aucun changement aux conditions posées par le mouvement palestinien.
Le Qatar condamne l’interdiction par l’entité sioniste de l’Unrwa
Le Qatar, pays médiateur dans la guerre à Gaza, a condamné hier l’interdiction par l’entité sioniste de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, en mettant en garde contre ses «conséquences catastrophiques».
L’Unrwa joue un «rôle vital» dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d’un an de guerre entre l’entité sioniste et le Hamas, a affirmé le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Alsari, en soulignant que le pays du Golfe s’était engagé récemment à lui fournir 100 millions de dollars.
«Arrêter de soutenir l’Unrwa aurait des conséquences catastrophiques, tout comme le fait de l’empêcher d’opérer dans les territoires palestiniens», a-t-il prévenu lors d’une conférence de presse à Doha.
«La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à ce mépris de ses institutions internationales», a affirmé le responsable qatari, dont le pays tente depuis des mois de négocier un accord de trêve et une libération des otages retenus à Gaza.
Doha a, également, affirmé qu’il travaillera en tant que médiateur avec l’administration du président américain Joe Biden «jusqu’à la dernière minute» avant l’élection présidentielle pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza, a déclaré hier un porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères.
Pour essayer de sortir de l’impasse avant la fin du mandat du président Joe Biden, Washington et Doha ont annoncé la semaine dernière une nouvelle série de pourparlers pour explorer de nouvelles options.
A quelques jours de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le 5 novembre, M. Al-Ansari a dit ne pas s’attendre à ce que le scrutin ait un «résultat négatif (…) sur le processus de médiation lui-même».
Le Qatar estime traiter «avec des institutions et, dans un pays comme les Etats-Unis, les institutions ont intérêt à chercher une solution à cette crise».
Oslo s’indigne
De son côté, la Norvège a annoncé, hier, qu’elle présenterait une résolution à l’Assemblée générale des Nations unies visant à demander à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye d’émettre un avis sur les obligations de l’entité sioniste de faciliter l’aide humanitaire aux Palestiniens fournie par les organisations internationales, y compris les Nations unies, et les États.
Oslo indique dans un communiqué que cette démarche a été initiée en réaction à la décision prise avant-hier par l’entité sioniste d’interdire les activités de l’Unrwa, et à d’autres «obstacles rencontrés par les agences des Nations unies dans leur travail d’aide» dans les territoires palestiniens depuis le début de la guerre de Gaza.
En effet, le Parlement sioniste a adopté avant-hier à une écrasante majorité un texte qui interdit «les activités de l’Unrwa» sur le territoire sioniste. Un second texte interdit aux responsables sionistes de travailler avec l’Unrwa et ses employés, ce qui devrait considérablement perturber ses activités dans les territoires palestiniens.
L’entité sioniste, depuis longtemps très critique à l’égard de l’agence, a accusé des employés de l’Unrwa d’avoir participé à l’attaque perpétrée sur son sol par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché des représailles sionistes particulièrement meurtrières.
«Passer des paroles aux actes», prévient Washington
«Les États-Unis rejettent toute tentative israélienne d’affamer les Palestiniens à Gaza», a déclaré hier l’envoyée américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies à New York, ajoutant que «les paroles d’Israël doivent être accompagnées d’actions concrètes sur le terrain. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant».
Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (WFP) a appelé hier à une action immédiate pour éviter la famine dans la bande de Gaza, affirmant que la crise humanitaire pourrait bientôt s’aggraver en raison des restrictions «sévères» imposées à l’acheminement de l’aide.
«Alors que la situation dans le nord de la bande de Gaza continue de se détériorer, la probabilité qu’un groupe plus important soit touché par la famine augmentera certainement à moins que les conditions sur le terrain ne s’améliorent», a déclaré le WFP, appelant à l’ouverture d’un plus grand nombre de points de passage.
«Israël doit permettre l’accès à la nourriture, aux médicaments et à d’autres fournitures dans l’ensemble de Gaza, et protéger les travailleurs chargés de les distribuer », a appelé Linda Thomas-Greenfield.
Elle a également souligné qu’il n’existait «aucune alternative» à l’Unrwa pour remplir cette mission à Gaza, exprimant les «préoccupations réelles» des États-Unis concernant la nouvelle loi sioniste à l’encontre de l’agence onusienne.
La Presse de Tunisie avec agences et médias