Accueil A la une Capital-investissement en Afrique: Songer à des levées de fonds intracontinentales

Capital-investissement en Afrique: Songer à des levées de fonds intracontinentales

En se référant aux dernières statistiques, le « Private Equity international » ou le « Capital investissement international » destiné aux pays africains s’élève à moins 1,5 %. Selon les spécialistes, ce très faible taux montre la nécessité d’un réel engagement intraafricain.

La Presse — La part actuelle de l’Afrique au sein du « Private Equity international », aussi bien en termes de volumes que de nombre de transactions, ne dépasse pas 1,5% du total du capital investissement international. Christian Kazumba, expert en développement du secteur privé subsaharien, a estimé, dans une chronique parue sur le « Financial Afrik », que cette “ très faible performance est d’autant plus préoccupante que quatre pays, communément appelés les « big four », concentrent à eux seuls 80% des interventions réalisées par les fonds de « capital risque » et de « capital-développement » sur le continent ”.

D’après lui, il n’est pas anodin que ces quatre pays, à savoir le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Egypte appartiennent au monde anglophone et non francophone…

Il a, également, rappelé que les start-up, les très petites entreprises ainsi que les petites et moyennes entreprises africaines souffrent d’un manque terrible d’accès aux financements. « Les crédits bancaires, accordés à l’économie en Afrique subsaharienne, représentent moins de 25% de son PIB, soit le niveau le moins élevé de la planète », a-t-il fait savoir. L’expert a proposé que les « Business Angels » et les fonds d’investissement doivent jouer un rôle majeur et y être accueillis « à bras ouverts, ce qui n’est pas encore le cas ».

Une fiscalité accablante

Il propose de bien identifier les causes de cette contre-performance pour pouvoir adapter les solutions aux vrais besoins et, ainsi, « lever les freins à l’essor d’un secteur crucial en vue d’une émergence économique africaine ». Il énumère les principaux freins à l’éclosion d’un « Private Equity » africain robuste et commence par mettre le doigt sur la fiscalité pesante.

Il cite des études récurrentes de la Banque mondiale, qui montrent que la pression fiscale qui touche les entreprises en Afrique est « l’une des plus fortes de la planète et se situe, en moyenne, à près de la moitié de leur résultat commercial. Seule l’Amérique latine fait pire », a-t-il précisé

L’autre frein serait les coûts d’exploitation souvent dissuasifs ; les coûts de la data internet, le prix des loyers dans les grands centres urbains, les coûts de l’accès à l’énergie, les coûts des ressources humaines qualifiées… Toutes ces charges sont souvent plus élevées en Afrique qu’en Europe et ralentissent, ainsi, la création ou l’implantation de véhicules d’investissement.

Faible capitalisation boursière

Selon lui, les marchés financiers restent également à développer. Il a rappelé que sur le continent africain le nombre de Bourses de valeurs est faible et qu’on n’en compte qu’une trentaine. Il a, par ailleurs, mis l’accent sur l’étroitesse de la capitalisation de ces Bourses. Cela rend difficile l’évaluation de la valeur des sociétés ciblées par les acteurs du « Private Equity », faute d’éléments probants de comparaison. Aussi, les perspectives de sortie de ces acteurs suite aux financements par prise de participation au capital sont également peu claires. Christian Kazumba a, par la suite, évoqué la problématique liée à la rareté de dossiers « investissables  ». « Tous ces différents points d’attention concernent indéniablement l’ensemble des parties prenantes de notre secteur privé et, par conséquent, nécessitent une prise de conscience collective : gouvernances, bailleurs de fonds, entrepreneurs, structures d’incubation et d’accélération, coachs, mentors… Qu’on ne s’y trompe pas : nous n’avons pas le choix ! C’est à nous, Africains, de mettre en place les conditions nécessaires afin de faciliter la genèse d’un « Private Equity, made in Africa », vecteur de financements et de création de valeurs dont notre écosystème entrepreneurial a tant besoin. La résilience, l’agilité et le talent de nos porteurs de projets le justifient amplement », a-t-il insisté.

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