
En dépit de tous les efforts, nous n’avons pas encore résolu le problème du transport des ouvriers agricoles. Nous avons malheureusement enregistré un nouveau drame. Il y a de nouvelles victimes.
Cela prouve, si besoin est, qu’il ne suffit pas que nous mettions en place des lois ou des réglementations pour encadrer cette activité, ou que nous multipliions les rondes sur les routes, nous en aurons encore, pour des raisons bien faciles à comprendre. Il ne s’agit en fait pas simplement de lois, mais bien d’une simple prise de conscience qui, actuellement, fait défaut.
Il nous semble que pour ce métier de transporteur, tous ceux qui héritent d’un véhicule pouvant servir pour ce genre d’activité se lancent. Parce qu’ils ont un permis de conduire. Ce permis peut dater de dix ans. Dix ans qu’ils n’ont pas conduit un véhicule. Cela ne démonte nullement ces candidats transporteurs. Pensez aux exigences que l’on impose pour le transport en commun et imaginez ce que le législateur a prévu pour limiter les risques.
Cela ne compte pas. Le chauffeur qui a repris le volant après des années d’inactivité, celui qui a veillé jusqu’à l’aube, celui qui essaie de faire vite pour effectuer un deuxième voyage ou qui a programmé une autre activité, etc., se rencontrent pour transporter ces futures victimes. Les conséquences ne se font pas attendre.
Ces chauffards prennent le risque, parce que personne ne les a pris en main pour leur expliquer que le transport de personnes n’a rien à voir avec la prise en charge de quelques têtes de moutons à livrer à l’abattoir du coin. Et qu’en cas d’accident ils risquent très gros.
Et encore. Les éleveurs, conscients qu’il y a toujours des risques, assurent leurs cargaisons de bétail et veillent à ce que le conducteur soit assez expérimenté pour ne pas écloper une des bêtes.
Bien entendu, d’autres raisons pourraient être à la base de ces regrettables accidents qui ont déjà endeuillé bien des familles.
Une toute proche banlieue de Tunis, une rue qui est légèrement en pente. Un microbus qui ressemble à ceux qui sont utilisés par les taxis collectifs. Celui qui semble être le conducteur du véhicule entasse les sacs à dos que des gamins et gamines lui remettent. D’autres enfants, sac sur le dos, grimpent directement dans le microbus. Ils devaient être entre quinze ou vingt, assis là où ils pouvaient le faire.
A notre connaissance, pour ce genre de transport chacun doit avoir «sa» place. Ce n’était pas le cas.
Où allait-il? Il fallait le suivre. La curiosité dit-on est un vilain défaut. Qu’à cela ne tienne. Ces enfants, on allait bien les déposer quelque part. Sans doute dans ces lieux où on garde les enfants, parce que les parents travaillent, puis on se charge de les déposer à leurs écoles à l’heure des cours.
Pour confirmer cette constatation, un autre véhicule, plus petit, déversait d’autres élèves devant la même école.
Autant dire tout de suite qu’il y avait infraction. Et si on n’en a pas entendu parler jusqu’à présent, c’est peut-être parce qu’on n’a pas encore enregistré de drames.
Mais dit-on, tant que va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Il faudrait sans doute que l’on rappelle que le transport d’enfants de leurs garderies vers leurs écoles doit se faire par des moyens de transport assurés pour les risques éventuels d’abord et effectué par des personnes ayant de l’expérience ensuite.
Nous voyons des microbus portant, bien visibles, les noms des établissements auxquels ils appartiennent. Ces véhicules dépendent sans doute des établissements concernés, mais… transportent un nombre plus élevés que celui des sièges disponibles. A qui appartiennent les autres microbus qui font le travail sans que soit notifié le nom de l’établissement ? Quels liens unissent ces véhicules et les établissements qui les utilisent ? Est-ce que c’est permis ? La réponse est en possession de ceux qui sont chargés d’appliquer la loi.
Ce deuxième exemple confirme que dans tous les cas de figure, ces transports de personnes semblent figurer parmi les activités auxquelles on pourrait s’adonner sans se compliquer la tâche.
Alors qu’elles sont en liaison directe avec la vie ou l’avenir des personnes transportées. Et c’est la raison pour laquelle il ne suffit pas d’édicter des lois, il faudrait aussi qu’on se charge de les expliquer, de convaincre et de les appliquer avec rigueur.