
Oui, effectivement, ce triste drame que nous avons tous vécu à la suite du décès de trois jeunes à Mezzouna, ensevelis sous un mur qui leur est tombé dessus, a incroyablement aiguillonné les responsables qui donnent l’impression de s’être réveillés d’une profonde torpeur collective.
Dans presque toutes les villes de Tunisie, un peu partout pour faire court, on s’est rappelé qu’il y a quelque part un mur, une bâtisse qui menace de s’écrouler !
De toutes les manières, pourquoi s’en étonner lorsque l’on sait qu’en ce qui concerne les écoles, ces établissements qui ont été construits au lendemain de l’indépendance, elles ont rarement bénéficié d’un entretien digne de ce nom. Et comme cette question d’entretien est une de nos faiblesses, dans tous les domaines et secteurs, il faudrait se rendre à l’évidence. Nos infrastructures sont vouées à une vie plus courte, par la faute de cette absence de programmation au niveau des ravalements et des interventions ciblés, programmés régulièrement, à l’ordre du jour de leurs gérants respectifs.
Les bulldozers sont donc immédiatement entrés en action.
Sans ce drame, ces responsables auraient-ils eu le même empressement?
Difficile de l’affirmer, lorsque pour détruire un simple mur, on doit faire face à de longues et fastidieuses formalités administratives, que l’on est dans l’obligation de s’adonner au parcour du combattant à un rythme si lent, que les dossiers ont tout leur temps de se perdre dans les couloirs qui relient les sièges des multiples commissions. Les formalités, les commissions qui se renvoient les dossiers, les plaintes et contre-plaintes, les réunions à n’en plus finir, le passage assez fréquent au-devant des cours de justice, les oppositions, etc.
Pendant ce temps, le chrono tourne. La menace devient de plus en plus sérieuse. Les saisons se succèdent et le mur ou le bâtiment qui penche ou se fissure davantage est toujours là. Il y a même ceux qui viennent se mettre à son ombre pour s’abriter du soleil ou qui exposent leurs marchandises à la vente !
Une menace? Personne n’y pense, parce que les lourdeurs administratives sont les plus fortes. On n’y peut rien. Y déroger, serait s’exposer au courroux de ceux qui sont plus inquiets des conséquences administratives que de la perte d’une vie humaine. Et une fois que le drame éclate au visage de ceux qui ont cru bien faire en respectant à la lettre la réglementation en vigueur, on se mettra à la recherche du coupable.
Dans ce cas que faire ?
Doit-on mobiliser un bulldozer et s’empresser de détruire (en fait c’est facile) ou attendre la «décision» ?
De toutes les manières, nul n’aurait l’idée d’enfreindre les lois et réglementations en vigueur. Mais, et il y a un mais qui s’impose. Lorsqu’il y a menace, danger, situation exceptionnelle, tout devient urgent et vital. Une urgence qu’impose le danger qui guette. Un mur, une bâtisse qui menace de s’écrouler, c’est autrement plus important qu’un kiosque qui occupe indûment un trottoir ou une chaussée. Cette «campagne» qui s’est déclenchée au lendemain de ce drame ne devrait en aucun cas être une réaction dictée par cette situation exceptionnelle.
Sans pour autant tomber dans un jusqu-au-boutisme de mauvais aloi, il faudrait faire la part des choses et agir pour éviter une répétition de ces drames qui nous attristent et que personne ne souhaite.
Cela tient tout simplement à la mise en place de procédures simples et rapides. Et surtout à éviter ces sentiers battus par une administration tatillonne, fébrile, inefficace.
Combien de fois a-t-on recommandé d’alléger les procédures administratives ? On attend.