Accueil A la une BOLT : Les utilisateurs tunisiens aussi devraient être sanctionnés par les autorités, pas seulement les chauffeurs, selon Mohamed Ali Arfaoui

BOLT : Les utilisateurs tunisiens aussi devraient être sanctionnés par les autorités, pas seulement les chauffeurs, selon Mohamed Ali Arfaoui

Depuis quelque temps, le secteur du transport en Tunisie, à l’instar de nombreux autres pays, traverse une phase de transition marquée par l’essor des technologies numériques et l’absence de régulations adaptées.

Selon Houssem Saad, membre de l’association Alert, les enjeux soulevés par l’entreprise BOLT, une société estonienne présente à l’échelle mondiale et qui propose une alternative aux taxis traditionnels, sont multiples. Lors de son passage ce mardi 25 mars 2025 sur les ondes d’Express Fm, Saad a souligné que, contrairement à d’autres nations, la Tunisie n’a pas encore instauré de législation spécifique pour encadrer ce secteur en pleine croissance, ce qui crée une situation d’incertitude pour les acteurs du marché.

“Plusieurs pays avaient créé des lois et des règlements pour protéger à la fois les travailleurs et les clients dans le cadre des services de transport numérique. Cependant, la Tunisie est restée à la traîne, avec un cadre législatif obsolète qui n’a pas évolué pour s’adapter aux transformations numériques mondiales”, a-t-il expliqué, tout en ajoutant que la législation tunisienne ne répond pas aux nouvelles exigences du marché, notamment dans les secteurs des services électroniques.

Dans ce même cadre, Saad a précisé que BOLT a été lancée par une entreprise de services médiatiques, profitant de la situation en Tunisie, où le secteur du taxi est dominé par des syndicats et des fédérations. Cela a permis à BOLT de se positionner dans un secteur autrefois réservé aux taxis traditionnels, créant ainsi un modèle alternatif. En revanche, des entreprises tunisiennes, comme Intigo, ont démarré leurs activités de manière légale, contrairement à BOLT, qui opère sans autorisation formelle.

L’importance d’une régulation équilibrée

Face à cette situation, Saad a évoqué l’importance de réguler ce secteur pour éviter les dérives et garantir une concurrence loyale. Il a rappelé que les taxis traditionnels, soumis à une licence, sont pris dans un système souvent jugé lucratif, avec des prix élevés pour les clients. “Cette situation a été exacerbée par l’augmentation des tarifs des taxis utilisant les applications mobiles, qui ont multiplié par quatre les tarifs habituels tout en diminuant la qualité du service… À cet égard, la solution passe par une révision de la législation et la mise en place de règles claires et transparentes, pour garantir l’équité dans le secteur et protéger les droits des consommateurs et des travailleurs”, a-t-il encore précisé.

Un avis partagé par Mohamed Ali Arfaoui, secrétaire général adjoint de l’Union tunisienne des taxis, qui a souligné l’incontournabilité des applications mobiles dans le secteur du transport. Arfaoui a déclaré que les applications intelligentes sont devenues essentielles pour la compétitivité du marché et qu’en supprimer l’utilisation en Tunisie nuirait directement aux clients. Selon lui, bien que certaines entreprises de transport opérant sans autorisation aient perturbé le marché, les applications intelligentes sont incontournables pour moderniser le secteur.

Arfaoui a également souligné que, malgré la présence de 17 000 taxis à Tunis, environ 5 000 à 6 000 taxis utilisent des applications mobiles pour améliorer leurs revenus. De plus, certains taxis opérant sous des applications non autorisées ont été suspendus par les autorités, créant ainsi une incertitude dans le secteur.

Ce dernier a en outre insisté sur le fait que l’accusation de responsabilité ne doit pas incomber uniquement aux chauffeurs de taxi, mais aussi aux citoyens qui utilisent ces services. “Le citoyen ne devrait pas se sentir obligé de recourir à ces applications, notamment face à la hausse des tarifs. Il a la possibilité de choisir d’autres moyens de transport”, a-t-il indiqué.

 

Réformes nécessaires pour un secteur équilibré

 

Les deux intervenants ont mis en lumière la nécessité de réformes dans le secteur des taxis. Selon Saad, il est crucial d’adapter les législations pour réguler l’utilisation des applications mobiles et garantir un service de qualité tout en protégeant les droits des chauffeurs et des passagers. Il a insisté sur le fait que le cadre législatif actuel est inadapté à l’évolution du marché et qu’il faut urgemment une législation plus souple et réactive face aux nouvelles réalités économiques.

Arfaoui, quant à lui, a fait valoir qu’il était indispensable de maintenir les applications intelligentes tout en mettant en place un tarif réglementé pour éviter les abus. Il a proposé que l’État adopte des mesures de régulation pour encadrer l’utilisation des applications tout en garantissant des conditions de travail équitables pour les chauffeurs.

Ainsi, les experts s’accordent à dire que des réformes législatives sont cruciales pour que le secteur du transport en Tunisie puisse se moderniser tout en garantissant la justice sociale

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