Il est vrai que la loi de finances 2025 a fait couler beaucoup d’encre depuis son adoption. Entre reproches, critiques et éloges, les avis des uns et des autres diffèrent. Alors que certains qualifieraient le taux d’imposition d’« élevé », d’autres estiment que la révision des impôts en faveur des catégories à faible revenu et à toutes les classes moyennes serait un coup de pouce contre l’inflation.
La Presse — La Tunisie fait face à des défis économiques, Chekib Ben Mustapha, membre du bureau exécutif de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), a mis en lumière les priorités fixées par l’exécutif pour redresser la situation.
Dans ce cadre, il a mentionné que les deux objectifs prioritaires de l’exécutif sont annoncés depuis quelques années : l’amélioration du pouvoir d’achat et le rétablissement des équilibres budgétaires de l’Etat.
Des efforts contre l’inflation
A cet effet, on notera que la loi de finances 2025 a une nouveauté principale : la révision du barème de l’impôt sur les personnes physiques avec une réduction des impôts pour les catégories à faible revenu et à toutes les classes moyennes. Les réductions d’impôt mensuelles varient de 30 à 50 dinars. C’est un coup de pouce contre l’inflation pour 97 % des salariés.
Selon Ben Mustapha, la lutte pour le pouvoir d’achat est clairement affichée comme l’objectif prioritaire pour l’exécutif. Il faut maintenant examiner ce nouvel élément dans le cadre plus global des efforts des autorités en matière de lutte contre l’inflation. « On rappellera, à cet effet, que le taux d’inflation est passé de près de 10 % début 2024 à 6,2 % en fin d’année ». Ben Mustapha a expliqué que « la nouvelle est pratiquement passée inaperçue, mais il s’agit d’une véritable performance à mettre au crédit des autorités.
Certes, on est encore loin de l’objectif de 3 % mais il y a, tout d’abord, une inflexion de la tendance qui était plutôt vers l’aggravation de l’inflation et les craintes de dérapage en cas de dépassement du seuil symbolique de 10%, et une baisse substantielle. D’ailleurs, les agences de notation internationales l’ont bien noté avec une révision positive de notre note souveraine. Là encore, nous demeurons dans une zone très négative mais le plus important est que nous avons pu enrayer la spirale baissière ».
L’effort de la BCT
Toujours dans le même ordre d’idées, Ben Mustapha a tenu à rappeler « la stabilisation du dinar par rapport à l’euro et aussi la très légère dépréciation vis-à-vis du dollar américain ». Tout cela, d’après lui, n’est pas le fruit du hasard.
Ben Mustapha a souligné que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a mis en œuvre une politique monétaire rigoureuse, maintenant des taux d’intérêt à des niveaux appropriés. Cette approche a permis d’assurer une cohérence entre la dynamique monétaire et l’économie réelle, favorisant ainsi un environnement propice à l’appréciation du dinar.
En parallèle, les réserves en devises ont connu une augmentation significative, passant de 22,6 milliards de dinars à 24,3 milliards entre 2023 et 2024. Cette hausse des avoirs nets en devises a renforcé la confiance dans la monnaie nationale et joué un rôle clé dans sa valorisation. Ces efforts ont permis d’endiguer l’inflation importée qui a fait des ravages au cours des années précédentes, a précisé le membre du bureau exécutif de la conect.
Le chemin est encore long
« On n’est pas encore sorti de l’auberge, mais l’orientation est bonne. On rappellera que la Grèce qui était, il y a 15 ans, dans une situation financière bien plus grave que la nôtre, a, suite à une politique de rigueur budgétaire continue, obtenu cette année un satisfecit des bailleurs de fonds avec des taux d’intérêts équivalents à ceux de la France, à titre d’exemple », a, par ailleurs, expliqué Ben Mustapha. Il a également, fait savoir que « le chemin à parcourir est encore long, mais on notera que le taux d’endettement qui se creusait inéluctablement au cours des 15 dernières années avec une accélération à la fin des années 2010, s’est stabilisé ».
Il a, d’autre part, évoqué un autre élément tout aussi important : « Notre dette souveraine, autrefois essentiellement libellée en devises et donc peu maîtrisable du fait des différents facteurs entrant en considération dans son évolution, est aujourd’hui à dominante libellée en dinar tunisien. C’est là encore à mettre au crédit du ministère des Finances et de notre système financier de manière générale. Je tiens tout de même à souligner que la croissance nécessite de l’investissement », a-t-il conclu.