Les estimations du budget de l’Etat 2025 reposent sur la stabilité du taux de change du dinar face aux principales devises étrangères, l’amélioration de 4,2% du rythme de développement des importations de marchandises, outre la stabilité des prix des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux. D’après le rapport, le taux de croissance du PIB, aux prix courants, s’est stabilisé à 3,2% en 2025, sur fond de stabilisation du taux du prix du baril de pétrole brut «Brent» aux alentours de 77,4 dollars.
Selon un rapport commun des deux commissions des finances relevant de l’Assemblée des représentants du peuple, et du Conseil national des régions et des districts, Cnrd, publié hier, le budget de l’État pour l’année 2025 est de l’ordre de 78,2 milliards de dinars, soit une hausse de 2,5 milliards de dinars par rapport aux résultats actualisés pour l’année 2024. Le gouvernement a pris en considération, lors de l’élaboration du budget de l’Etat 2025, les résultats prévus pour l’exercice 2024 en se basant sur l’état d’exécution du budget de l’Etat à fin août 2024. D’après le rapport, le taux de croissance du PIB, aux prix courants, s’est stabilisé à 3,2% en 2025, sur fond de stabilisation du taux du prix du baril de pétrole brut «Brent» aux alentours de 77,4 dollars. Les estimations du budget de l’Etat 2025 reposent, selon ce rapport, sur la stabilité du taux de change du dinar face aux principales devises étrangères, l’amélioration de 4,2% du rythme de développement des importations de marchandises, outre la stabilité des prix des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux.
Le gouvernement poursuivra en 2025 la réforme fiscale via l’élargissement de l’assiette fiscale, l’intégration du secteur parallèle, la lutte contre l’évasion fiscale et la rationalisation des avantages fiscaux et financiers. Pour ce qui est du renforcement du rôle social de l’Etat, on y procèdera en allouant les enveloppes nécessaires pour subventionner les produits de base, les hydrocarbures et le transport ainsi qu’en assurant la régularité du marché intérieur et en soutenant les catégories démunies à travers plusieurs mesures.
Le budget de l’Etat 2025 repose, en outre, sur le renforcement des ressources non fiscales et l’accélération des délais d’exécution des projets publics et privés, outre le développement de la gouvernance des entreprises publiques et la lutte contre les changements climatiques.
Les résultats provisoires de l’exécution du budget de l’État à fin août 2024 font état que ce dernier a atteint 75,6 milliards de dinars contre 77,8 milliards de dinars estimés pour l’année 2024, soit une hausse de 9,4% par rapport aux résultats de l’année 2023.
Les dépenses pour toute l’année 2024 devront atteindre environ 56,9 milliards de dinars, enregistrant une hausse de 5,7% par rapport aux résultats enregistrés fin 2023.
Hausse des recettes de 5,7%
Le gouvernement prévoit, dans le cadre du projet de budget de l’Etat, au titre de l’année 2025, une hausse des recettes de 5,7%, et une légère augmentation des dépenses de 0,04%.
Les ressources propres représentent près de 63,9 % du total des ressources de l’Etat, contre 62,5 % prévus au titre de l’année 2024, lesquelles sont réparties sur des recettes fiscales d’une valeur de 45,2 milliards de dinars et des recettes non fiscales estimées pour l’année 2025 à 4,4 milliards de dinars. Les recettes fiscales devront augmenter de 7,3% au titre de l’année 2025 par rapport à 2024.
Le gouvernement a estimé la valeur des ressources de trésorerie générale dans la limite de 28,2 milliards de dinars, représentant 36% des ressources de l’Etat, provenant des ressources d’endettement de près de 28 milliards de dinars et d’autres ressources de trésorerie de l’ordre de 200 millions de dinars. Les ressources d’endettement, au cours de l’année 2025, seront réparties comme suit : 6,1 milliards de dinars sous forme de dette extérieure et 21,8 milliards de dinars sous forme de dette intérieure.
Dépenses salariales de l’ordre de 24,3 milliards de dinars
Le gouvernement a programmé des dépenses de l’ordre de 59,8 milliards de dinars au cours de l’année 2025, avec une hausse de près de 23 millions de dinars par rapport à 2024.
Les dépenses salariales sont de l’ordre de 24,3 milliards de dinars, celles des interventions sont de près de 20,5 milliards de dinars et celles d’investissement sont de l’ordre de 5,4 milliards de dinars. Les charges salariales (24,3 milliards de dinars en 2025) ont enregistré une hausse de près de 678 millions de dinars (MD) par rapport à l’enveloppe consacrée au budget de l’Etat de 2024, soit une augmentation de près de 2,8 %.
