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Bassem Ennaifer, analyste financier

« La baisse du refinancement bancaire reflète une diminution de la liquidité. Le refinancement de la Banque centrale de Tunisie a atteint douze milliards de dinars, bien en deçà du montant de 2023. Cette baisse est due à une réduction du recours des banques au refinancement de l’autorité monétaire, causée par une diminution des Bons de Trésor émis par l’Etat, notamment les Bons du Trésor à court terme (BTC). Cela a réduit la demande de l’Etat pour des émissions financières nécessitant un refinancement.Toutefois, l’Etat a compensé cette situation en augmentant ses emprunts, avec la mobilisation de plus de cinq milliards de dinars via l’emprunt national 2024. L’endettement de l’Etat sur le marché intérieur a augmenté, mais en utilisant des moyens qui ne nécessitent pas de refinancement.

En ce qui concerne le refinancement des banques pour financer l’économie, il y a hausse des dépôts par rapport au financement des entreprises par le secteur bancaire. Cette augmentation des dépôts est due à la hausse de l’inflation et au bon rendement du secteur bancaire. Là, il s’agit d’un comportement rationnel. Plus il y a d’écart entre les recettes et les utilisations des banques, plus la demande de refinancement augmente. Bien que le volume de douze milliards de dinars de refinancement soit inférieur à celui de 2023, il reste largement supérieur aux sept à huit milliards de dinars des années précédentes. Les taux d’intérêt demeurent élevés, le recours au refinancement continuera de diminuer.

Les indicateurs présentés par la BCT montrent que la situation économique du pays n’a pas beaucoup évolué ces dernières années : le secteur bancaire reste concentré sur le financement de l’Etat, jugé plus rentable et moins risqué. Le secteur bancaire a plus besoin de fonds en dinars que de financement extérieur, grâce aux recettes provenant des exportations, des quatorze milliards de dinars issus du tourisme et des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger. Aujourd’hui, l’équilibre qui existe dans l’économie ne se traduit pas par une croissance économique significative. La croissance devrait rester entre 1 et 1,2 %, avec une possible augmentation de 0,3  à 0,4 % avec une bonne saison agricole. Il est nécessaire de sortir de ce cercle vicieux et de trouver des financements suffisants pour les entreprises tunisiennes à des taux d’intérêt raisonnables, afin de relancer l’investissement, stimuler la production et augmenter l’offre pour réduire les prix et l’inflation ».

Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis

« L’économie est actuellement financée par le secteur bancaire. La Bourse de Tunis a financé jusqu’à 10% de l’économie, il y a quelques années, ce taux reste bien inférieur à celui de pays similaires où il a atteint 30%. Il est nécessaire de diversifier les sources de financement, d’amender la loi et d’intégrer de nouveaux produits financiers. Une société peut lever des fonds lors de son introduction en Bourse pour diverses raisons, à savoir pour des investissements futurs, une restructuration ou encore l’intégration de nouveaux partenaires.

Il faut amender la législation régissant ce marché depuis 1994. Cette loi est devenue obsolète et inadaptée au développement des produits financiers, tels que les produits dérivés et les bourses de matières premières. Il existe un projet prêt de bourse pour l’huile d’olive, mais qui n’a pas pu être mis en œuvre en raison de ces contraintes législatives. Un projet de loi permettant la création de nouveaux produits financiers est en cours de finalisation, ce qui permettra d’attirer de nouveaux investisseurs et ainsi, accroître l’efficacité de la Bourse dans le financement de l’économie.

L’exercice 2024 était positif pour la Bourse. Son principal indice, le Tunindex, ayant progressé de 13 %. La composition de l’indice s’élève à 50% par les banques.

La bonne santé du Tunindex dépend directement de celle des banques. Les investisseurs et les acteurs du marché réagissent favorablement lorsque l’offre est intéressante, à l’instar de l’emprunt obligataire national 2024, et les sociétés cotées en Bourse sont résilientes, solides et offrent une bonne rentabilité.

Il est également nécessaire de diversifier les produits financiers afin d’intégrer tous les secteurs clés de l’économie, à l’instar de l’énergie, le pétrole, les télécommunications, l’agriculture et le tourisme, permettant ainsi à la Bourse de profiter davantage de profondeur, de liquidité et de moyens de financement. L’année 2025 pourrait être une année charnière pour la Bourse de Tunis, si la nouvelle législation est adoptée ».

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