Accueil Sport POINT DE VUE : Foot, argent et pouvoir !

POINT DE VUE : Foot, argent et pouvoir !

Certains tombent souvent dans une erreur monumentale, celle de comparer le football du passé à celui d’aujourd’hui. C’est une fausse et inutile comparaison qui conduit à un inévitable anachronisme. On l’a dit avant et on le répète encore une fois: les footballeurs d’hier et d‘aujourd’hui sont deux mondes différents. Les entraîneurs, les dirigeants, le statut des clubs, les moyens, la perception sociétale du foot ne sont plus les mêmes.

Les années 90 ont marqué une mutation structurelle et «dangereuse» d’un foot spectacle qui se base sur la diversité des genres de joueurs et des écoles vers un foot-business où l’autorité du club a diminué en faveur des joueurs et des supporteurs. Même au niveau des grands pays, le football n’était pas aussi professionnalisé qu’aujourd’hui.

Il y avait un côté «amateur», un côté «humain» dans le football d’hier, mais à partir des années 90, la tentation économique et la rentabilité sont devenues le maître-mot. Les clubs-sociétés gagnent beaucoup plus, la demande sur le marché football a tellement grandi et changé. On veut plus de compétitions, plus de matches pour aller au stade, plus de matches à regarder à la télé et maintenant sur les autres supports (live streaming par exemple). Et toute cette machine à sous fait le bonheur de tout le monde. Les clubs gagnent plus (même s’ils ont des investissements lourds à amortir), les joueurs surtout, les médias, les supports digitaux, la Fifa et ses institutions, les annonceurs et sponsors, les Etats qui organisent les grands événements.

Il y a tellement de rentabilité et de recherche obsessionnelle des gains que ça devient de moins en moins séduisant, tellement il y a des matches et tellement les calendriers sont chargés. Et les dérives et dépassements qui résultent de ce football ultra-business s’intensifient et deviennent une réalité. Dopage, paris illicites, corruption, malversations, copinage, violence, groupes de supporteurs de plus en plus en marge du sport et de la société, incitation raciale, haine… Et tout cela s’accompagne de jeux suspects dans les coulisses. Dans le monde entier, ce football est politisé de loin et de près.

Un sujet pas très pris en considération, mais le poids économique ahurissant du football est lié par un autre poids politique. La concurrence en football entre les nations cache des conflits géopolitiques. Certaines nations usent du football pour se faire une place dans le club des grands du monde (l’exemple du Qatar et sa Coupe du monde 2022). Les tractations qui  se font à la Fifa, la CAF, l’Uefa ne se font pas uniquement pour des raisons économiques. Elle se font via un infernal jeu de pouvoir et de contre-pouvoir. Le foot est devenu une vitrine pour accaparer le pouvoir, pour régner, pour soutenir un régime…

Donc, il est inutile de comparer ce foot d’hier où il y avait diversité, moins de physique, moins de courses et d’argent à celui d’aujourd’hui qui devient une ravageuse et déréglementée industrie qui souffle le chaud et le froid et qui verse dans le virtuel, le standard (pratiquement les vedettes se ressemblent de plus en plus), l’argent et les tentations. Le duel Messi-Ronaldo est une parfaite illustration de cette machination des stars pour des fins de rentabilité. Ce ne sont plus  ces joueurs et stars qui vous donnent cette magique touche technique et ce charisme naturel basé sur le talent et la «rareté», contrairement à cette envahissante abondance d’aujourd’hui qui donne du vertige et qui lasse à la longue. Pelé n’est pas Messi, Maradonna n’est pas Ronaldo, Platini n’est pas Neymar, c’est si différent…

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Charger plus par Rafik EL HERGUEM
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