La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 29), qui s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, réunissant près de 200 pays dont la Tunisie, est parvenue à un accord décisif qui consiste à tripler le financement aux pays en développement, par rapport à l’objectif précédent de 100 milliards de dollars par an à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035.
Cet événement annuel constitue la principale plateforme mondiale permettant de débattre du sujet des défis climatiques, de leurs impacts et des mesures de coopération internationale nécessaires pour y faire face. Les Conférences des parties offrent également l’opportunité de définir des politiques et stratégies favorisant une action climatique efficace et durable.
La 29e session, placée sur le thème du Financement climatique, constitue un cadre stratégique de négociations d’un nouvel objectif mondial en la matière et d’adoption d’une décision visant à doubler les fonds alloués à l’adaptation aux changements climatiques.
Une participation tunisienne bien coordonnée
En collaboration avec les autres départements ministériels, le ministère de l’Environnement a coordonné la participation tunisienne à cet événement, formée d’une délégation incluant des représentants de ministères et de différentes structures sectorielles, de la société civile, du secteur privé, d’acteurs environnementaux et de jeunes engagés en faveur des questions climatiques. Cette diversité garantit une vision intégrée des enjeux et défis climatiques au niveau régional et international.
La Tunisie a présenté ainsi les mécanismes innovants de financement de l’adaptation et a abordé les défis des pays en développement dans ce domaine, tout en mettant en lumière des solutions novatrices.
La COP 29 était une occasion majeure pour la Tunisie de réaffirmer ses engagements climatiques, de promouvoir des solutions innovantes et de renforcer sa coopération avec la communauté internationale face aux défis environnementaux.
Nouvel objectif chiffré
Les assises de la conférence ont débouché sur une panoplie de mesures visant à multiplier les efforts de tous les acteurs afin d’augmenter le volume de financement aux pays en développement, à partir de sources publiques et privées, pour atteindre un montant de 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035.
Connu sous le nom de nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique, cet accord a été adopté après deux semaines de négociations intenses et plusieurs années de travail préparatoire. « Ce nouvel objectif en matière de financement est une assurance pour l’humanité, dans un contexte d’aggravation des effets climatiques qui frappent tous les pays », déclare Simon Stiell, secrétaire exécutif d’ONU Climat. « Mais comme toute assurance, elle ne peut fonctionner que si les primes sont payées intégralement et à temps », précise-t-il.
L’Agence internationale de l’énergie prévoit que les investissements mondiaux dans le domaine de l’énergie dépasseront les 2 000 milliards de dollars pour la première fois en 2024.
Le nouvel objectif en matière de financement de la COP 29 s’appuie sur les avancées significatives de l’action climatique mondiale lors de la COP 27 qui a approuvé un Fonds historique pour les pertes et préjudices, et de la COP 28 qui a abouti à un accord mondial visant à opérer une transition rapide et équitable vers une sortie de tous les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, à tripler les énergies renouvelables et à renforcer la résilience aux changements climatiques.
La COP 29 est également parvenue à un accord sur les marchés du carbone, que plusieurs des précédentes COP n’avaient pas pu finaliser. Ces accords aideront les pays à mettre en œuvre leurs plans d’action climatique plus rapidement et à moindre coût, et à progresser plus vite dans la réduction de moitié des émissions mondiales au cours de cette décennie. Des accords importants ont également été conclus sur la reddition de comptes sur le climat.
Lors des travaux de la COP 29, les pays se sont mis d’accord sur des normes pour un marché du carbone centralisé sous l’égide des Nations unies. C’est une bonne nouvelle pour les pays en développement, qui bénéficieront de nouveaux flux financiers.
Des subventions climatiques plutôt
que des prêts
Pendant ce temps, l’Afrique, responsable de seulement 4 % des émissions globales, subit de plein fouet les conséquences du changement climatique, avec des sécheresses, des inondations récurrentes et des déplacements massifs de populations.
Le continent a besoin de financements conséquents estimés à 1.300 milliards de dollars par an pour la période 2025-2030. Les 45 pays les moins développés situés pour la plupart en Afrique demandent qu’au moins 220 milliards de dollars leur soient alloués chaque année. Ce chiffre impressionnant reflète les besoins cumulés en infrastructures résilientes, en adaptation aux impacts climatiques et en transition énergétique. Ce financement n’est pas uniquement une question de solidarité : il s’agit de respecter les engagements des Accords de Paris et de permettre une justice climatique.
Les pays développés, qui s’étaient engagés en 2009 selon l’accord de Copenhague à verser une somme de 100 milliards de dollars aux pays du sud, n’ont atteint cet objectif que récemment en 2022.
De nombreux Etats africains plaident en faveur de subventions climatiques plutôt que de prêts. Les subventions, qui ne génèrent pas de remboursements, permettraient d’alléger le poids de la dette tout en accélérant la mise en œuvre des projets climatiques.
Plusieurs pistes ont été explorées au cours des travaux de la conférence, telles que la création de nouveaux mécanismes de financement innovants comme les marchés carbone, et le renforcement des fonds dédiés à l’adaptation. Les banques multilatérales de développement ont prévu de porter leurs financements climatiques en faveur des pays à revenu faible et intermédiaire à un montant total de 120 milliards de dollars par an d’ici 2030, soit une augmentation de 25 %, dont 42 milliards de dollars consacrés à l’adaptation.