
Au cours des dernières années, la situation des petites et moyennes entreprises a significativement régressé. Des efforts soutenus sont nécessaires pour assurer le financement et l’accompagnement stratégique de ces entreprises.
En dépit des difficultés rencontrées dues, notamment, à la bureaucratie, au climat économique contraignant et aux différentes contraintes du marché local et international, les PME tunisiennes sont devenues un acteur et un interlocuteur essentiel dans le paysage économique national. Leur contribution à la mise en place d’une nouvelle économie nationale compétitive est vivement sollicitée par les pouvoirs publics.
Dans le contexte actuel, il est évident de donner une importance particulière aux PME afin d’atteindre les objectifs stratégiques de l’Etat et réussir la transition économique à laquelle aspire la Tunisie et apporter des solutions concrètes aux problèmes existants comme le chômage. Il reste, en effet, beaucoup à faire pour rendre la PME compétitive sur le plan quantitatif et qualitatif et mieux adaptée aux facteurs endogènes et exogènes. Selon Céline Moyroud, représentante Résidente du Programme des Nations Unies pour le Développement en Tunisie, « les PME, qui représentent plus de 80 % du tissu économique, se heurtent encore à des obstacles importants en matière d’accès au crédit.
On note, en effet, 41.4 % de refus pour les prêts bancaires à long terme, et 35 % des demandes auprès des investisseurs n’aboutissent pas. Face à cette réalité, les canaux financiers traditionnels ne suffisent plus, et il est essentiel d’accompagner les PME sur le chemin de la durabilité afin de leur faciliter l’accès aux investissements ».
Perception du climat des affaires
D’après la 7e édition de l’enquête « Miqyes » sur la santé des Petites et Moyennes Entreprises, réalisée par la Conect, en collaboration avec l’institut de sondage « ONE TO ONE » et le « Pnud », la situation des PME s’est stabilisée au cours de l’année 2023 : seulement 31.1 % ont vu leur chiffre d’affaires régresser contre 43.9 % en 2022, et ce, malgré une décélération de la croissance en 2023. Les PME tunisiennes sont plutôt à capital tunisien (89 %). Mais lorsqu’elles sont mixtes, la participation étrangère est plutôt majoritaire. Le caractère familial est aussi très dominant, 73,4 % des PME étant des entreprises familiales.
Selon les indicateurs du baromètre « Miqyes », seulement 12 % des PME sont totalement exportatrices. La majorité des PME exportatrices sont dans le secteur de l’industrie (56 %) et des services (28 %). Les PME opérant dans le secteur de la pêche et de l’agriculture sont essentiellement locales.
L’UE constitue la destination principale de nos PME exportatrices, suivie de l’Afrique du Nord. Ces exportations se font par des PME dont le siège se situe dans les régions côtières autour des grands centres portuaires. Les régions de l’intérieur et le Sud présentent le niveau de partenariat le plus faible.
Accès aux financements
Globalement, les PME tunisiennes continuent à considérer que l’accès aux financements est assez difficile. A l’exception du leasing qui demeure la source de financement la plus accessible, soit pour 55.4 % des PME.
Et ce sont les PME installées dans les régions intérieures qui sont les plus contraintes financièrement notamment celles de la région du Nord et du Centre-Ouest. Les PME jeunes et les entreprises de petite taille rencontrent plus de difficultés que les entreprises plus matures en termes d’accès aux crédits bancaires. « Il semble que c’est le chiffre d’affaires qui constitue le facteur déterminant pour l’accès aux crédits (longue relation avec la banque, plus de transparence, une meilleure rentabilité) », fait ressortir l’enquête.
Les investisseurs, eux, ont une meilleure appétence pour les entreprises jeunes (notamment les startup et les nouvelles activités). Il semble aussi que « l’appui des actionnaires est plus fort dans les grandes entreprises, à forte capitalisation ».
Les entreprises qui exportent ont tendance à vouloir investir plus dans le futur comparativement aux PME locales. Les PME dans l’industrie comptent investir plus que les autres secteurs en 2025. De même, les PME des régions du Nord, du Centre-Ouest et du Sud sont celles qui comptent investir le plus en 2025 en nouvelles activités.
C’est dire que la complexité administrative, la réglementation fiscale sont des enjeux majeurs pour les PME tunisiennes. D’après l’enquête, le manque de compétences est aussi un défi majeur pour une PME sur quatre. Les PME font toujours appel à une réduction des impôts, à la simplification des procédures administratives et à une amélioration de l’accès au financement.