Un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) met en lumière l’impact massif des responsabilités de soins non rémunérées, qui freinent l’accès de millions de femmes à l’emploi rémunéré à travers le monde. Alors que les changements climatiques et démographiques augmenteront la demande de soins, l’OIT appelle à des mesures urgentes pour renforcer l’économie des soins.
Un enjeu majeur pour l’économie mondiale
Selon les nouvelles estimations de l’OIT, publiées à l’occasion de la Journée internationale des soins et de l’assistance, 708 millions de femmes dans le monde ne participent pas à la population active en raison de responsabilités de soins. Ce chiffre représente 95 % des 748 millions de personnes exclues de l’emploi pour ces mêmes raisons, dont seulement 40 millions d’hommes.
Le rapport statistique, intitulé L’impact des responsabilités de soins sur la participation des femmes à la population active, s’appuie sur des données provenant de 125 pays et met en lumière un obstacle majeur pour les femmes, comparativement aux hommes qui mentionnent d’autres raisons personnelles, comme l’éducation ou la santé, pour justifier leur non-participation.
Les femmes continuent d’assumer un rôle démesuré dans l’éducation des enfants, les soins aux personnes âgées, aux personnes handicapées et les tâches domestiques. À l’échelle mondiale, 45 % des femmes en dehors de la population active invoquent les responsabilités de soins comme raison principale, contre seulement 5 % des hommes. Cette proportion atteint même deux tiers parmi les femmes âgées de 25 à 54 ans.
Le rapport de l’OIT montre que les obstacles sont particulièrement élevés pour les femmes peu qualifiées et celles résidant en milieu rural, où l’accès limité aux infrastructures et aux opportunités d’emploi aggrave leur exclusion du marché du travail.
Des inégalités exacerbées selon les régions
Les disparités sont également marquées en fonction des régions. En Afrique du Nord, 63 % des femmes hors du marché du travail mentionnent les soins comme cause principale, suivies par les États arabes (59 %) et l’Asie-Pacifique (52 %). En Amérique latine et dans les Caraïbes, cette proportion est de 47 %, tandis qu’elle est significativement plus faible en Amérique du Nord (19 %) et en Europe de l’Est (11 %).
Face à ces inégalités structurelles, l’OIT a adopté en juin 2024 une résolution historique lors de la Conférence internationale du Travail. Ce premier accord tripartite mondial pour le « travail décent et l’économie des soins » vise à encourager les pays à investir dans des politiques de soins robustes pour soutenir la participation des femmes au marché du travail.
« Une économie des soins efficace non seulement soutient les individus et les familles, mais elle crée aussi des emplois, améliore la productivité et renforce la santé de la main-d’œuvre », a déclaré Rafael Diez de Medina, Statisticien en chef de l’OIT. Selon Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l’OIT, « l’organisation actuelle des soins perpétue les inégalités de genre et sociales. La résolution de l’OIT appelle à une révision des politiques de soins pour créer des conditions équitables pour tous ».
L’urgence de l’investissement dans les politiques de soins
Les dernières données de l’OIT montrent que, bien que des progrès aient été réalisés dans plusieurs pays, l’augmentation des besoins en soins liés au vieillissement des populations et aux effets du changement climatique nécessitera des investissements significatifs pour éviter une amplification des inégalités.
L’OIT souligne ainsi que des politiques ambitieuses sont essentielles pour garantir la justice sociale et renforcer l’intégration des femmes au marché du travail.
Cette reformulation permet de mettre en avant les chiffres clés et les enjeux sociaux et économiques, tout en soulignant les efforts de l’OIT pour faire évoluer les politiques mondiales en matière de soins.
La Presse