
Dire que la formation professionnelle se veut un tremplin pour l’emploi n’est pas toujours évident. Cela est dû, surtout, au fait qu’il n’y a pas de suivi post-formation. Et encore moins de sérieux et d’engagement de la part de l’entreprise où l’apprenant a effectué son stage d’apprentissage.
Bien qu’il évolue, au fil du temps, notre dispositif de formation professionnelle n’a pas fait, jusque-là, sa propre révolution qui aurait tracé les contours de son avenir et reconquis la confiance de ses jeunes postulants. Car s’y inscrire n’a jamais été un choix de prédilection, mais une sorte d’issue alternative à l’échec scolaire.
Il y a toujours une réticence !
Tel fut le cas autrefois, du moins quand l’école publique était, bel et bien, un véritable ascenseur social qui pouvait, souvent, mener à bon port, donnant ainsi libre accès au marché du travail. Au fur et à mesure, cette perception qu’on avait eue de la formation s’est améliorée, du fait que la donne économique a aussi changé, cultivant, aujourd’hui, l’initiative privée et un nouveau rapport formation- stagiaire. Toutefois, il y a toujours une certaine réticence à intégrer ce cursus d’apprentissage aux débouchés flous et non garantis, due, en partie, à des préjugés d’ordre personnel, mais aussi à des facteurs liés à la place du secteur sur le marché de l’emploi. En effet, ses diplômés ont du mal à trouver leur compte, malgré les compétences et les soft skills qu’ils ont acquis et qui sont de nature à leur donner des chances d’insertion supplémentaires.
On n’a pas cessé de se targuer d’avoir, toujours, une formation duale, alternant le volet initiatique avec celui pratique, en immersion dans un environnement professionnel censé répondre aux attentes des stagiaires- apprentis et les préparer à la vie active. Cela s’appelle formation par alternance qui a fait l’objet de partenariat public-privé engagé, depuis bien longtemps, entre le centre de formation et l’entreprise concernée. Alors, cette politique de promotion du secteur s’est traduite par la signature de conventions bilatérales, en vertu desquelles les jeunes apprenants ont droit à un stage à durée déterminée au sein de l’entreprise partenaire. A défaut d’encadrement, de tel stage n’aurait abouti à rien.
Et dire que la formation professionnelle se veut un tremplin pour l’emploi n’est pas toujours évident. Cela est dû, surtout, au fait qu’il n’y a pas de suivi post-formation. Et encore moins de sérieux et d’engagement de la part de l’entreprise où l’apprenant a effectué son stage d’apprentissage. D’autant plus qu’il n’existe pas, à la base, de cadre légal régissant ce mode de formation, en vertu de quoi le stagiaire aurait pu conclure un contrat de travail avec l’entreprise partenaire. Alors, pourquoi forme-t-on pour ne pas trouver d’embauche ?
Un paradoxe !
Pourtant, l’Atfp, Agence tunisienne de la formation professionnelle, créée en 1993, s’est, depuis, lancée dans l’extension de son réseau économique, afin d’assurer à ses stagiaires l’opportunité d’accéder au marché du travail. Principal acteur du secteur public, l’Atfp dispose de 136 centres de formation, répartis sur toute la Tunisie, avec à son actif plus de 400 spécialités enseignées dans divers domaines d’activité : artisanat, tourisme, hôtellerie, pâtisserie, mécatronique, électricité, chaud et froid, métiers du bois, travaux publics et bâtiment et la table des matières est longue. Cependant, le besoin de nos compétences qualifiées se fait de plus en plus sentir, alors que le chômage des diplômés de la formation s’amplifie davantage.
C’est là, un paradoxe qui ne se comprend pas et qui défie la logique d’économie de marché basée, par définition, sur l’offre et la demande. Aussi, faut-il que le ministère de tutelle revoie sa copie, dans le sens où il engage des réformes structurelles au niveau tant du fond que de la forme. Cela dit, il importe de restaurer l’image de la formation professionnelle et réactualiser ses programmes pédagogiques et ses partenariats avec l’entreprise. Soit une reconfiguration des rôles des acteurs intervenants dans l’opération d’apprentissage.
Le modèle allemand, un exemple
Sans complexe, le modèle allemand peut être une source d’inspiration et un exemple à suivre. Impliquant stagiaires, employeurs, Etat, patronats et syndicats, la formation duale en Allemagne, — soit 70% en entreprise et 30% dans le centre, avec une durée de 2 à 3 ans — se considère comme un passeport pour une carrière professionnelle. Pour en savoir plus, il est intéressant de donner un aperçu du déroulé de la formation professionnelle dans ce pays développé.
Tout d’abord, ça commence par mieux comprendre ce qu’en attendent les jeunes demandeurs, l’entreprise et l’Etat — représenté par le ministère de tutelle —, compte tenu que ce trio demeure le pivot de l’opération toute entière. Sans pour autant négliger la participation de leurs partenaires sociaux, à savoir les syndicats, chambres et fédérations professionnelles.. Et là, tous concourent à une harmonisation réciproque de leurs objectifs pour relever les défis du marché du travail, en instituant un cadre légal organisant les aspects de cette formation duale.
Du côté du centre de la formation, le programme d’enseignement (contenus et objectifs) doit être orienté vers la qualification professionnelle, nécessaire à l’exercice du métier. Pour l’entreprise, le règlement de l’apprentissage inclut, forcément, les compétences du métier à acquérir par les apprentis. Soit ce que l’entreprise formatrice doit enseigner et ce que les stagiaires- apprentis doivent savoir pour être éligibles au travail. Ainsi, les stagiaires se forgent des profils adaptés aux besoins de l’entreprise, acquérant des qualifications spécialisées leur permettant de postuler à des postes d’emploi. Quant à l’Etat, il finance, supervise et contrôle son dispositif de formation.
Ce modèle de formation, certes réussi en Allemagne, illustre ainsi un partenariat mutuellement bénéfique.
Ainsi se révélait, sous nos cieux, une telle formation par alternance, déjà entamée il y a des années. Mais elle n’a jamais été soumise à l’évaluation pour s’arrêter sur ses forces et ses faiblesses, afin de pouvoir rectifier le tir. Etablir, ici et maintenant, un bilan de parcours semble de mise.