A l’aube d’une nouvelle année, il y a de ces initiatives qu’on voit défiler et qui semblent être en phase avec leur époque. « Diasporactive » en fait partie. Ce programme incite de jeunes entrepreneurs tunisiens, installés à l’étranger, et même ceux qui ambitionnent de devenir investisseurs, à implanter leurs projets dans leur pays d’origine. Tout un programme édifiant leur a été préparé pour un retour au bercail.
La Presse — En rencontrant ce noyau de jeunes Tunisiens, résidents à l’étranger, l’espoir renaît grâce à leur volonté de s’accomplir dans leur pays et d’y apporter leurs pierres à l’édifice. Déployer ses ailes et apprendre à l’international, c’est sans doute important mais s’implanter dans son pays d’origine reste à l’ordre du jour. Dans une époque où on évoque le plus souvent la migration vers d’autres cieux et la fuite des cerveaux, « Diasporactive » valorise une migration des cerveaux à l’envers. Celle qui rime avec le retour d’une vie… pensé, conçu, imaginé par une cohorte de 6 personnes munis de 6 projets solides à concrétiser pour la Tunisie.
Un programme d’accompagnement
« Diasporactive » est un programme élaboré par l’incubateur « 1kub » et a pour objectif d’encourager de jeunes entrepreneurs tunisiens, vivant à l’étranger, d’investir dans leur pays. Une initiative qui offre accompagnement, sessions de formation, services et consultations effectuées par des experts. «Diasporative» est l’émergence d’un espace d’échanges d’expériences, d’outils, de savoir et se présente comme une aubaine pour réseauter dans un cadre propice à la créativité et à la conception. Le programme engage les participants dans une expérience fructueuse, qui donne des réponses, en théorie, aux inquiétudes liées à l’investissement en Tunisie, à l’aspect administratif tunisien, à la bureaucratie, à la loi tunisienne, et au contexte national, qui reste méconnu pour des jeunes ayant passé des années de leur vie, loin du pays. Le programme « Diasporactive » a débuté en septembre avec la sélection de 9 entrepreneurs tunisiens essentiellement basés en France, Belgique, Italie, Autriche, Allemagne … mais aussi aux USA. La moitié sont des femmes, pour la plupart de formation ingénieur ou issues du secteur informatique. Les candidats ont, à leur actif, au minimum 12 années à l’étranger, et envisagent de percer professionnellement avec un projet qui leur permet d’être fonctionnels, pourquoi pas, entre deux rives. Cette envie devient persistante, malgré leur position professionnelle avantagée à l’étranger.
Une succession de projets ambitieux
Un éventail de projet viables est présenté lors d’une session de formation organisée par « 1Kub ». Les secteurs concernés sont le tourisme durable, l’amélioration des services du quotidien chez les Tunisiens, l’exportation de produits d’artisanat ou du terroir tunisien, et d’autres, à caractère technologique impactant comme le lancement d’applications, de plateformes ou de CRM. L’accompagnement dans une première étape a duré 3 mois pour les participants désireux d’élaborer leurs projets. La progression pour chacune et chacun varie : il y en a qui pensent encore leur vision, et d’autres qui sont déjà dans la concrétisation. Sarah Bourouissi pense un projet écolo, pour un tourisme durable et sain pour l’environnement à développer auprès de restaurants et d’hôtels en Tunisie. Une idée qui nécessite actuellement son étude du marché. L’aspect «développement» de son projet prometteur évolue bien. Adel Lusakula est tuniso-congolais, ingénieur à Toulouse. Depuis son plus jeune âge, il rêve d’entreprendre. Son souhait prend forme dans son projet destiné à la fabrication du miel organique : une vente export qu’il trouve nécessaire à la valorisation du miel de Tunisie. Safouane ben Haj Ali tient à concevoir une plateforme numérique au nom insolite « My Chakchouka » qui connecte les artisans tunisiens au marché global. Sa cible, ce sont les personnes qui s’intéressent aux produits tunisiens.
Aya Omrani, au parcours universitaire atypique, veut fonder « Med Journey », une agence de tourisme médical en Tunisie. Une aubaine qui pourrait rallier soins et tourismes. Ala Selmi savoure son expérience naissante dans le e-commerce avec son associé tunisien basé aux USA. Son projet vise à lier les commerçants à leurs clients à travers « Souk express ». Son e-ccommerce a pour but de faciliter les courses de tous les jours chez les citoyens tunisiens. Taoufik vit à Paris depuis 35 ans. Il tient à récupérer un bien familial : une ferme coloniale, qu’il tient à convertir en chambres ou maison d’hôtes. Il a une collection importante d’objets historiques qu’il peut exposer ou en faire un musée. Un lieu de villégiature est actuellement en devenir à Zaghouan, dans ce domaine de Bir Mchergua.
Cette première cohorte de ce programme est financée par l’Union européenne et soutenue par «Thamm Ofii» qui cible les membres de la diaspora et leur capacité d’offrir des opportunités économiques, sociales et culturelles attrayantes. Le programme est aussi déployé sur d’autres gouvernorats : le Cap Bon et Zaghouan, Béja et Sfax. D’autres projets vont voir le jour. «1Kub», l’incubateur, lance régulièrement des appels pour le programme «diasporactive», pour accompagner d’autres entrepreneurs de la diaspora, dans la structuration et la mise en œuvre de leurs projets, dans la définition du Business Modèle, la construction du Business Plan, l’étude de marché mais aussi la connexion avec les structures facilitatrices, peut -on lire dans un communiqué.