Environ 26 % des 3,4 millions d’enfants en Tunisie vivent sous le seuil de pauvreté (soit environ 826.000 enfants), tandis que 5,1 % vivent dans une pauvreté extrême, selon une étude menée par l’UNICEF en collaboration avec le Centre de recherches et d’études sociales (CRES) et le ministère des Affaires sociales.
L’étude, publiée sur le site internet de l’UNICEF, révèle de grandes disparités dans le taux de pauvreté infantile selon les régions : 36 % des enfants des zones rurales vivent dans la pauvreté, contre 20 % dans les zones urbaines.
Elle indique également que 50 % des enfants dans la région du Centre-Ouest vivent dans des familles pauvres, contre seulement 8 % des enfants dans le Grand Tunis.
Cette étude, réalisée entre 2023 et 2024, s’appuie sur les résultats des enquêtes nationales sur les dépenses, la consommation et les conditions de vie des ménages pour les années 2015 et 2021, ainsi que sur les données du programme “Al Amane Ijtimaï” dédié aux populations pauvres et à faible revenu, supervisé par le ministère des Affaires sociales.
L’étude a également mis en lumière des “lacunes” dans les programmes de protection sociale. Elle souligne que 20,5 % des enfants de moins de 6 ans et 26,8 % des enfants âgés de 6 à 17 ans ne sont pas couverts par ces programmes, tout en dénonçant des irrégularités dans la répartition des ressources, qui profitent parfois à des familles aisées non éligibles.
L’étude met en avant les défis socio-économiques freinant les efforts de réduction de la pauvreté en Tunisie, notamment l’absence de couverture sociale pour 21 % des personnes vivant sous le seuil de pauvreté et 26 % de celles en situation de pauvreté extrême. Elle souligne également que le programme “Al Amane Ijtimaï” ne couvre pas toutes les populations pauvres des régions marginalisées, notamment dans les zones occidentales et centrales du pays.
Pour lutter contre la pauvreté, l’étude propose une série de recommandations, notamment le renforcement de la croissance économique, l’accélération des réformes structurelles de l’économie, l’amélioration des conditions de vie des ménages ruraux dépendant de l’agriculture, et la stabilisation de leurs revenus face aux chocs climatiques et économiques.
Elle préconise également un meilleur accès à l’éducation, aux services de santé et aux services sociaux, considérés comme des outils essentiels pour réduire la pauvreté. L’élargissement de la couverture des programmes de protection sociale pour inclure tous les enfants, ainsi qu’une augmentation des transferts monétaires en faveur des familles pauvres, figurent parmi les recommandations.
L’étude insiste sur l’importance d’investir dans les enfants pour garantir un meilleur avenir au pays et éviter la “transmission intergénérationnelle de la pauvreté”. Elle appelle à des politiques inclusives basées sur la justice sociale et une répartition équitable des ressources, avec un accent particulier sur les groupes les plus vulnérables.
Il convient de rappeler qu’en 2021, le taux de pauvreté en Tunisie était de 16,6 %, contre 15,2 % en 2015, selon les résultats de l’enquête nationale sur les dépenses, la consommation et les conditions de vie des ménages de 2021.