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La Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ), présidée par Taïeb Zahar, a décidé d’initier, dans le cadre de la création de l’Académie, une série de rencontres-débats sur l’état des lieux et les problématiques liées à plusieurs secteurs industriels et économiques, animées par des professionnels.
La première rencontre-débat, qui s’est tenue hier à l’hôtel Kyriad Prestige à Tunis, et à laquelle ont pris part le Président de la FTDJ, des directeurs de journaux ainsi que des journalistes, a abordé la situation du marché automobile en Tunisie, ses enjeux, les entraves qui ralentissent sa croissance et les difficultés rencontrées par les concessionnaires automobiles.
Le débat sur ce thème, choisi en raison de l’importance du secteur automobile en Tunisie, a été animé par Ibrahim Dabbech, président de la Chambre nationale des constructeurs et des concessionnaires automobiles, Taïeb Zahar, président de la FTDJ, Hafedh Ghribi, vice-président de la FTDJ, et Hédi Hamdi, chargé de la formation et de la restructuration à la FTDJ, en présence de nombreux journalistes de la presse écrite.
Une étude réalisée en 2018 a mis en exergue l’importance du secteur automobile dans l’économie nationale, a souligné le Président de la Chambre nationale des constructeurs et des concessionnaires automobiles. Pourtant, en dépit de cette importante contribution à la dynamique économique du pays, le secteur automobile en Tunisie est surtaxé et fait face à des entraves qui ralentissent son évolution. En effet, en plus des nombreuses contraintes qui leur sont imposées, relatives, entre autres, aux quotas d’importation et aux prix de vente des voitures populaires, les concessionnaires automobiles font face, aujourd’hui, à la rude concurrence du marché parallèle des voitures FCR ré-immatriculées, qui est en plein essor.
En 2024, bien que les ventes de voitures particulières et utilitaires aient enregistré une légère croissance (+2,37%), le nombre de voitures nouvellement immatriculées a accusé une légère perte de vitesse sur le marché, en comparaison aux années précédentes, face à la progression des ventes des voitures ré-immatriculées, qui commencent à grignoter une part de plus en plus importante sur le marché des voitures, boostée par la suppression de la levée de l’incessibilité des véhicules importés sous le régime FCR depuis le début de l’année 2023 et l’extension des bénéficiaires de ce régime.
Alors que les ventes des nouvelles immatriculations représentaient 77% du nombre total des voitures commercialisées en 2023, elles ont enregistré une baisse de 5% en 2024, tandis que les ventes des voitures ré-immatriculées sont passées de 16.519 véhicules à 22.232, ce qui représente une hausse de 34,6% sur une année.
Afin d’impulser le secteur, la Chambre nationale des constructeurs et des concessionnaires automobiles a soumis une série de recommandations au ministère du Commerce. Préoccupés par le manque de visibilité relatif au nombre de voitures qu’ils peuvent importer pour les prochaines années, fixé par le ministère, alors qu’il s’agit d’une donnée exigée par leurs fournisseurs constructeurs d’automobiles pour lancer la construction du nombre d’automobiles souhaité et établir des contrats de vente, les concessionnaires automobiles préconisent que le ministère du Commerce révise à la hausse le quota d’importation des voitures et fixe des quotas non pas sur six mois ou annuellement, mais sur une période plus longue pouvant aller jusqu’à trois ans, afin qu’ils puissent définir des objectifs précis sur le moyen terme.
“Nous avons un problème de visibilité”, a relevé à ce propos Ibrahim Dabbech. “Nous avons besoin de connaître le quota d’importation, non pas sur six mois ou une année, mais pour les trois prochaines années, afin que nous puissions établir un plan de vente précis avec nos constructeurs”.
Par ailleurs, fixé par le ministère à 46.000 voitures importées en 2024 et 55.000 en 2025, le quota doit être révisé à la hausse afin de pouvoir répondre à une demande croissante, qui est actuellement supérieure au quota d’importation autorisé, sachant qu’il faudrait importer, chaque année, entre 60.000 et 80.000 voitures de tous types confondus pour pouvoir fluidifier et satisfaire les besoins du marché automobile en Tunisie, selon le président de la Chambre.
Quant aux voitures populaires, dont le prix a été plafonné depuis 2024 à 35.000 dinars, les concessionnaires appellent également à un réajustement de ce plafond à 40.000 dinars, afin de pouvoir importer le plus grand nombre de marques étrangères, comme cela se faisait par le passé, pour répondre aux attentes des citoyens intéressés par l’achat d’une voiture populaire, a ajouté Ibrahim Dabbech.
Mettre le cap sur la mobilité électrique et renforcer cette tendance dans les années à venir figure enfin parmi les recommandations les plus importantes soumises par la Chambre nationale des constructeurs et des concessionnaires automobiles au ministère du Commerce, d’autant plus que de plus en plus de citoyens ont manifesté leur volonté de passer à la voiture électrique, notamment hybride, plus sûre et plus respectueuse de l’environnement.