
La plupart des citoyens considèrent la protection de la santé comme une priorité absolue et pensent que tout le monde doit avoir les mêmes chances de conserver et de recouvrer sa santé. Or, dans un gouvernorat comme celui de Kairouan, ce but n’est pas totalement atteint car les 136 centres de soins de santé de base, l’hôpital Ibn-El Jazzar construit en 1900 avec son unité chirurgicale «Les Aghlabides» entrée en service en 1997, souffrent de beaucoup d’insuffisances au niveau des équipements, des praticiens et des spécialistes.
Ainsi, les services rendus quotidiennement n’arrivent pas à répondre aux attentes des citoyens dont beaucoup se trouvent obligés d’aller se faire soigner dans les établissements hospitaliers des villes côtières, beaucoup plus modernes sur tous les plans.
En outre, l’hôpital Ibn-El Jazzar connaît une grande affluence provenant de toutes les délégations de Kairouan, mais aussi de certaines délégations d’autres gouvernorats, à l’exemple de Mahdia (Souassi, Aouled Chamekh, Hbira), de Zaghouan (Ennadhour), de Gafsa et de Kasserine.
Et les patients trop nombreux (à titre d’exemple, le service des urgences de l’hôpital Ibn-El Jazzar reçoit 200 malades par jour en consultations d’urgence), en état de détresse, trouvent qu’il y a trop de laisser-aller, d’indifférence et de maltraitance. D’ailleurs, on assiste souvent à des scènes de violences verbales et physiques et de mauvaise organisation.
Mme Sélima J., cadre paramédical, comprend le désarroi et l’agressivité de certains patients : «Ce genre de comportement de violence est dû au fait que les rendez-vous qu’on fixe aux patients devant faire un scanner ou une IRM varient de 2 à 8 mois d’attente, ce qui représente un grand risque pour leur santé. D’ailleurs, beaucoup de patients ont trouvé la mort avant ces rendez-vous trop lointains…».
Dr Lotfi D. renchérit : «Les malades issus du milieu rural manquent de suivi et de médicaments. Résultat : ils reviennent à l’hôpital avec de nouvelle complications. C’est pourquoi il serait préférable de créer dans les dispensaires et dans les hôpitaux de circonscription un service de contrôle, de suivi et de sensibilisation afin que le malade ait une certaine éducation sur le plan de l’hygiène médicale.
L’autre problème concerne les malades nécessiteux qui ne peuvent pas payer leur séjour à l’hôpital et restent là plusieurs jours, tout en occupant des lits dont on a besoin pour d’autres patients…».
Par ailleurs, la plupart des centres de santé de base ne reçoivent les malades que deux fois par semaine lors des uniques présences d’un médecin de la santé publique. Le reste de la semaine, seul un infirmier contrôle le taux de glycémie et la tension artérielle et prodigue quelques soins aux blessés légers. Le reste des après-midi et la nuit, ils sont tous fermés et beaucoup de villageois se trouvent obligés, en cas d’accident, de forte fièvre ou de piqûre de scorpion, de louer des camionnettes pour leur transfert vers les hôpitaux locaux.
De plus, l’unité chirurgicale «Les Aghlabides», située à plus de 3 km de l’hôpital Ibn-El Jazzar, ne dispose pas d’un scanner. Or la plupart des accidentés nécessitent des examens approfondis et les chirurgiens demandent leur transfert à l’hôpital Ibn-El Jazzar pour y subir un scanner, avant leur retour au service de chirurgie.
Evidemment, cela fait perdre beaucoup de temps et des accidentés ont perdu la vie en cours de route à cause d’une hémorragie interne ou d’autres complications non décelées.
Beaucoup de nouveaux projets ont redonné de l’espoir aux Kairouanais
Certes, le tableau que nous venons de dresser est peu reluisant, mais les choses commencent à bouger et de nouveaux acquis sont à saluer, surtout depuis la nomination de M. Mustapha Ferjani, ministre de la Santé, qui travaille quotidiennement en symbiose avec le Président de la République, Kaïs Saïed, qui considère la santé des citoyens comme une priorité absolue.
D’abord, on n’oubliera jamais le 1er novembre 2024 où il y a eu le coup d’envoi des préparatifs préliminaires en prélude au démarrage des travaux de réalisation de l’hôpital universitaire Roi Salmane-Ibn Abdelaziz qui devraient durer 36 mois. Le CHU, dont la subvention initiale était de 85 millions de dollars et dont le coût actualisé s’élève désormais à 144 millions de dollars, s’étendra sur une superficie de 14,5 hectares et aura une capacité de 500 lits.
Puis vint la date du 22 février 2025 au cours de l’entretien avec le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, le Chef de l’Etat a souligné que les travaux de réalisation de la Cité médicale les Aghlabides à Kairouan démarreront prochainement et qu’elle sera dotée d’un hôpital, d’une faculté de médecine et d’établissements d’enseignement, de logements pour le personnel médical et paramédical, un bureau de poste, une agence de la Cnam (Voir La Presse du 25 février 2025).
De nouveau équipements d’une valeur de 1,5 million de dinars
Le 8 janvier 2025, l’hôpital Ibn-El Jazzar et l’hôpital local de Bouhajla ont été dotés d’équipement médicaux modernes et de pointe d’une valeur totale de 1,5 million de dinars. Il s’agit notamment de cinq échographes, d’un appareil de mammographie de dernière génération et d’un électrogramme.
Une deuxième section pédiatrique au CHU Ibn-El Jazzar
Autre bonne nouvelle pour le secteur de la santé à Kairouan, à savoir l’inauguration, le 11 février 2025, de la deuxième section du service de pédiatrie à l’hôpital Ibn-El Jazzar et ce, pour un coût de 700 mille dinars.
Il va sans dire que ce nouvel acquis pour tout le gouvernorat permettra d’alléger la pression sur le premier département du service inauguré en 2018 et comptant 50 lits. Quant à la capacité d’accueil de la deuxième section, elle est de 22 lits, ce qui permettra d’augmenter à plus de 70 lits de potentiel de prise en charge du service pédiatrique.
Notons que cette deuxième section a été équipée d’installations très modernes comprenant des lits de réanimation, des équipements de respiration médicale artificielle et une aire de jeux pour enfants.
En outre, le service sera renforcé dans la prochaine période par un appareil de radiographie mobile afin de permettre au personnel médical et paramédical d’exercer dans de meilleures conditions.
En outre, le service des urgences de l’hôpital Ibn-El Jazzar a été doté, le 24 février 2025, de nouveaux équipements permettant une meilleure prise en charge des patients en état d’urgence absolue.
Un hôpital de type B à Haffouz
Enfin, un hôpital de type B sera construit à Haffouz d’une capacité d’accueil de 105 lits répartis sur différents services. Les travaux devraient démarrer au mois d’avril prochain…
Rappelons dans ce contexte qu’un contrat pour la construction de quatre hôpitaux régionaux de type B dans les villes de Haffouz, Ghardimaou Jelma et Makhtar a été signé le 17 mars, à Tunis, par le ministère de l’Équipement et de l’Habitat et le promoteur qui a remporté l’appel d’offres et qui est reconnu pour son expertise et sa compétence en matière de réalisation de grands projets.
Moyennant un coût estimé à 358,7 millions de dinars, ce projet est cofinancé conjointement par la Tunisie et le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (Kaed).