Accueil A la une Renforcer les investissements étrangers pour juguler le déficit commercial en Tunisie, selon Mohsen Hassan

Renforcer les investissements étrangers pour juguler le déficit commercial en Tunisie, selon Mohsen Hassan

L’économiste Mohsen Hassan a mis en lumière les défis majeurs auxquels la Tunisie est confrontée, en particulier en ce qui concerne le déficit commercial et énergétique du pays. Selon lui, les politiques actuelles visant à contrôler les produits de consommation non essentiels pour l’économie se révèlent inefficaces. Il souligne que pour réduire le déficit commercial, il est indispensable de s’attaquer au secteur énergétique.

Dans une interview accordée à l’agence TAP, Hassan a précisé que bien que certaines importations, notamment les produits de première nécessité, ne puissent être réduites, il existe toutefois une marge pour limiter les importations de produits non essentiels. “Les politiques gouvernementales doivent impérativement s’adapter aux réalités économiques actuelles pour alléger la pression sur la balance commerciale”, a-t-il affirmé.

Une hausse inquiétante des importations

Les chiffres révèlent une situation préoccupante : les importations de la Tunisie ont augmenté de 10 % au cours des deux premiers mois de l’année 2025 par rapport à la même période en 2024. Parallèlement, les exportations ont enregistré un recul. Les importations en provenance de l’Union européenne ont crû de 16 %, tandis que celles en provenance de Chine ont bondi de 70,9 %.

L’économiste insiste sur le fait que la solution ne réside pas dans la réduction des importations, car des partenaires stratégiques comme la Chine sont essentiels pour l’économie tunisienne. “Il est crucial de soutenir les exportations tunisiennes vers ces pays, tout en encourageant les investissements turcs et russes en Tunisie, afin de mieux contrôler les effets sur la balance des paiements”, a-t-il précisé.

Une autre dimension du défi réside dans le secteur énergétique, que Hassan juge en grave déclin depuis les choix opérés par l’État tunisien dans les années 2010-2011. Il appelle à un redressement urgent de ce secteur en vue de soutenir la transition énergétique et d’atteindre l’objectif de 35 % d’énergies renouvelables. “La situation actuelle est critique, avec un déficit énergétique qui représente plus de 50 % du déficit commercial”, a-t-il alerté.

Hassan recommande de favoriser le retour des entreprises internationales en Tunisie et de renforcer les efforts en matière de transition énergétique, tout en mettant l’accent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et la production d’énergies propres.

Exportations en baisse, mais des signes d’espoir

Les exportations tunisiennes ont enregistré une baisse de 4,4 % à fin février 2025, comparé à l’année précédente, creusant ainsi le déficit commercial à 3 517,9 millions de dinars, soit une augmentation de 98 % par rapport à 2024. Le secteur énergétique a particulièrement souffert, avec une baisse de 5,1 % des exportations d’énergie.

Outre l’énergie, les exportations des industries alimentaires ont chuté de 16,5 %, notamment en raison de la baisse des prix mondiaux de l’huile d’olive. Hassan critique l’inefficacité des politiques nationales de valorisation des produits et de soutien au secteur privé, soulignant que le gouvernement a tardé à intervenir pour soutenir les efforts du secteur privé dans la commercialisation des produits.

Cependant, des indicateurs positifs apparaissent dans les importations de matériel de production, qui ont augmenté de 12,5 %, ainsi que dans les importations de produits manufacturés et semi-manufacturés, en hausse de 11,9 %. “Ces chiffres montrent des signes d’une reprise de la demande économique, ce qui pourrait augurer d’une reprise de la croissance”, a conclu Hassan.

Face à cette situation, l’économiste recommande que la Tunisie élargisse ses partenariats commerciaux, notamment avec les pays du sud du Sahara et les pays arabes voisins. Il cite notamment la Libye, avec une hausse des exportations de 51,6 % vers ce pays, et appelle à la création de nouvelles lignes maritimes pour faciliter les échanges commerciaux, en particulier via les ports de Zarzis et Sfax.

La stratégie devrait également inclure un soutien renforcé aux exportations agricoles, tout en réfléchissant à des solutions innovantes pour mieux exploiter les ressources naturelles et répondre à la demande régionale.

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