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Commentaire | Les réseaux sociaux, casse-tête de la société moderne

 

Derrière TikTok, il y a un homme heureux, Zhang Yiming, et une puissance technologique, la Chine. Yiming, fondateur de Byte Dance, maison mère du réseau social, est l’homme le plus riche de Chine, selon des statistiques récentes publiées fin octobre. La célèbre application de vidéos courtes lancée en 2016 a vu son utilisation exploser dans le monde. Une ascension fulgurante qui a mis paradoxalement dans l’embarras le pays fondateur. TikTok a généré un chiffre d’affaires évalué à 16,1 milliards de dollars en 2023 et comptait 1,5 milliard d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde, toujours en 2023, pour approcher les 2 milliards d’ici fin 2024. En Chine, l’application est consultée par plus de 750 millions d’utilisateurs chaque jour.

Que reproche-t-on à TikTok au juste ? Les autorités chinoises accusent Internet en général et TikTok en particulier d’avoir des effets néfastes sur la concentration et l’attention des jeunes, voire d’impacter négativement le développement de leur esprit critique ! Une sorte d’addiction mélangée à une robotisation.

De ce fait et depuis quelques années, la version chinoise de TikTok a limité à 40 minutes le temps passé sur l’application pour les utilisateurs de moins de 14 ans, assorti d’une désactivation automatique après 22 heures. Un système compliqué qui fait intervenir, dans certains cas, un code parental. Au-delà de la durée réglementée, la plateforme Douyin bascule donc automatiquement en mode «jeune public», pour diffuser un contenu éducatif et des vidéos consacrées à l’histoire, à la science et aux arts traditionnels chinois, mais pas seulement.

Ces restrictions ont toutefois montré leurs limites. Comme pour tous les réseaux sociaux et les applications en ligne, il est possible de contourner toutes sortes de limitations et de censures par des serveurs dédiés à la tâche, comme il est possible de mentir sur son âge et de créer de faux comptes. Le cas chinois est un exemple. Dans d’autres pays, il y a eu des stratégies différentes dont les résultats ont toujours été limités.

Les réseaux sociaux sont malheureusement un mal nécessaire, incontournable, face auquel aucun pays au monde n’a pu se soustraire ni se défendre. Sauf que la Tunisie, également, a ses générations, l’avenir de la nation, à protéger et éduquer. C’est la raison pour laquelle la stratégie de protection des jeunes devra se déployer également par le biais des programmes scolaires et des activités sportives et artistiques, pensés et mis en place rapidement par des spécialistes en vue de former des générations instruites, saines de corps et d’esprit. L’Etat en est directement responsable ainsi que les familles qui doivent veiller à l’éducation de leurs enfants.

Ce qui nécessite la présence de parents aimants, instruits et attentifs et des foyers stables. Hélas, ce n’est pas toujours le cas.

Par ailleurs, TikTok pose un débat d’un autre genre en Tunisie, puisque certains influenceurs et influenceuses interpellés font l’objet de procédures pénales et de comparutions immédiates.

Des peines de prison ont même été prononcées. Questions, la notion de bonnes mœurs ne comporte-t-elle pas une part de subjectivité ? Est-ce qu’elle ne risque pas d’ouvrir la porte ultérieurement à des interprétations discutables et subjectives ? La même atteinte aux bonnes mœurs et notions similaires avaient divisé les Tunisiens et les Tunisiennes, il n’y a pas longtemps, au cours de la décennie passée. Et pour défendre leurs libertés, les femmes tunisiennes, notamment, sont sorties dans la rue et ont fini par obtenir gain de cause. Autres questions pour alimenter le débat: la collectivité doit-elle tolérer les propos orduriers, les insultes et les diffamations devenus un style de communication en ligne pour faire monter le nombre de vues et parallèlement les recettes engrangées ? Ou bien doit-elle compter sur la responsabilité des créateurs de contenus pour éduquer les usagers ? Ou encore réprimer les figures les plus en vue pour leurs comportements agressifs ? Et si une tiktokeuse, à qui on reproche sa vulgarité, après une incarcération, en sortait aigrie, voire dangereuse ? Et quid de la rue et des stades de football où le langage fleuri fuse de toutes parts ? Quoi qu’il en soit, le désir des personnes poursuivies de se faire une place au soleil ainsi que leur jeune âge intercèdent en leur faveur pour appeler à la clémence.

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