Les dépenses salariales représentent 13,3 % du produit intérieur brut (PIB), contre 13,5 % estimés dans la loi de finances 2024. Elles représentent 40,8 % des dépenses du budget au titre de l’année 2025, conte 39,6 % estimé dans la loi de finances de 2024.
Les subventions représentent 19,4% du total des dépenses
La Tunisie a consacré 11,5 millions de dinars du projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2025 aux dépenses de subvention, dont près de 8 milliards de dinars seront consacrés au secteur des hydrocarbures et 3,8 milliards de dinars aux produits de base. Les dépenses de subvention représentent près de 19,4% du total des dépenses du budget de l’Etat et 6,3% du PIB.
Selon le même rapport, les dépenses des hydrocarbures ont été fixées sur la base d’hypothèses de prix de référence du baril Brent de 77,4 dollars, une hausse du volume de la consommation de gaz naturel de 4,5%, outre les quantités de gaz algérien qui représentent près de 52% de la consommation nationale.
L’exécutif a fixé les dépenses en matière de subvention des hydrocarbures, sur l’hypothèse de l’augmentation de 2% du volume de consommation des produits pétroliers issus du pétrole brut, la mobilisation d’une enveloppe d’environ un milliard de dinars au titre de l’augmentation des prix d’achat du gaz algérien, le remboursement d’une tranche de 120 millions de dinars du crédit du Fonds saoudien de développement consacrée à l’achat de produits pétroliers et près de 200 millions de dinars pour le payement des sommes restantes dues au titre d’une prime de subvention complémentaire de 2018 à 2022.
Le gouvernement continuera la subvention des produits de base en consacrant 2,6 milliards de dinars à la subvention des céréales, 375 millions de dinars à l’huile végétale, 524 millions de dinars au lait, 190 millions de dinars à la pâte alimentaire et au couscous, 10 millions de dinars au sucre et 28 millions de dinars au papier scolaire.
Compter sur soi
Commentant ces estimations budgétaires, le député de l’ARP Abderrazek Aoudet, qui a valorisé les orientations du gouvernement à maintenir les équilibres économiques en dépit de la conjoncture, dont l’instabilité des marchés internationaux. Cependant, il a mis l’accent sur le devoir d’accentuer le travail pour assurer la souveraineté alimentaire, médicale et énergétique. Dans ce sens, il a évoqué l’impact des aléas climatiques, dont la sécheresse, sur le rendement de l’agriculture, tout en proposant d’opter pour des solutions effectives à l’instar de l’installation de stations de dessalement d’eau pour assurer la durabilité et la résilience de l’agriculture. Il a également évoqué la récupération des terres domaniales qui, selon lui, devront être revalorisées en les attribuant à des ingénieurs tunisiens en agriculture de diverses spécialités et ayant la volonté et la technicité de valoriser ces terres. Par ailleurs, Aouidet a commenté le changement récurrent d’année en année des diverses primes et des systèmes d’attributions des primes aux investisseurs. D’après lui, le fait de changer ces primes de manière récurrente est un handicap à la promotion des investissements, puisque les investisseurs cherchent la stabilité que ce soit dans les politiques de l’Etat, ou dans les facilitations et encouragements à l’investissement.
De son côté, Issam Chouchen, président de la commission des finances de l’ARP, a défendu les estimations de croissance, valorisant les efforts fournis par le gouvernement afin de compter sur ses propres moyens pour financer le budget de l’Etat. Il a souligné que les mesures prises pour renforcer la cadence du développement sont à même de fournir des moyens de financement capables de réduire le déficit budget. Une stratégie qu’il salue, tout comme les efforts visant à renouer avec la productivité dans le secteur du phosphate, qui sera, d’après lui, un atout pour l’économie nationale, précisant que le gouvernement table sur une production de 5 millions de tonne seulement, ce qui pourrait être dépassé au vu des mesures prises, et la reprise de la production.
Dans cette même logique, des membres du Conseil national des régions et des districts ont appelé, hier, le gouvernement à poursuivre sa politique du compter-sur-soi afin de maintenir l’équilibre des finances publiques, tout en exhortant l’exécutif à mettre en place, au titre de la prochaine période, des réformes structurelles en vue de relancer l’économie nationale.
N.HAJBI avec TAP