Accueil Société Exposition «L’Art oasien» à tozeur : Un hommage à la résilience des artisanes face à l’injustice économique

Exposition «L’Art oasien» à tozeur : Un hommage à la résilience des artisanes face à l’injustice économique

Dans le cadre d’une initiative soutenue par l’Union euro-méditerranéenne pour la promotion des droits des femmes, l’Association Karama a inauguré l’exposition «l’art de l’oasis» à Tozeur.

La Presse — Cet événement ne se limitait pas à la simple valorisation de l’artisanat, mais avait pour objectif central de sensibiliser aux formes insidieuses de la violence économique que subissent les femmes et de les dénoncer, en particulier dans les métiers artisanaux et les zones rurales.

Cette violence économique, souvent invisible et sous-estimée, se manifeste par des discriminations structurelles, des inégalités salariales et un accès limité aux marchés pour les femmes, qui peinent à faire reconnaître la valeur de leur travail. L’exposition a ainsi permis de mettre en lumière les œuvres de 25 artisanes talentueuses, spécialisées dans des métiers variés tels que la broderie, le tissage, le crochet et la transformation des feuilles de palmier. Ces femmes ont non seulement partagé leur savoir-faire ancestral, mais ont également saisi l’occasion de commercialiser leurs créations, ouvrant la porte à des opportunités de croissance économique longtemps hors de leur portée.

Cependant, les défis ne manquent pas. La marginalisation géographique et économique des femmes des zones oasiennes constitue un frein majeur à leur émancipation. Nombre d’entre elles n’ont pas accès aux ressources ou aux réseaux commerciaux pour écouler leurs produits, les cantonnant dans un isolement économique frustrant. Leurs créations, aussi belles soient-elles, demeurent souvent confinées aux limites de leurs foyers ou de leurs villages.

Néanmoins, cette exposition a agi comme un levier puissant pour renverser cette dynamique. En réunissant des acteurs économiques, financiers et des acheteurs potentiels, elle a offert aux artisanes une rare opportunité de nouer des contacts, d’établir des partenariats commerciaux, et de se faire connaître au-delà de leur communauté immédiate. Certaines femmes ont pu établir des contrats de vente réguliers, ouvrant ainsi la voie à une intégration plus profonde dans le tissu économique régional.

Il est primordial de rappeler que ces initiatives participent à une lutte bien plus vaste : celle contre une violence systémique, où les femmes sont souvent exclues des circuits commerciaux et peinent à obtenir une rémunération juste pour leur travail. L’exposition a également servi de tribune pour donner la parole à ces femmes, qui ont partagé les obstacles qu’elles rencontrent, allant de la méconnaissance des droits économiques à l’absence de soutien pour développer leur activité.

Dans un contexte où l’égalité des genres reste un combat, ces efforts sont cruciaux pour briser les chaînes de l’injustice économique. En soutenant des projets tels que «L’art oasien», nous faisons un pas vers un avenir où les femmes peuvent pleinement exprimer leur potentiel économique, tout en préservant leur patrimoine culturel et artisanal. Ces femmes artisanes, loin de se laisser submerger par les défis, incarnent une force de résilience et un modèle de courage face aux obstacles. Ainsi, la lutte contre la violence économique doit s’inscrire dans une dynamique plus large de reconnaissance et d’autonomisation des femmes, afin qu’elles puissent prendre leur place, non seulement comme des créatrices de beauté, mais comme des actrices incontournables du développement économique.

 

 

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