Accueil Economie 57e Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA : Actions stratégiques pour renforcer les échanges intra-africains

57e Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA : Actions stratégiques pour renforcer les échanges intra-africains

La 57e Conférence de la CEA à Addis-Abeba vise à accélérer la mise en œuvre de la Zlecaf pour renforcer l’intégration économique africaine. Car malgré une croissance prévue à 4,1 % en 2026, les défis budgétaires et la dette restent préoccupants.

La cinquante-septième Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (COM 2025), qui se tient du 12 au 18 mars à Addis Abeba (Ethiopie) sous le thème : « Faire progresser la mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine : proposition d’actions stratégiques transformatrices », sera l’occasion d’explorer les stratégies visant à accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) afin de stimuler le développement socioéconomique de l’Afrique.

Cet événement continental se penche sur les questions de la numérisation, la technologie, la sécurité alimentaire et la transformation énergétique.

Ont pris part aux travaux de cette conférence les ministres africains chargés des finances, de la planification et du développement économique et les gouverneurs des banques centrales pour débattre des questions se rapportant au programme de développement du continent et pour évaluer l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord depuis son entrée en vigueur en 2019 et le début des échanges commerciaux dans le cadre des règles de l’Accord en janvier 2021. Les participants examinent les cadres institutionnels, les mesures complémentaires et les initiatives que les pays africains doivent mettre en place afin d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord, tout en veillant à ce que les échanges commerciaux favorisent la marche du continent vers l’industrialisation et la diversification. La conférence est une occasion pour évaluer également les retombées socioéconomiques, énergétiques et climatiques de la mise en œuvre de l’Accord pour les économies et les sociétés africaines et identifier les défis importants, les opportunités et les voies stratégiques que les États parties devront emprunter pour réaliser pleinement le potentiel de l’Accord.

Croissance modérée 

Selon les indicateurs de la CEA, la croissance en Afrique a atteint 2,6% en 2023, mais devrait rebondir à 2,9 % en 2024, puis à 3,8 % en 2025 et à 4,1 % en 2026. La reprise est principalement due à l’augmentation de la consommation privée, alimentée par l’atténuation des pressions inflationnistes. L’amélioration des résultats commerciaux et l’assouplissement progressif des conditions financières mondiales contribuent également à la croissance.

Dans les économies à forte intensité de ressources, la croissance devrait être modérée en raison du fléchissement des prix des produits de base en réponse à l’amélioration des conditions d’approvisionnement — principalement pour l’énergie et les produits alimentaires — malgré la montée des tensions géopolitiques. La croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique devrait dépasser celle du PIB mondial, qui devrait se stabiliser à environ 2,8 % entre 2024 et 2026, principalement à la faveur de la baisse des taux d’inflation liée à l’assouplissement monétaire. «Une meilleure mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zlecaf, combinée à des politiques industrielles bien conçues, peut contribuer à améliorer la compétitivité, notamment grâce à des gains de productivité favorisés par la technologie et à un renforcement des compétences», précise la CEA.

Amélioration de l’exécution budgétaire en 2025

Confrontés à des défis budgétaires importants qui sont apparus au plus fort de la pandémie de Covid-19, les pays africains se sont efforcés de concilier les niveaux élevés de leur dette publique, la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation des besoins en matière de dépenses publiques. 

Leur marge de manœuvre budgétaire reste très limitée en raison de l’augmentation des niveaux d’endettement, de la hausse des taux d’intérêt, du renforcement du dollar et de la faiblesse de la croissance économique mondiale. Par conséquent, « la plupart des gouvernements devraient resserrer leur politique budgétaire afin de réduire leur déficit budgétaire et le fardeau de leur dette publique ». Le déficit budgétaire des pays africains devrait revenir aux niveaux prépandémiques en 2025 ou 2026, les pays rétablissant progressivement leur situation budgétaire en réduisant leurs dépenses et en mettant en œuvre des stratégies visant à accroître leurs recettes intérieures. C’est ainsi qu’il devrait baisser de 5 % du PIB en 2024 à 4,4 % en 2025 et à 3,9 % en 2026. L’Afrique du Nord est la seule sous-région d’Afrique où le déficit budgétaire moyen par pays devrait se creuser en 2025, passant de 4,1 % à 7,6 % du PIB. «Cette détérioration est imputable à l’insuffisance des recettes fiscales et à l’augmentation des remboursements de la dette».  Les remboursements importants de la dette effectués par les pays africains devraient diminuer en 2025, après avoir atteint un pic en 2024, mais les difficultés de financement actuelles obligent les pays à réduire les dépenses publiques essentielles et à réorienter leurs ressources vers le service de la dette. Les coûts du service de la dette de l’Afrique en 2024 ont été estimés à 163 milliards de dollars, soit une augmentation d’environ 12 % par rapport à l’année précédente. Ces coûts devraient diminuer en 2025, mais ils resteront supérieurs aux niveaux prépandémiques à court et à moyen terme.

