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La transition écologique, tout en ouvrant des perspectives pour les secteurs verts, soulève des défis pour les régions dépendant des combustibles fossiles. En Tunisie, qui ambitionne d’augmenter ses capacités en énergies renouvelables de 8 à 35 % d’ici 2030, cette transition pourrait entraîner une réduction de l’emploi dans les régions les plus exposées à la hausse des prix de l’énergie, comme Tunis et Sfax, selon une étude du groupe de la Banque mondiale intitulée Piloter la transition écologique : décarbonation, commerce et marchés du travail dans la région MENA.
L’indice d’exposition des régions tunisiennes aux prix de l’énergie (qui mesure les émissions de CO2 pour un million de dollars de production, pondérées par la part de chaque district dans l’emploi industriel total) révèle une baisse de 0,5 % de l’emploi global. Les hommes sont davantage touchés (réduction de 0,4 %) que les femmes, dont l’emploi n’est pas statistiquement affecté.
Cette disparité entre les sexes s’explique en partie par la répartition des emplois dans les industries à forte intensité de carbone, où les hommes occupent 70 % des postes. Toutefois, les femmes pourraient rencontrer des obstacles à leur insertion dans l’économie verte, étant sous-représentées dans les carrières scientifiques (STIM), cruciales pour cette transition, souligne l’étude.
Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que “la transition écologique n’affecte pas de manière disproportionnée les travailleurs vulnérables” et à ce qu’elle offre des opportunités de reconversion et de requalification pour favoriser une économie verte plus inclusive, précise l’étude, disponible sur le site de la Banque mondiale. Les auteurs recommandent de bien concevoir les mécanismes de tarification du carbone et les politiques environnementales pour concilier durabilité, objectifs économiques et sociaux.
Les résultats de l’étude soulignent l’importance de cibler des politiques pour limiter les pertes d’emplois dans les secteurs à forte intensité de carbone, tout en créant des emplois “verts” dans les industries des énergies renouvelables. À l’échelle mondiale, la concrétisation des efforts de durabilité dans le secteur de l’énergie devrait entraîner une augmentation nette des emplois d’ici 2030, comparé à un statu quo.
Cependant, cette tendance positive sera marquée par d’importantes disparités régionales. Alors que les Amériques, l’Asie et l’Europe devraient voir une création nette d’emplois, le Moyen-Orient et l’Afrique pourraient subir des pertes nettes, respectivement estimées à -0,48 % et -0,04 %, si leurs structures économiques restent inchangées.
Des mesures d’action publique sont donc indispensables pour atténuer ces pertes d’emplois potentielles et limiter les impacts négatifs, selon les auteurs de l’étude.