Trois questions… | Takao Shimokawa, directeur général chargé du développement économique à la JICA à La Presse : «Que la Tunisie puisse diffuser l’approche Kaizen vers les pays voisins est une aubaine»

 

Rencontré en marge de la conférence annuelle Kaizen Afrique 2024 qui s’est tenue, récemment à Tunis, le directeur général chargé du développement économique à la Jica, Takao Shimokawa, a affirmé qu’au terme de la troisième phase du programme Kaizen, la Tunisie  deviendra autonome dans la mise en œuvre de ce concept japonais.

Lors de la conférence annuelle Kaizen Afrique, on a évoqué le rôle que peut jouer la méthode Kaizen dans le développement industriel du continent africain. Comment peut-on mesurer l’impact de cette méthode sur l’industrie en Afrique et  en Tunisie en particulier ?

Tout d’abord, je souhaite indiquer que nous sommes très engagés dans l’industrialisation de l’Afrique, en particulier en Tunisie. La Tunisie est le premier pays avec lequel nous avons lancé une coopération pour l’introduction du Kaizen en 2006. Depuis, nous avons mis en œuvre trois projets, et le dernier a démarré en août 2024. Concernant votre question sur la mesure de l’impact de  Kaizen, lors des projets précédents, nous avons observé une amélioration spectaculaire de la productivité des entreprises ayant adopté l’approche Kaizen, notamment grâce à la réduction des coûts et à l’augmentation de la productivité. Nous sommes donc convaincus que l’approche Kaizen contribue réellement à l’amélioration des entreprises qui l’adoptent. Cependant, nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir des recherches académiques pour appuyer ces gains de productivité. C’est pourquoi, en collaboration avec le Nepad, nous menons des recherches dans plusieurs régions d’Afrique qui mettent en œuvre ces projets. Nous sommes donc très enthousiastes à l’idée de pouvoir prochainement présenter les résultats de ces projets de recherches académiques.

Y a-t-il des secteurs particuliers  sur lesquels la Jica souhaite se concentrer pour intégrer le concept Kaizen ? 

Jusqu’à présent, nous avons soutenu des programmes de formation par secteurs, y compris dans l’industrie manufacturière. Le Kaizen est très flexible dans la mesure où il peut être appliqué à de nombreux secteurs, non seulement dans l’industrie, mais aussi dans les services publics, tels que les hôpitaux, et même dans des domaines comme l’agriculture ou le tourisme. Nous espérons donc pouvoir élargir l’application de cette approche à d’autres secteurs dans la prochaine phase.

Mais la priorité du Nepad, aujourd’hui, est de faire appliquer cette approche au secteur du numérique. Comment Kaizen peut être utilisé pour améliorer la productivité dans ce secteur particulier ?

Le Kaizen peut être renforcé par l’intégration de la technologie numérique, car celle-ci permet de collecter les informations et les données de manière plus efficace. Ce qui peut être utilisé pour l’analyse et les travaux analytiques du processus Kaizen. Donc, je pense qu’il existe un haut niveau de complémentarité dans l’utilisation du Kaizen dans le secteur des télécommunications à cet égard.

Quels sont les objectifs assignés au troisième programme Kaizen qui vient d’être renouvelé avec la Tunisie ?

Nous sommes très heureux que le gouvernement tunisien soit fortement engagé à intégrer l’approche Kaizen dans la politique industrielle du pays.

Comme l’a mentionné Madame la ministre, nous sommes très enthousiastes quant à l’incorporation d’un cadre institutionnel visant à établir un centre permanent pour l’approche Kaizen. Avec l’aide de la troisième phase du projet, je pense que le gouvernement deviendra autonome dans la mise en œuvre du Kaizen et nous sommes également très enthousiastes à l’idée que ce centre puisse devenir un pôle de diffusion de l’approche Kaizen vers les pays voisins.

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