Les vulnérabilités restent importantes, certains pays étant confrontés à des taux d’intérêt élevés, à la volatilité des finances publiques, à l’accumulation d’arriérés et à l’impact prolongé des chocs extérieurs. Selon les estimations, l’Afrique du Nord est la sous-région où le ratio dette/PIB est le plus élevé en 2024, soit 76 %.Les exportations totales vers les pays extérieurs à l’Afrique continuent d’être dominées par les produits de base, en particulier les combustibles. En revanche, les principales exportations intra-africaines sont les biens manufacturés, suivis par les produits alimentaires. Les faits montrent que la Zlecaf peut sensiblement réduire la dépendance de l’Afrique à l’égard des matières premières, car elle devrait transformer les économies africaines et diversifier leurs sources d’exportation. 

Pour y parvenir, « les pays doivent renforcer la transformation structurelle de leur économie en se détournant des produits primaires, dont ils sont dépendants, et en s’orientant vers l’industrie manufacturière, la technologie et les services modernes ». La mise en œuvre accélérée de l’Accord portant création de la Zlecaf devrait stimuler de manière significative le commerce en Afrique et permettre au continent de se repositionner dans le paysage du commerce mondial.

Effets de la mise en œuvre du Zlecaf

La mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zlecaf favorisera une intensification du commerce intra-africain, ce qui, à son tour, peut stimuler la croissance et réduire la volatilité, en plus de diminuer la vulnérabilité des économies africaines aux chocs mondiaux. 

Selon les données, la Zlecaf pourrait stimuler le commerce intra-africain d’environ 45 % d’ici 2045, les principaux bénéficiaires étant les exportateurs de produits manufacturés, tels que les produits agroalimentaires, les produits pharmaceutiques, les produits chimiques et les pièces automobiles, ainsi que les secteurs du tourisme et des services de santé. Au-delà de la promotion du commerce et de l’investissement, l’Accord portant création de la Zlecaf pourrait renforcer la sécurité alimentaire et contribuer à des approvisionnements alimentaires plus stables et plus accessibles sur l’ensemble du continent. L’Accord pourrait transformer les systèmes alimentaires en réduisant les barrières commerciales et les droits de douane entre les pays africains, ce qui favoriserait la circulation transfrontalière des denrées alimentaires. 

Selon des estimations récentes, la mise en œuvre de l’Accord permettrait d’accroître les échanges intra-africains de produits agroalimentaires d’environ 60 % d’ici à 2045, les augmentations les plus importantes concernant le lait et les produits laitiers, les produits alimentaires transformés, les céréales… L’Accord peut, également, approfondir l’intégration régionale et contribuer à une plus grande convergence entre les pays africains, facilitant ainsi le passage à une union monétaire en Afrique. Une monnaie commune stimulerait le commerce intra-africain en réduisant les coûts de transaction, en éliminant les fluctuations des taux de change et en ouvrant la voie à un marché unique. Compte tenu de l’intérêt politique qu’il a suscité parmi les dirigeants et les partenaires de développement, l’Accord peut jouer un rôle essentiel dans les efforts que l’Afrique déploie pour relever les défis liés non seulement au commerce, mais aussi à la politique industrielle. Bien que l’Afrique produise moins de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle est touchée de manière disproportionnée par les changements climatiques et est la région la moins bien équipée pour en atténuer les effets négatifs. Les conséquences économiques des changements climatiques en Afrique sont particulièrement lourdes, et les risques qui y sont associés pourraient compromettre des décennies de développement, exacerbant la pauvreté et les inégalités. Le coût économique des catastrophes liées au climat en Afrique est déjà considérable. 

La charge financière annuelle de ces catastrophes est estimée entre 7 et 15 milliards de dollars et devrait atteindre 50 milliards de dollars d’ici 2030. La Zone de libre-échange continentale africaine étant la plus grande zone de libre-échange régionale au monde par le nombre de ses membres, sa population et son étendue géographique, l’Accord pourrait, en cas de réussite, avoir une incidence considérable sur le commerce et la croissance à l’échelle mondiale. La Commission économique pour l’Afrique estime que la mise en œuvre intégrale de l’Accord permettrait de stimuler le commerce formel intra-africain à hauteur de 276 milliards de dollars d’ici à 2045, principalement dans les secteurs de l’agroalimentaire et de l’industrie manufacturière. 

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