Accueil Actualités Quand les eaux usées s’invitent dans les maisons et les rues : Harmoniser l’action dans la gestion des eaux pluviales et usées

Quand les eaux usées s’invitent dans les maisons et les rues : Harmoniser l’action dans la gestion des eaux pluviales et usées

Malgré de nouvelles augmentations des redevances d’assainissement qui ont concerné les usages domestiques, touristiques et industriels, les services de l’Onas ne sont pas montés en gamme. Pire, ils sont toujours débordés et ne répondent, le plus souvent, que tardivement aux réclamations des citoyens.

La Presse — Les grandes quantités de pluie enregistrées durant ces derniers mois ont été accueillies avec une immense joie. Il faut dire que la menace du stress hydrique nous a pris de court, tellement on était concentrés sur d’autres préoccupations ou peu sensibilisés à cette question. Ceux qui vivaient dans l’insouciance totale et manifestaient peu d’intérêt au prolongement des saisons de sécheresse et des phénomènes extrêmes de canicule se trouvent aujourd’hui plus sensibilisés aux changements climatiques induisant à la succession d’années chaudes jamais enregistrées dans le passé. Sauf que ces grandes quantités d’averse, quoiqu’accueillies favorablement, ont vite cédé la place aux habituelles réactions de colère à l’égard, en particulier, des services municipaux et ceux de l’Office national de l’assainissement (Onas).

Les services d’assainissement sur la sellette

Après la pluie vient le beau temps, dit bien l’adage. Toutefois, les récentes fortes précipitations, si elles n’ont pas provoqué d’inondations à grande échelle, elles ont mis hors service nos réseaux d’assainissement collectifs et individuels. Dans certaines villes, on est pris par le dégoût et l’envie de vomir à la vue des égouts d’où jaillissent des eaux usées qui débordent de tous les côtés, rendant la circulation difficile sur les avenues, les rues et les ruelles. Ce n’est pas là un nouveau fait, mais disons que le citoyen s’est habitué à la détérioration des services de certaines institutions au point que ses critiques ne produisent aucun effet escompté. Ce qui choque encore plus le citoyen, ce sont malheureusement ces mêmes réflexes auxquels il doit faire face. Il a le plus souvent droit à des réponses émanant de certains responsables qui mettent en cause d’autres départements intervenant dans le processus de nettoyage et de collecte des déchets.

Ainsi, les services de l’assainissement chargés de l’entretien et de la maintenance des réseaux publics, n’hésitent pas à renvoyer la balle aux services municipaux en les accusant de manquer à leurs obligations en matière de contrôle des raccordements anarchiques aux réseaux publics d’assainissement. Du côté des conseils municipaux et locaux, c’est plutôt l’Onas qui se trouve dans le box des accusés. Il est vrai que cet établissement endosse une part de responsabilité à ce niveau, ce qui expliquerait d’ailleurs le mécontentement des citoyens et leur insatisfaction à l’égard des services d’assainissement. D’autant que de nouvelles augmentations des redevances d’assainissement ont été décidées en octobre 2022. Ces augmentations  ont contribué à gonfler la facture de la Sonede. En contrepartie, les services de l’Onas ne se sont pas améliorés.

En effet, malgré ces augmentations qui ont concerné les usages domestiques, touristiques et industriels, les services de l’Onas ne sont pas montés en gamme. Pire, ils sont toujours débordés et ne répondent, le plus souvent, que tardivement aux réclamations des citoyens. Les conseils municipaux assument, à leur tour, une part de responsabilité. Ils ne doivent pas continuer à leurrer le citoyen par le biais de travaux effectués occasionnellement et, à la hâte, avant la saison des pluies. La gestion des déchets municipaux qui a toujours été du ressort de la collectivité locale, n’a pas évolué avec l’urbanisation galopante. Et pourtant, les observateurs ont démontré que l’explosion démographique signifie une montée en flèche de la consommation d’eau et de la pollution. La priorité est donc de développer des solutions technologiques accessibles et performantes pour traiter les eaux usées et préserver l’environnement. Ce qui a été laissé de côté.

Tout le monde se renvoie la balle

Les conseils municipaux se sont habitués ces dernières années à adopter des politiques excluant le principe de démocratie locale, ce qui a conduit systématiquement à son exclusion de l’action municipale. Rien n’a été fait sur le plan des infrastructures pour protéger et respecter l’environnement dans les communes. Préserver et améliorer le cadre de la vie du citoyen n’a été qu’une vaine promesse.  Les conseillers locaux qui s’activent aujourd’hui au niveau des communes pour trouver des solutions aux canalisations bouchées dégageant des odeurs nauséabondes devant les cafés, les restaurants, les établissements scolaires, avec les risques sanitaires qui pourraient en découler, se trouvent devant un grand problème.

En effet, l’un des directeurs régionaux de l’Onas n’a pas manqué, lors d’une réunion tenue récemment à Tunis avec les membres du conseil régional Slim Ben Achour, de mentionner que le problème des réseaux collectifs aussi bien à La Goulette qu’au Kram est plus complexe. Il s’agit d’installations précaires qui ne sont plus capables d’assurer un bon fonctionnement durant les saisons de forte pluie. Selon ses dires « il faut attendre la fin de la saison des pluies pour que les services de l’Onas puissent intervenir ». Voilà qui en dit long sur la qualité des services des équipements de l’Onas.

Concernant la gestion des eaux pluviales, le responsable de l’Onas a parlé de l’élévation du niveau de la mer à La Goulette et des vagues qui ont causé la destruction d’une partie de la corniche en pierre de la plage à La Goulette. Comment se fait-il que les vagues puissent arriver à ce niveau, s’est-il demandé ? Une question bizarroïde, car il faut remonter un peu le temps, plus précisément dans les années soixante. En ces temps, l’écume des vagues de la mer s’invitait déjà dans la ville de La Goulette, et plus précisément dans l’emblématique Rue Roosevelt. La montée du niveau de la mer ne date pas donc d’aujourd’hui et il vaudrait mieux s’attaquer frontalement aux autres raisons qui ont été soulevées auparavant sans être suivies d’actions concrètes et de solutions pérennes.

A ce titre, l’un des experts explique que le problème se trouve à d’autres niveaux, comme l’absence des réseaux d’évacuation des eaux de pluie dans certains endroits, alors que dans d’autres, les eaux usées sont déversées dans le réseau des eaux pluviales. Il ajoute que la gestion conventionnelle conduisant à rejeter les eaux pluviales dans la mer a aussi montré ses limites. « Nos villes, côtières en particulier, doivent disposer de systèmes de pompage fiables, capables de traiter d’importants volumes d’eau ».

Il est utile aussi de souligner que le problème se situe sur le plan de la coordination entre les services intervenant dans les travaux de voirie. Notre source cite, à titre d’exemple, les services municipaux, l’Onas, les services de télécommunication, la Steg et la Sonede qui travaillent de manière indépendante au moment où le président de la République vient d’insister, lors d’une réunion tenue le 24 janvier 2025 au Palais de Carthage avec les membres du gouvernement, sur « l’unité de l’État et la parfaite harmonie qui doit régner entre ses différentes institutions ».

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