
En attirant des investissements plus ciblés et en dynamisant ses exportations, le pays pourrait non seulement renforcer sa compétitivité, mais aussi redonner confiance aux acteurs économiques, tant nationaux qu’internationaux
Le Président Kaïs Saïd a souligné à maintes reprises que la multiplicité des représentations tunisiennes à l’étranger, combinée à leur faible impact, nuit aux objectifs stratégiques du pays. La diplomatie économique tunisienne souffre, en effet, d’une prolifération de structures aux missions parfois redondantes.
Plusieurs organismes sont censés promouvoir les exportations, attirer les investissements et positionner la Tunisie comme un hub économique régional. Or, cette dispersion entraîne souvent un manque d’efficacité et une dépense excessive des ressources publiques. De ce fait, une telle tendance impose une révision en profondeur des stratégies de développement économique du pays.
Face au déficit commercial, l’urgence d’une réforme
Selon les chiffres récents, le déficit commercial tunisien a dépassé les 3,5 milliards de dinars à fin février 2025. Cette situation résulte d’une baisse des exportations de 4,4%, tandis que les importations ont progressé de 10%. L’expert économique et ancien ministre du Commerce Mohsen Hassan souligne, dans ce contexte, la nécessité de moderniser les mécanismes d’intervention, notamment en affinant les stratégies de ciblage des marchés extérieurs. Cette approche vise à rationaliser les dépenses engagées par les institutions telles que le Cepex et à maximiser leur impact.
Face à l’aggravation du déficit commercial, la Tunisie est donc appelée à repenser sa diplomatie économique. M. Hassan plaide pour la création d’un poste de «consul économique» au sein des ambassades afin de mieux représenter les intérêts du pays à l’international. Une telle initiative permettrait de soutenir les investissements, dynamiser les exportations et limiter le recours à l’endettement extérieur. «Il est temps de revoir la diplomatie économique de la Tunisie afin qu’elle puisse mieux servir nos intérêts commerciaux et stratégiques», a-t-il indiqué.
Optimiser les moyens et moderniser les interventions
Le consul économique devra ainsi représenter l’ensemble des secteurs d’activité tunisiens à l’étranger, avec une attention particulière pour le tourisme et l’industrie. Le profil de ce haut fonctionnaire stratégique devra allier de solides compétences économiques, une maîtrise des langues, un excellent réseau et une parfaite connaissance des enjeux nationaux et internationaux. D’autres pays ont su tirer parti de la diplomatie économique pour renforcer leur présence à l’international. Par exemple, l’Allemagne et la Corée du Sud ont mis en place des réseaux de diplomates spécialisés dans la promotion des exportations et l’attraction des investissements, avec un impact significatif sur leur balance commerciale. De même, le Maroc a adopté une approche proactive en envoyant des délégations économiques ciblées pour renforcer ses liens avec les marchés stratégiques d’Afrique subsaharienne. Ces stratégies pourraient servir d’inspiration à la Tunisie pour repenser son approche et améliorer son intégration économique mondiale.
Une telle initiative offrirait au pays l’opportunité d’occuper une position de choix sur l’échiquier économique mondial. En attirant des investissements plus ciblés et en dynamisant ses exportations, la Tunisie pourrait non seulement renforcer sa compétitivité, mais aussi redonner confiance aux acteurs économiques, tant nationaux qu’internationaux. Cette approche, à la fois pragmatique et ambitieuse, s’inscrirait dans une vision de long terme visant à surmonter les défis actuels et à inscrire la Tunisie dans une dynamique de croissance durable.
Un pari sur l’avenir
Ne pouvant plus se contenter d’observer passivement les mutations économiques mondiales, la Tunisie doit agir, se positionner stratégiquement et transformer ses faiblesses en opportunités. Mettre en place une diplomatie économique performante, adossée à une politique globale cohérente et portée par un réseau dynamique de consuls économiques, c’est garantir l’exploitation optimale de chaque marché potentiel, s’assurer que chaque opportunité d’investissement est saisie et que chaque entreprise tunisienne bénéficie d’un soutien adapté pour s’imposer à l’international.
Cette réforme n’est plus une option, mais une exigence absolue. Face à une compétition économique implacable, notre pays doit défendre ses intérêts avec rigueur et efficacité, aussi bien sur la scène nationale qu’internationale. C’est en bâtissant une vision claire, portée par des réformes structurelles audacieuses et une diplomatie économique proactive, que la Tunisie pourra retrouver le chemin de la croissance et affirmer son rôle sur la scène internationale. Il revient désormais aux décideurs d’avoir le courage d’engager les transformations essentielles pour bâtir l’avenir économique que la Tunisie mérite.